lundi 1 décembre 2014

Visite de la fabrique de chocolat Valrhona


Et oui, j'ai abandonné l'écriture sur mon blog qui me prenait trop de temps et surtout trop de temps sur mon sommeil la plupart du temps, surtout en voyage ! Mais là, c'est exceptionnel ! avant les vacances de Noël, c'était l'occasion de vous faire partager ma visite à la fabrique de chocolat VALRHONA

12 Avenue du Président Roosevelt
26600 Tain-l'Hermitage

Il y a même un arrêt de bus devant le magasin !
le "derrière" de l'usine
la cité du chocolat Valrhona (photo du site)
Un premier décembre, aller visiter une fabrique de chocolats, n’est-ce pas tenter le diable ? Et bien oui ! Mais en même temps que la tentation il y a eu autre chose d’important : la formation… à quoi ? pour apprendre à déguster le chocolat ! C’est exactement comme le vin, on peut boire sans trop connaitre, le chocolat on peut aussi en manger des tablettes sans réellement prendre conscience de ses arômes, de sa texture, de ses saveurs, ses parfums ! Bien sûr, cela veut dire aussi que comme le vin, on n’achète plus de Kiravi pour se mettre aux grands crus, mais en boire peu, et pour le chocolat, on se met aussi à choisir de grands crus, avec des noms de domaines, oui, oui… et là, ce n’est plus la tablette qu’on mange mais le carré qu’on déguste avec attention, gourmandise, plaisir, délectation !

Dans la partie visite découverte, les distributeurs de chocolat en libre-service !
Le diable y est caché !
D’abord nous avons vu l’histoire du cacao, la plante, comment on obtient cette pâte qui me fait tant saliver… Donc merci aux panneaux explicatifs que je reproduis ci-dessous :

 « Le cacaoyer produit chaque année sur son tronc et ses branches des milliers de fleurs minuscules regroupées en coussinets floraux. Seule une fleur sur mille donne naissance à un jeune fruit, appelé chérelle. Il prend le nom de cabosse trois ou quatre mois plus tard. (5 à 7 mois)
cacaoyer  et ses cabosses, "in situ" au Kerala
Une cabosse ne tombe pas à terre lorsqu’elle mûre. Le cueilleur utilise alors la machette ou le sécateur pour détacher les fruits les plus accessibles et la gaffe pour atteindre les plus hautes cabosses. Un cueilleur agile peut ainsi récolter jusqu’à 1500 fruits par jour. (1 jour)
L’écabossage : le gourdin plus précis est préféré à la machette pour ouvrir le fruit délicat. Les fèves, enveloppées dans une pulpe blanche, le mucilage, sont ensuite extraites à la main. (1 jour).

La cabosse et ses fèves
 La fermentation : les fèves et le mucilage sont placés dans de grandes caisses en bois, puis sont recouvertes de feuilles de bananier par exemple. La pulpe, acide et sucrée, se transforme alors en alcool sous l’action de levures puis en acide sous l’action de bactéries provenant de l’air. C’est l’ensemble de ces transformations externes qui sont naître les précurseurs d’arômes au cœur des fèves de cacao (5 à 7 jours).
Lors de la fermentation le mucilage est déstructuré et liquéfié, sa composition est modifiée. Il se transforme en alcool, s’assèche et se désagrège. Restent alors les fèves qui prennent leur couleur brune si caractéristique. Une odeur chaude, alcoolisée et aigre, souvent entêtante, accompagne ces bouleversements biologiques. Pourtant c’est bien à cette étape que se développent les précurseurs d’arômes. Les arômes seront révélés à la chocolaterie et donneront son goût au chocolat.
Le séchage : les fèves contiennent encore 60 % d’humidité. Rien de mieux qu’un séjour en plein soleil pour les assécher définitivement. Remuées régulièrement tout au long du séchage, elles sont ensuite calibrées et triées avant d’être mises en sac. Les fèves sont alors prêtes à partir pour la chocolaterie. Il aura fallu dix cabosses pour produire environ trois cents fèves sèches. (6 à 10 jours) 
les beaux sacs de jute avec les fèves de cacao
Le contrôle qualité : c’est à partir des meilleurs fèves que l’on obtient un excellent chocolat. Les contrôles qualité, réalisés tout au long du processus de transformation, sont donc très exigeants. Le plus courant d’entre eux est le test de la guillotine : plusieurs coupes d’une cinquantaine de fèves extraites d’un lot, sont tranchées pour analyser le cœur de ces dernières. L’absence de défauts (fèves moisies, plates, germées, attaquées par des insectes, ardoisées ou violettes, sont de bon augure. Mais c’est au moment de la dégustation que les experts de la cacaothèque valideront définitivement la qualité des cacaos. »
Il faut environ 300 fèves sèches dites « vertes » pour produire six tablettes de chocolat.
Transformer les fèves qui arrivent à la chocolaterie implique 9 étapes de production.


