Un article dans The Times of India du 17 octobre indique que des violences ont eu lieu à Calcutta : la destruction de la maison d'un commerçant spécialisé dans la vente des rations. Celui-ci est accusé de vendre les rations sur le marché normal au lieu de les distribuer aux porteurs de cartes. Et dans bien d'autres lieux de l'Inde s'élèvent des violences contre ceux qui profitent des pauvres pour s'enrichir personnellement.
Le gouvernement indien donne gratuitement des cartes aux plus pauvres (en-dessous du seuil de pauvreté c'est-à-dire ceux qui vivent avec au maximum un euro par jour et un seul repas par jour) afin qu'ils puissent avoir du riz, de la farine et du sucre quasiment gratuitement (2 roupies le kilo) tous les mois pour survivre. Ces cartes passent par l'intermédiaire de fonctionnaires pas toujours honnêtes, (on pourrait même dire certains corrompus jusqu'à la moelle) qui, soit revendent ces stocks au prix normal, soit font payer les cartes de rations. Les femmes du groupe 1 m'ont dit que le fonctionnaire de leur village leur demandait 500 roupies pour acheter cette carte gratuite. Comment payer une telle somme quand on gagne de 15 à 50 roupies maximum par jour ? Et de fait, ne pouvant avoir ces cartes, elles ne peuvent pas manger correctement avec leur famille et deviennent encore plus pauvres.
Avec l'expérience de la marche et les contacts pris, je pense qu'elles sauront, au retour, s'organiser et lutter de façon non-violente pour faire valoir leurs droits. Personne ne les aident, elles ne savent ni lire ni écrire, et la chaine de corruption est longue...
Mais je vais leur dire le résultat d'une lutte dans un village du sud où les pauvres avaient été privés de rations pendant plusieurs mois : les distributeurs de rations ont dû payer 1 000 roupies à chaque porteur de carte et doivent leur donner du riz gratuitement pendant les 6 prochains mois. Si cela pouvait faire jurisprudence ! Ce sont ces femmes, qui tiennent la banderole et qui se font bénir à l'entrée d'un village qui m'ont raconté ce problème de carte de rations. Elles travaillent sur les routes, ou dans la maçonnerie ou encore ramassent de l'herbe et les récoltes. Elles se font souvent battre par le propriétaire des terres (sur la question des femmes battues voir le blog de Béatrice au 14 octobre), ne peuvent envoyer leurs enfants à l'école pourtant gratuite car l'instituteur leur demande 15 roupies par mois ! Et elles se font du souci pour leurs plus grands enfants, laissés seuls au village. Elles ont toutes en moyenne 4 ou 5 enfants vivants et 2 ou 3 qui sont morts en bas-âge. Elles connaissent les moyens de contraception mais ne peuvent s'acheter la pilule ou se faire opérer, faute d'argent.
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