jeudi 29 novembre 2007

Polo pleure

Notre petit Polo aurait bien aimé faire la méharée promise à Jaisalmer, la belle cité au milieu des sables du désert du Thar. Mais notre voyage a été interrompu. Mon père a terminé son voyage sur cette terre et nous devons revenir en France dans les plus brefs délais.

"Ce jour qui se tenait entre toi et moi nous fait son dernier signe d'adieu.
La nuit étend un voile sur son visage et cache la seule lampe qui brûlait dans ma chambre.
Ton sombre serviteur est entré sans bruit ; il étend le tapis nuptial pour que tu viennes y prendre place, seul avec moi dans le calme silence du monde, jusqu'à ce que la nuit s'achève."
Rabindranath Tagore, la corbeille de fruits

Mariage à Jodhpur

Pour donner une petite idée des lieux : en noir : la grande marche de Janadesh, de Gwalior à Delhi, 330 km, en kaki : notre tour au Rajasthan : Delhi-Jaipur-Pushkar-Jodhpur. En prévision : Jaisalmer et Udaipur, puis retour sur Delhi et le nord.
Arrivés à Jodhpur dimanche chez mon amie Jayant. Elle m'a dit : tu viens loger chez moi, pas de problème ! Chez elle cela veut dire aussi : son fils de 21 ans, sa belle-mère dont elle s'occupe quotidiennement, le frère cadet de son défunt mari avec sa femme et ses 2 filles, et de temps en temps la soeur de son mari. Ce qu'on appelle en Inde une joined family. La maison est vaste mais en Inde la notion d'intimité n'existe pas. Chacun se sent chez lui partout...
Le soir, toute la famille se prépare à partir à un grand mariage traditionnel et Jayant est ravie de pouvoir nous présenter à ses amies. Deux occidentaux, cela permet de raconter des tas de nouvelles choses... car même s'il y a environ un millier d'invités presque tout le monde se connait. C'est un mariage "arrangé" comme 80 % des mariages indiens. On respecte ainsi la structure des castes, sous-castes et sous-sous-castes ! Il y a bien sûr différents types d'arrangements : depuis celui où les mariés se découvrent le jour des noces et où personne n'a demandé leur avis, jusqu'au mariage quasiment d'amour, que les familles ont favorisé.Dans ce mariage, les traditions de castes (rajpoutes) sont respectées, les parents des deux époux se connaissaient bien (bonne société, universitaires) et les deux intéressés n'ont pas l'air accablés par le choix de leurs parents, même si la mariée, pendant la cérémonie est censée être triste de quitter sa famille. Le brahmane, (prêtre hindou) venu pour orchestrer la cérémonie et dire aux époux leurs droits et leurs devoirs, ne peut s'empêcher de faire des bons mots et toute l'assemblée rit... et pas de complexe, quand son téléphone mobile sonne au beau milieu de la cérémonie, il fait un pas en arrière et discute tranquillement avec l'interlocuteur !
Dans l'assemblée, beaucoup de couleurs, surtout du rouge couleur du mariage. De nombreuses femmes en profitent pour remettre leur sari de cérémonie et tous leurs beaux bijoux. La mariée est couverte d'or et de pierres précieuses (elle en porte entre 20 et 30 mille euros oui ! pas des roupies, des euros) sur elle !

samedi 24 novembre 2007

Pleine lune à Pushkar

Ce week-end est on ne peut plus bénéfique pour prendre un bain dans le lac sacré de Pushkar ou faire ses dévotions dans un des quatre cents temples de ce petit village ! C'est la pleine lune, Kartik Purnima, et une foule plus que dense a envahi les escaliers des bords du lac.Avec la fin de la foire, des milliers de personnes se pressent de partout, on est bousculé, serré de près, aussi par les pickpockets (mais il y en a un qui a passé un mauvais quart d'heure avec Gilbert qui l'a pris en flagrant délit !), les femmes viennent en foule des villages environnants car si elles viennent prendre un bain, c'est valable aussi pour leur mari et leur famille ! Tous les péchés sont remis et elles font gagner quelques centaines d'années de réincarnation !

vendredi 23 novembre 2007

Le turban


et les mille et une manières de tourner un bout de tissu qui fait de 5 à 22 mètres, selon la région, le village, la caste.

Polo heureux !