la dégustation guidée pas à pas...
Une fois que l’on connait tout cela, 45 minutes de dégustation guidée vont nous permettre d’apprécier chaque saveur, chaque odeur, de déterminer les goûts dominants, de connaitre la composition en sucre, en cacao, les différents crus… avec un petit verre d’eau entre chaque morceau de chocolat pour se rincer la bouche (non, on ne crache pas… on déguste jusqu’au bout…).
la languette avec ses 6 pastilles qu'on mettra 45 minutes à déguster !
Une languette où se trouvent six pastilles de chocolat différents va nous permettre de tester d’abord le moins fort en goût et le plus sucré pour aller jusqu’au goût acide et amer. Je n’aime que le vrai chocolat noir mais je me suis laissée aller à déguster le chocolat blanc et le chocolat au lait pour bien sentir les différences et c’est intéressant. C’est vrai que la qualité des produits est de la plus grande importance et sentir la différence entre le goût de « lait frais » et de « lait chaud » peut alors apparaître !
A chaque première petite bouchée, perception de la saveur
et à la seconde deviner les arômes...
Et après inévitablement, le passage à la boutique est un calvaire… Que choisir ? A qui faire plaisir ? Est-ce bien raisonnable d’utiliser sa carte bancaire pour quelque chose qui va juste fondre, sans rien laisser qu’un sentiment de plaisir, ce qui est déjà bien, mais surtout l’envie d’y revenir !
la boutique offre aussi bien les tablettes grand cru que les chocolats à offrir ou à cuisiner
Que choisir ? sinon toutes les goûter ?

mercredi 26 février 2014

Chez Amma au Kerala

Nous partons de Madurai le 24 février pour une longue traversée jusqu'à Kollam (ou Quilon) au Kerala au bord de la mer d'Arabie où se trouve l'ashram d'Amritapuri. A quelques petits kilomètres de l'arrivée une file énorme de bus, de voitures nous empêchent d'avancer. C'est une grande fête en l'honneur de Murugan, le frère de Ganesh le dieu éléphant, et le 2e enfant de Shiva et Parvati. Les jeunes dans les bus sont déchaînés, chantent et dansent, les gens au bord de la route ont installé de petits autels avec des bougies et des fleurs. Nous terminons à pied car tout est bloqué ! C'est dommage que nous n'ayons pas pu aller voir au bout de la route !
les affiches en l'honneur de Murugan sont accrochées sur les véhicules.
une longue file de véhicules sur la petite route...
les voitures sont décorées de toutes sortes, fleurs, statues, ombrelles...
les riverains ont préparé de petits autels, avec flamme et fleurs
Une famille qui installe les offrandes au bord de la route
 L'ashram d'Amma se trouve sur une grande presqu'île quasiment au bord de la plage et est composé d'immenses bâtiments car trois mille personnes y vivent en permanence. C'est vraiment gigantesque et l'organisation est parfaite pour que tout le monde puisse trouver sa place dans le calme et la sérénité. Après le tsunami de 2004 un pont a été construit pour relier l'ashram à la terre de l'autre côté des back waters, afin de faciliter l'évacuation de l'ashram et de la population locale en cas de problème.
l'ashram est situé sur une longue presqu'ile entre les back waters et la mer
Côté "terre", vue de l'ashram et du pont
Le pont, vu de l'ashram et un peu plus loin les bâtiments de l'université
Nous avons passé deux nuits dans l'ashram d'Amma. Elle était partie à Trivandrum et elle est revenue à l'ashram le jour de notre départ. Tôt le matin une longue caravane de cars est arrivée, sept cents personnes ont débarqué dans l'ashram, mettant soudain une animation inhabituelle. Lorsqu'elle est arrivée une longue clameur de Jai ! Jai ! a retenti dans l'ashram et nous avons sur qu'elle était là. Puis tout a repris son cours, la méditation au bord de la plage tôt le matin pour sentir l'énergie du soleil qui point, la musique des vagues, la douceur de la brise avant la chaleur, les diverses activités de "seva" (service) qui font qu'un ashram fonctionne : la préparation des légumes, la vaisselle, le nettoyage des chambres, etc.
méditation au bord de la plage au petit matin
la vague qui veut atteindre le nuage...
Nous visionnons la video de la vie d'Amma, nous participons aux diverses activités de l'ashram, achetons quelques souvenirs. L'ashram a une pharmacie ayurvédique, une boutique de vêtements (blancs !) une épicerie, une imprimerie, trois restaurants où chacun peut se restaurer en fonction de l'état de son estomac dont la cantine de l'ashram, gratuite. L'ambiance est jeune, joyeuse, animée, on peut y faire des rencontres avec des personnes de toutes nationalités, il y a toujours une activité où l'on peut participer... Belle découverte, il nous a manqué juste les bras d'Amma !
Amma - Riviere d'Amour - doc Biographique par Yahn25

