Louis etait avec nous dans la marche de Janadesh et a fait un petit "détour" pour aller en Orissa voir sur le terrain les problèmes qui s'y posent. Voici le message qu'il nous a transmis par mail :
Il faut que nous agissions d'une façon ou d'une autre, chacun à notre manière. Si vous lisez jusqu'au bout, vous risquez de vous engager... alors écrivez à Louis...
Escapade en Orissa.
Pour illustrer nos propos sur Janadesh, une petite équipe s’est rendue en Orissa. Les commentaires sur l’Orissa étaient clairs : un des Etats les plus pauvres de l’Inde.
J’y ai vu un pays d’une beauté incroyable, d’une luxuriante végétation. Notre hôtesse, Sita Devi, participante à la marche et venue nous accompagner, déclare que l’on meurt encore de faim en Orissa.
« Mais comment peut-on mourir de faim dans une telle profusion de fruits, de rizières, de cultures diverses, de jungles… »
30 pour cent de la population possède l’ensemble, et dans la même proportion 30 % sont lettrés, donc 70 % analphabètes.
Ici, le BJP, parti nationaliste hindou et fondamentaliste règne sans partage. C’est la corruption qui fait loi. Rajagopal parle, lui, de mafia généralisée. Toute la pyramide sociale est paralysée par la corruption. Il ne fait pas bon être en bas de la pyramide et en bas, il y a beaucoup de monde.
Des multinationales sont venues s’y installer. De la bauxite à portée de main, une des plus grande étendue au monde de ce minerai. Vedanta Aluminates, Mittal Arcelor et d’autres sont sur les rangs pour exploiter les filons. Problème : il y a des tribaux qui habitent là.
Ah ! Ces gueux, illettrés, inutiles, incompétents… Il suffit de les chasser, qu’ils aillent mourir au plus vite dans les bidons-villes…
Mais voilà, la résistance s’organise, des associations fédérées par Ekta Parishad entreprennent des actions non-violentes. Des villages entiers jeûnent tour à tour pendant une semaine pour attirer l’attention des autorités sur la réalité de ce qu’on leur fait subir. Ailleurs aussi les maoïstes créent des forces de résistance armée.
Récemment les autorités ont accepté de donner des terres pour construire une maison aux habitants déplacés d’une dizaine de villages. Environ 400 m2 chacun. Mais pas question de donner davantage, il n’est pas pensable de leur donner des terres agricoles, cela pourrait compromettre l’équilibre social. Les uns possèdent, les autres leur assurent la prospérité par un travail quasi bénévole, il n’y a pas de raison pour que ça change puisque ça marche très bien.
Cela illustre d’une manière évidente l’entente entre les gouvernants, la grande finance et les multinationales qui méprisent une population tribale, vivant sur ces terres depuis des millénaires, colonisée, rejetée, traitée d’incapable et d’ignorante, invitée à disparaître.
Notre équipe (deux allemands, une canadienne, nous deux) a visité les tribus, nous les avons questionnés avec notre hôtesse. Ils sont employés pour 50 roupies par jour (moins d’un euro) comme ouvriers agricoles, main-d’œuvre aux mines, les enfants ne vont pas à l’école, sauf exception et de manière très irrégulière. Il ne peut y avoir d’avenir différent parce que toute autre initiative est vouée à l’échec. Ce sont des esclaves, disons les choses clairement et c’est insupportable.
Les gouvernants locaux ne feront rien, au contraire, les tribaux sont analphabètes et toute initiative fortement limitée. Il y a ceux qui croient à la révolution et s’arment, ils sont voués à disparaître ou à rentrer dans l’illusion de la violence.
Le pire serait de justifier notre impuissance…
(Voir le projet de l’association Shanti en Orissa à la suite de ce texte).
Un film (de Louis Campana, réalisation François Verlet) est en cours de montage qui relatera cette marche vue sous l’angle gandhien de la force libératrice de la Non-Violence.
Association Shanti, 37 rue de la Concorde,11000 Carcassonne, France.
Vidéalys, rue du Barry, 11310 Villemagne, France.
louis-camp@wanadoo.fr f.verlet@club-internet.fr
Projet au profit des tribaux d’Orissa (Inde).
Dans le village de Kucheijore vit une tribu. 200 à 250 personnes. Le village est en limite de jungle. Les uns ont construit une maison, ce sont les plus âgés. Maison en torchis avec un toit en tuiles locales. Tout est propre. La bouse des vaches mélangée à la terre sert de glacis sur le sol à l’intérieur et à l’extérieur. Les saletés et déchets de toute sorte n’ont pas encore souillé l’immédiat environnement. Dans chaque enclos, un buffle ou une vache sous un abri. Quelques plantes potagères poussent le long des balustrades en bambou. J’y ai repéré des concombres, des courges, des haricots grimpants, des papayes, les goyaves presque partout.