Polo est content, il a eu un peu peur au début car il se sentait bien petit... Il a trouvé que son compère avait bien de beaux bijoux !
Il a fait bien des envieux sur cette foire et j'aurais pu le donner cent fois...

Jai Mataji

Le départ... et la vue à l'arrivée avec sur la gauche la colline et le temple de Gayatri.

Sommeil léger dû au vacarme de la nuit, au tumulte provoqués par les chants et les danses rajasthanis jusqu'à des heures "indues", donc mise à profit d'un réveil matinal pour faire nos dévotions au temple de Savitri cette fois. Départ : 504 m, arrivée : 695 m, 100 m de plus d'escaliers que pour Gayatri hier. Précisions grâce au GPS de Gilbert ! Un monde fou ! Chacun, venant à la foire en profite pour faire le pélerinage. Les vieilles mamies rajasthanies finissent à quatre pattes mais arrivent au sommet aidées par le mantra "jai mataji" !

La foire continue à battre son plein côté boutiques, mais de nombreuses caravanes de dromadaires enrubannés ont déjà repris le chemin du retour.
Demain, dernier jour de festivités, remise des prix, dernière traite des chamelles, derniers concerts...
Quelques images de cette foire incroyablement foisonnante de couleurs, de bruits, d'animaux magnifiques.


jeudi 22 novembre 2007

grimpette au temple de Gayatri

Ce matin, plein d'ardeur, nous montons sur la petite colline toute proche de notre hôtel, faire nos dévotions à Gayatri, une femme du dieu Brahma, la seconde, Savitri ayant son temple sur une plus grande colline encore, juste à l'opposé. Belle vue sur le champ de foire et le terrain aux chameaux ainsi que sur tout le village.

Arrivée à Pushkar, Rajasthan

Photo : l'ambiance hier soir sur le champ de foire au coucher du soleil.
Du 18 au 24 novembre (pour la pleine lune) a lieu la grande foire de Pushkar, aux portes du désert du Thar, au Rajasthan. C'est l'occasion d'une extraordinaire foire aux chameaux et aux chevaux, de nombreux tournois et courses (chameaux et chevaux), de jeux comme la course des porteuses d'eau et la présence d'un bazar digne des Mille et Une nuits.... Bijoux clinquants à souhait ou délicats bracelets de cheville en argent, harnais à pompons, tapis de selle brodés, fourches à foin, et tous les éléments pour embellir les chameaux sont là. Une grande fête foraine avec des grandes roues, le "mur de la mort" (avec une moto), des bateaux balançoires comme à la vogue lyonnaise du cours de Verdun à Lyon, où j'allais faire un tour à la sortie du lycée... (souvenirs, souvenirs...)
Bref c'est un spectacle étonnant que de voir tous ces villageois du Rajasthan, les turbans multicolores subtilement enroulés autour de la tête, regarder, se promener avec femmes et enfants, boire un thé dans les échoppes sous tente ou accroupis autour d'un petit feu, fumer le chillum ou une simple cigarette.

mardi 20 novembre 2007

Des éléphants de partout...

L'éléphant, comme le dromadaire, est un élément important de la vie au Rajasthan et est donc pris comme modèle pour les décorations que ce soit en sculpture sur les temples, en dessin dans les miniatures ou sur les tissus. Et les petits de la frise ont ici un air particulièrement sympathiques !
...mais pas forcément roses, bien que parfois dans les rues de Jaipur, on peut se demander si on ne rêve pas...

L'envers du décor

Nous sommes allés de l'autre côté de la facade du Palais des Vents, grimper les escaliers pour faire comme les femmes du harem autrefois, et regarder la vie grouillante de l'avenue en-dessous.
La vue est superbe lorsqu'on se retourne, sur le Jantar Mantar (observatoire astronomique) et le City Palace, le palais du maharajah où flotte son drapeau, signifiant sa présence dans les lieux.
Jaipur, la ville rose, est aussi la capitale de la taille des pierres précieuses et de la bijouterie. J'ai pu voir chez un bijoutier des blocs d'argent pur (photo). On peut aussi regarder leurs stocks de bagues fabuleuses avec d'énormes pierres de quartz fumé, de citrine ou d'améthyste, les parures de rubis ou d'émeraudes, bref de quoi rêver aux fortunes des maharajahs, après avoir compris ce que peut etre une vie de pauvre. Monde des extrêmes...