vendredi 21 février 2014

l'anniversaire de Mère à Auroville

Auroville, nom mythique sur lequel il y a beaucoup à raconter ! Des films sont sortis, des livres ont été écrits, mais le mieux bien sûr c'est de pouvoir y venir. Et l'âme d'Auroville c'est le Matrimandir. Mais le mieux bien sûr c'est de pouvoir y entrer !
Le Matrimandir au milieu du parc
 Et là ce n'est pas si facile : mieux vaut prévoir de rester un minimum de trois jours sur place. Il faut aller personnellement demander un jeton d'entrée au Centre des Visiteurs avant 15 heures et l'on vous indique quand vous pourrez pénétrer dans le saint des saints. Ceci pour éviter que les personnes viennent uniquement en "touristes" pour "voir" ce lieu unique de concentration (on ne dit pas méditation). Cette semaine était complète, entre l'anniversaire de Mère et l'anniversaire d'Auroville, pas la moindre chance de trouver une petite place.
Mais nous avons eu la chance de participer à la méditation pour l'anniversaire de Mère. Comme je n'ai pas le temps de vous raconter qui est La Mère, merci de cliquer ici !

la carte d'entrée pour la méditation
La nuit s'achève, le jour se lève sur le Matrimandir
La flamme de lumière
Le 28 février 1968, Elle fonde Auroville, la Cité de l'Aurore, cette ville internationale qui : « n'appartient à personne en particulier, mais à l'humanité dans son ensemble » comme le dit la Charte d'Auroville.

jeudi 20 février 2014

Astad Deboo à Auroville !




Le 20 février à 20 h le grand danseur indien contemporain Astad Deboo est venu donner une représentation gratuite avec sa troupe. Rien d'officiel, rien d'annoncé, que le bouche à oreille, même pas une seule petite affiche et le Town Hall d'Auroville près de Pondicherry était plein. Venu il y a vingt ans il avait déjà apprécié Auroville et là il nous a comblé !
Danseur né en 1947 après des formations intensives en danses indiennes traditionnelles comme le Kathak et le Kathakali, il a appris d'autres techniques avec la danse de Martha Graham et Pina Bausch. Il a complété par des expériences diverses au Japon et en Indonésie pour créer son style propre, un délicieux tutti-fruiti de buto, danses indiennes, arts martiaux jusqu'aux derviches tourneurs. Sa dernière pièce très émouvante n'était que virevoltes de couleurs avec une puissante énergie soufie.
 Il a travaillé avec des sourds, ici c'étaient de jeunes hommes venus de la rue et de la drogue, récupérés, formés grâce à leur volonté et leurs capacités sportives et artistiques personnelles, une vraie troupe professionnelle et créatrice.
Une pièce avec d'immenses marionnettes représentant la déesse Kali
le temps suspendu....
A la fin du spectacle on lui a demandé s'il viendrait en France et il nous a répondu qu'il n'avait jamais été invité, les Français semblant préférer la danse classique !
Salut final
Donc appel aux organisateurs de la Biennale de la Danse à Lyon pour faire venir cet homme et sa troupe le plus rapidement possible car comme il dit, il a déjà 66 ans ! Peu de danseurs donnent encore des représentations publiques à cet âge.