Nous sommes conviés à une réunion du village avec notre hôtesse Sita Devi, membre d’Ekta Parishad. Ils sont fiers de nous montrer les actes de propriété que vingt couples viennent d’obtenir. Nous prenons même le temps de situer les lots à quelque distance du village. Trois jeunes couples sont là, actes en main, heureux. Ils n’ont pas le moindre sou pour acheter les matériaux pour commencer les travaux, c’est-à-dire ce qui est nécessaire pour construire le toit qui permettra ensuite de monter les murs en bambou et un mélange de terre et de bouse. Pour l’instant, je demande où ils vivent. Sous un arbre m’est-il répondu.
Je regarde ces trois jeunes couples. Ils commencent à m’obséder. Je fais le constat de mon impuissance. Je suis venu en avion, puis en train, puis en 4X4. Je participe depuis le 02.10.07 à la marche du Janadesh, le verdict du peuple. J’ai vu l’énorme usine moderne qu’une multinationale a construite sur des centaines d’hectares pour l’exploitation de la bauxite.
J’ai constaté le gâchis social, environnemental causé par celle-ci, je soupçonne les gouvernants de cet Etat de s’en moquer : vive le développement économique qui leur permettra d’être un peu plus riches et puissants. Les tribaux ne récolteront que les problèmes.
Je craque, je promets, avec l’association Shanti qui produit des films sur la non-violence et dont je suis le président, de payer en janvier 2008 la somme nécessaire pour construire les trois toits des jeunes couples. 500 euros seront mis à leur disposition et remis à l’association Jana Sahajya dont s’occupe Sita Devi.
Mais nous ne nous arrêterons pas là.
Voici, après en avoir parler avec presque toutes les personnes d’Occident présents sur Janadesh, ce que je propose :
La prise en charge en vue d’un développement en autonomie de dix villages proches de celui-ci.
Six actions :
1- La récolte de l’argent nécessaire pour la construction des toits à ceux qui ont reçu une terre. (150 euros par toit). Environ 200 toits.
2- Un programme d’alphabétisation des 500 enfants des dix villages selon la philosophie gandhienne et en lien avec des Instituts gandhiens. Pour chaque enfant, 5 euros par mois sur dix ans (si possible).
3- A plus long terme, le rachat des terres agricoles pour la souveraineté alimentaire des villages.
4- Une interrogation : pourquoi ces tribaux, vivant ici depuis des millénaires ne peuvent être propriétaires de leurs terres ? En 1947, à l’indépendance l’Etat indien décide unilatéralement que toute la terre appartient à l’Etat. Les Indiens sortent du colonialisme, s’en libèrent et à leur tour colonisent les tribaux et en font des êtres dépendants et sans droit. D’où, me semble-t-il la nécessité de création d’une équipe juridique propre à soulever ces questions.
5- Recherche de jumelage ou parrainage d’un village tribal par des communes de France, d’Allemagne ou du Canada. Recherche de fonds auprès des Conseils Généraux, Fondations etc…
6- Enfin, et ce sera le plus difficile, la motivation des tribaux à poursuivre par la non-violence la revendication de leurs droits. L’assurance qu’ils donneront la priorité à l’éducation gandhienne de leurs enfants (en lien avec les Instituts d’Etudes gandhiennes). L’investissement dans le dialogue avec les autorités pour acquérir leur autonomie. Le refus d’être dévalorisés.
Une association nouvelle est créée, dénommée « Shanti Orissa et Burkina » dont les
statuts sont ci-après. Que toute personne qui se sent concernée participe à cette association :
Soit en adhérant à l’association en tant que membre actif ou bienfaiteur et en posant sa candidature pour le conseil d’administration et le bureau.
Soit en recherchant des donateurs pour les toits (150 euros par toit), ou pour le programme d’alphabétisation (5 euros par mois, si possible sur 10 ans, une scolarité entièrement prise en charge). 5 euros représentent un paquet de cigarette, ou une place de cinéma, ou 400 grammes de steak. Personne ne peut dire qu’il grève son budget. Premier programme pour les 500 enfants des dix villages.
Soit en proposant ses services pour des déplacements, des rencontres avec les autorités locales en Inde ou les communes en France ou dans sa région pour les jumelages.
Voici le nom des différents villages :
Kucheijore, Dhurukuti, Tentulipadar, Nagjhari, Kokarjhola, Tikirapada, Basanta Para, Bada Dharpur, Sapa Dohani, Ratul.
Nom et adresse de l’association avec laquelle nous allons travailler :
Jana Sahajya, Kucheijore, Santpur, via Narla (Bhawanipatna) 766001 Orissa India.
Adresse-mail janasahajya_kld@rediffmail.com
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