lundi 19 novembre 2007

Jaipur, ville rose

Nous avons quitté la pollution intense de Delhi, nous revoyons enfin un ciel bleu et un soleil présent autrement que palôt derrière une grosse couche de gris. Plaisir de monter dans un train qui part à l'heure et où l'on vous offre avec le billet de train, le journal du jour, un litre d'eau minérale, le thé et les biscuits et une heure plus tard un petit déjeuner consistant avec de nouveau du thé ! Le billet est cher mais il y a bien des avantages ! (Le prix des billets de train en Inde varie en fonction de la catégorie du train, sa rapidité, son confort... Celui que nous avons pris, de Delhi à Jaipur s'appelle "Ajmer Shatabdi Express" et est l'un des plus chers, mais en plus des services, il est certain qu'il parte et arrive à l'heure !)
Nous voici à Jaipur, la capitale du Rajasthan, 5 millions d'habitants. La première visite a été, bien sûr, à l'observatoire astronomique où Gilbert s'est régalé avec les azimuts, les calculs de planètes et ces merveilleux instruments gigantesques pour repérer les étoiles il y a des siècles.
Puis plaisir de retrouver le grand fort d'Amber, l'ancienne capitale, tout en travaux, d'ici quelques mois, cela sera bien beau ! Photo : le fort d'Amber vu de la colline au-dessus.
Et le palais des vents, tout repeint tout beau pour Diwali, que je retrouve avec plaisir. Il domine la rue de toutes ses fenêtres, qui ne sont que des décorations qui servaient aux femmes du palais tout proche à observer le spectacle de la rue sans être vues.

La vie de l'Inde au fil des rails

Une certaine Inde et pas celle que nous avons connue en août dernier, s'étend et se faufile tout au long des voies ferrées indiennes.
Dans les longues banlieues de la capitale, de petits bidonvilles s'étirent le long du ballast, certains d'une pauvreté immonde au milieu des ordures, les toits, en films de plastique noir accrochés à quelques piquets, sont gonflés par la brise matinale. Les habitants sont là pour les ordures, vivent par elles, au milieu d'elles. Tout est trié, entassé dans d'immenses sacs de toile blanche qui attendent au soleil d'être embarqués (mais où ?).D'autres font plus "riches", on voit des murs de terre et même de briques qui délimitent de petits enclos privés. Des fenêtres du train, je peux voir le grand-père sur son lit de cordes, les femmes qui préparent la bouilloire de thé.
D'autres encore, profitent des piliers d'un autopont pour être à l'abri, et du soleil et de la pluie.
Tout au long de la voie ferrée, au plus près des villes, s'entassent donc les pauvres et les ordures. Les premiers se trouvant souvent confondus avec les secondes. Manque de place, manque d'eau, promiscuité, insécurité, faim, non reconnaissance, comment font-ils pour survivre ? Qu'est-ce qui les animent ?
Un peu plus loin, un petit carré de terrain avec des petites filles en bleu assises sur des petits bouts de tissu et qui travaillent si sagement. L'image de ma classe avec les ordinateurs à écran plat et certains élèves, blasés et désabusés qui cherchent le radiateur ou le chahut s'affiche dans ma mémoire comme un réflexe. Ils devraient venir ici, juste quinze jours, pour aider ces petits à faire leurs devoirs d'anglais !! Leur vie en serait certainement bouleversée.
Plus loin encore de minuscules maisons, huttes le long de marigots transformés en marégoûts. Eau stagnante polluée, insectes, maladies, encore un beau lot, et pas de consolation, pour ces populations. Et les petits culs nus courrent, les plus grands pédalent sur de vieux biclous, les femmes portent l'eau sur la tête.
Puis viennent des lieux plus naturels, parfois arides, parfois luxuriants et impénétrables. De temps à autres, une petite gare, quelques mendiants scotchés près du point d'eau, le petit vendeur de sodas et de biscuits s'il y a suffisamment de voyageurs.
Et la vie, partout, même aux passages à niveau les plus reculés, un tracteur, deux vélos, attendent que la barrière s'ouvre.
Une des nombreuses vies de l'Inde est là, le long de la voie ferrée, celle qu'on ne peut percevoir qu'en prenant le train.
Et quand il n'y a pas trop de monde, le voyage en train n'est-il pas confortable ??

vendredi 16 novembre 2007

Le train...