lundi 10 février 2014

Dehra Dun, Uttarakhand, la léproserie de KKM

Petits tours autour de Dehra Dun
En octobre dernier J’avais promis à Raju, excellent masseur ostéopathe d’aller le voir à Udaipur en février, ses soins étant hors du commun pour ma part. Et j’ai pris le train pour la destination opposée, Dehra Dun. Un groupe s’est annulé en octobre avec qui j’aurais dû passer par Brahmpuri pour rendre une visite amicale à Pierre Reyniers et les habitants de la léproserie. Pas assez de personnes, le groupe est annulé. L’occasion se présente cette fois d’aller passer trois jours à Dehra Dun et de profiter de la présence de Pierre pour faire comme on dit « le tour des popotes ». Hukum Singh le chauffeur m’emmène donc directement à Tara Parbat, que j’avais dû voir une fois il y a une vingtaine d’années. Je me rappelle seulement de ce coin haut perdu dans les collines, qui m’avait presque semblé être le bout du monde où quelques couples tissaient et s’essayaient au papier fait à la main avec des inclusions de pétales et d’herbes. Juste un aller-retour dans cette sorte de « Larzac » indien. 

Tara Parbat, une des maisons avec derrrière les collines de Mussoorie
Mais en y revenant bien des années plus tard, je ne vois même pas que nous quittons Dehra Dun, les constructions ont gagné de partout et nous prenons au bout d’une dizaine de kilomètres une petite route cimentée qui commence à grimper dans les collines. Plein de nouvelles maisons apparaissent, ce n’est plus tellement le bout du monde maintenant et c’est bien là un des problèmes pour Tara Parbat. Le terrain fait bien des envieux et des promoteurs lorgnent avidement sur les lieux. Petite mafia locale qui essaie à coups de milliers de roupies de persuader les habitants d’aller voir ailleurs… Une première séance en justice le 15 janvier, puis une seconde qui doit avoir lieu le 15 février va donner l’orientation prochaine de l’avenir de cette petite communauté.
. Il reste à faire comprendre aux habitants des lieux que l’attrait de l’argent ne vaut pas grand chose face à la qualité de vie qu’ils ont actuellement, aux 35 ans de soutien de KKM qui leur a fournit du travail et les a toujours aidés. Difficile de leur faire comprendre que l’argent qu’ils obtiendront n’est rien face à la fortune que va se faire le promoteur s’il peut avoir le terrain et qu’ils ne retrouveront jamais ce qu’ils ont. Le promoteur sait bien ce qu’il doit faire miroiter et bien peu ont cette conscience qu’ils sont pervertis et manipulés si facilement.
Espérons que la déesse de la sagesse ne sera pas détrônée par la déesse de la richesse !
Sarasvatî contre Lakshmi…Attendre et voir.
 