La salle d'attente sur le quai à Bénarès :
Nous avons pris le train de Bénarès à Delhi, départ prévu à 20 heures. Arrivée du train sur le quai de la gare à une heure du matin.... Et on se plaint que la SNCF ne donne pas d'explications pour un quart d'heure de retard ? En plus pas de numéros sur les wagons pour savoir où sont nos couchettes. Le peuple indien est un peuple patient... et pas qu'Indien, des touristes attendaient le leur depuis 17 heures et ne savaient même plus quel jour ils étaient !

Pour avoir un peu de plaisir esthétique, nous sommes allés à la National Gallery of Modern Art à Delhi cet après-midi. Le jardin tout autour est plein de statues diverses et de styles bien différents. A l'intérieur seul un étage ouvert, le reste en travaux, mais de belles aquarelles et des dessins de Tagore.

Bénarès : Naj Katiya

Grande fête de Krishna, une des incarnations de Vishnou le 14 novembre sur Assi Ghat quasiment devant notre hôtel. Une foule multicolore venait de toute la ville, même le maharajah de Bénarès était présent, pour voir un plongeur, représentant Krishna, un dieu du panthéon hindou, se jeter dans le Gange et remonter un gros cobra multi-têtes... Cinq minutes de spectacle et la fête toute la soirée, avec les vendeurs de cacahuètes grillées, les barbes à papa rose fuschia, les pétards et les ballons.Il a fallu ensuite retirer le cobra de l'eau avec beaucoup d'efforts !

mardi 13 novembre 2007

Bénarès : l'association DEVA

Aujourd'hui rencontre avec le Dr Tulsi et Jean-Max Tassel qui ont créé Deva International Society for Child Care et Deva Europe. Pour l'Inde, le Dr Tulsi et son équipe d'une cinquantaine de personnes mènent à Bénarès et aux alentours, sept projets dans le domaine du psychologique, du médical, de l'éducation et du social. Ce sont des actions qui concernent plus de cinq cents personnes.
Nous avons passé du temps à la pré-école "Gangotri" pour les enfants des rues, des enfants de rickshaws. La classe est de 30 enfants maximum et ils doivent venir régulièrement à l'école pendant six mois pour montrer leur détermination avant de recevoir leur uniforme et leurs livres et cahiers. Le programme consiste en 3 points : d'abord leur donner confiance en eux et qu'ils soient fiers de ce qu'ils sont, puis un programme concernant les habitudes d'éducation et d'hygiène, et un programme concernant le quotidien pour se débrouiller dans la vie, le fonctionnement de la société, des administrations, leurs droits. Ils apprennent en même temps à lire et à écrire, à chanter et s'exprimer avec les autres. Les meilleurs élèves peuvent ensuite intégrer une autre classe qui leur permettra de faire des études supérieures s'ils le désirent, grâce à un programme de parrainage (Children Educational Program). Chaque élève devenu adulte avec un métier s'engage à parrainer lui aussi un enfant.
Demain, nous irons avec eux les accompagner dans leur sortie annuelle, à Sarnath, à 10 km de Bénarès, le lieu du 1er sermon du Bouddha à ses disciples, un joli lieu dans la nature.
Nous sommes allés ensuite au centre de rééducation et d'éveil pour enfants handicapés mentaux. Le Dr Tulsi a été le premier à créer un centre de ce type dans l'état d'Uttar Pradesh.
Les autres acivités du centre sont : une clinique de soins pour les lépreux, un centre pour jeunes filles et femmes qui leur permet de se retrouver hors de leur famille ou belle-famille. Elles y discutent de tout, apprennent la couture ou la broderie, ce qui peut leur procurer une petite autonomie financière, et une femme gynécologue vient une fois par mois pour les informer.

Bien sûr, il est facile de les aider car les besoins sont grands... le plus utile est le don régulier, même minime mais sur lequel on peut compter avec certitude ! Mieux vaut 5 ou 10 euros par mois qu'une grosse somme de temps en temps et qui ne permet pas un suivi à long terme.
Si vous êtes intéressés par ces actions, si vous voulez recevoir la lettre semestrielle d'informations, contactez JM Tassel par e-mail :
jmtassel@club-internet.fr, et /ou Deva Europe, 30 rue Didot, 75014 Paris, tel 06.07.73.69.88
Merci !