Une des fileuses, avec le sourire malgré le froid matinal
Je passe donc une journée et une nuit dans ces belles collines, prenant contact avec les uns et les autres, photographiant tout le monde et les environs. Ce qui permet à Pierre de faire quelques petites découvertes… En particulier la construction d’un bloc sanitaires dont je n’ai pas photographié d’assez près la plaque d’inauguration en hindi pour savoir qui est à l’origine de cette construction et à quelle date elle a été terminée.
Le bloc sanitaires tout neuf, offert par ?
Accueillie généreusement par Baghirathi, Baga pour les intimes, qui m’a nourrie et m’a fait des délicieuses parathas au petit déjeuner, je profite du fait que sa fille Tara et la fille d’Hukum Singh, Rekha, sont là et parlent parfaitement anglais pour avoir des nouvelles de leur famille. 
Baga et les parathas du petit déjeuner
Rekha travaille à Delhi dans une petite agence de voyages et essaie d’obtenir des marchés des clients de Grande Bretagne et d’Afrique du Sud. A elle de leur proposer le circuit qu’ils demandent pour des services et un prix meilleurs que ceux des concurrents, bien nombreux sur Delhi. Cela fait juste un an qu’elle a trouvé ce poste en particulier grâce à des séjours en Angleterre qui lui ont permis d’avoir un anglais parfait. Le salaire est maigre, douze mille roupies par mois, ce qui lui permet à peine de quoi vivre à Delhi où elle est en co-location. Elle espère pouvoir un jour avoir un poste dans le tourisme à Dehra Dun. Elle a eu la chance d'avoir été prise en charge ainsi que sa soeur pour l'ensemble de ses études, bien que d'entrer en internat à cinq ans lui a laissé bien de douloureux souvenirs ! Sa sœur aînée Lakshmi est infirmière bien loin sur la route des sources du Gange dans un hôpital à Kanprayag non loin de Badrinath. Elle est mariée et son mari est dans l’armée, quelque part en Inde. Mariée depuis un an, elle a plutôt un statut de jeune femme célibataire ! Il y a cinquante ans, en tant qu'enfants de lépreux, elles n'auraient eu aucune chance de faire des études et de trouver du travail.
Rekha, une jeune fille courageuse et travailleuse, en week-end chez ses parents
Tara est infirmière mais pour cette année est formatrice au Mahendra Andresh Hospital de Dehra Dun. Elle préfèrerait avoir un poste dans une clinique ce qu’elle va essayer de trouver pour l’an prochain. Son frère aîné, Pramod est pathologiste à Chandigarh.
Dans la nuit, je sors de ma petite chambre préparée près de l’atelier et regarde le ciel et toutes les petites lumières de Mussoorie qui brillent tout là-haut sur le sommet de la montagne. Les lumières de Rajpur la petite ville en face et qui est considérée comme le côté « riche » de Dehra Dun éclairent la colline. Il fait froid et je retourne vite sous mes quatre couvertures jusqu’à huit heures du matin, l’heure d’ouverture de l’atelier.
la galerie où filent les femmes
le feu du matin pour se réchauffer les mains
Tout le monde se met au travail après s’être chauffé les mains autour d’un petit feu de bois. La brume humide est là et le soleil pointe un bout de ses rayons bien tard dans la matinée puis le ciel se recouvre.
La vie va… chacun-e est à son métier, les hommes préparent et pèsent les rations de lentilles, Hukum le chauffeur est un peu inquiet quant aux injecteurs de la jeep qui est pourtant neuve.
le pesage des rations de lentilles
Hukum surveille les injecteurs de très près !
Je descends en début d’après-midi à Nalapani et Bangaraiha et sa femme m’ont préparé la chambre des invités avec beaucoup d’attention, petit bouquet de roses, encens, grosse couette, serviette de toilette, tout est là pour mon confort, même un petit radiateur à résistance pour me chauffer les pieds avant de m’endormir…
Près des ateliers, le curcuma qui est mis à sécher au soleil
Avec Pierre nous commençons nos discussions ou plutôt il me tient au courant de ce qui se passe et j’avoue que j’ai du retard, avec tous mes voyages, j’ai parfois du mal à raccommoder les morceaux !
l'atelier de tissage de Nalapani
Les journées passées à Nalapani me font connaître les petits-enfants… La population vieillit, les enfants déposent parfois les bébés chez les grands-parents pour aller travailler. Pas facile d’assurer un nombre de mètres de tissage avec un bébé dans les bras ! 
Dhan et son petit-fils, pas facile de faire du tissage avec un bébé dans les bras !
 J’en profite pour jouer un moment à la mamie comblée et me réjouis de pouvoir donner le biberon à un petit garçon qui semble avoir confiance, mais c’est un petit goulu !

Une quarantaine de personnes à Brahmpuri, soixante-quinze à Nalapani, vingt à Nav Jivan Gram et seize à Tara Parbat, cela commence à poser questions sur la continuité de KKM et sur le suivi de la production. Il faut se réjouir de savoir que la lèpre est de mieux en mieux soignée (et non pas éradiquée) et surtout détectée à temps, mais comment maintenant assurer le renouvellement de la population, les enfants sont tous partis travailler ailleurs ayant pour certains fait de bonnes études ?

Avec Pierre, Noël et deux femmes tisserandes, nous allons rendre visite à Rajpur à JOYN, une petite entreprise créée par une Américaine et qui fait travailler la léproserie pour son tissage de coton de qualité et la fabrication de sacs.
Les tissages de KKM chez JOYN
Elle complète ensuite par de l’impression sur tissu manuelle pour créer une ligne de produits, sacs à main, sac à provisions, en les déclinant avec des tailles et des formes différentes, l’utilisation de cuir, de boutons, de brides qui donnent un caractère artisanal très chic et de bon goût à tous les produits qu’elle propose. Elle emploie après les avoir formés des jeunes hommes, de minimum 16 ans, mendiants, drogués, alcooliques, handicapés à cause de la polio, et qui sont volontaires pour changer de vie, avoir un travail et retrouver une dignité.
un jeune handicapé qui travaille, avec sa béquille

L'impression manuelle des sacs fabriqués par KKM
A les voir s’appliquer pour poser leur bloc d’impression, on a du mal à imaginer ce qu’ils pouvaient être « avant ». Il y a en tout une petite trentaine de personnes employées et les contacts avec Pierre sont excellents. On peut y voir là un signe pour, on ne sait jamais, un certain prolongement à la léproserie… Leur société marche très fort aux Etats-Unis et ils envisagent même de créer un nouveau marché en Angleterre.
Voir leur site : www.joyn.myshopify.com Mot de passe : joyn2014
Cela vous permettra de voir la production KKM sous un nouvel aspect !
Et lisez l'historique de KKM pour mieux comprendre  cet article :
http://kkmhandweaving.blogspot.in

jeudi 6 février 2014

Jaipur, l'anniversaire du dieu Soleil


A travers Jaipur, la procession des femmes
L’anniversaire du Soleil

Le 6 février naissait le Soleil, le dieu Surya, il y a quelques millions ou milliards d’années. On s’en souvient dans l’Inde traditionnelle ! Et on fête dignement cet anniversaire à coups de flonflons, de drapeaux, de défilés, de pétales de fleurs et de sages en carrosse d’argent.
La femme du brahmane du temple du Soleil à Galta m’avait dit, vous savez demain c’est une grande fête, nous préparons les guirlandes de fleurs et il y aura des éléphants !
C'est l'éléphant chef de file qui vient de m'arroser en guise de bénédiction !
les fiers dromadaires suivent l'éléphant
les carrosses en argent (ou argentés ?)
le carrosse principal portant les images de Shiva, Parvati et de leur fils céleste
Murugan (frère de Ganesh)
Me voici donc sur une grande avenue de Jaipur à admirer les animaux qui mènent le cortège : l’éléphant, symbole de Jaipur, la ville rose, capitale du Rajasthan et qui représente la royauté, la force, la chance, la puissance et la sagesse, suivi par les dromadaires, symboles de Jaisalmer, la ville jaune, représentant l’amour, puis par de beaux chevaux blancs caparaçonnés, symbole de la ville blanche d’Udaipur, signes du pouvoir.
Un des personnages importants de la procession
Ceux-là doivent l'être moins car ils n'arrêtent pas de téléphoner, peut-être en
communication directe avec Shiva qui sait ?
Suivent dans le désordre, de magnifiques carrosses en argent où trônent quelques brahmanes, le portable à la main ou à l’oreille comme la majorité des Indiens, quel que soit le lieu où ils se trouvent ou les personnes avec qui ils sont… ce qui donnent parfois des scènes absolument surprenantes. Comme ce que j’ai vu dans un mariage indien, le prêtre qui bénit le mariage en récitant ses immenses mantras et qui laisse tout le monde en plan pour répondre au téléphone sans que visiblement cela choque quiconque ! Vous imaginez le curé de la paroisse avec le portable sur l’autel entre le calice et la patène ?
La procession des femmes dans une grande artère de la Ville Rose
Pots sur la tête avec fleurs, feuillage et noix de coco
Les saris, tous couleur du soleil !

Les femmes en longue procession, toutes vêtues des couleurs du soleil, dans toutes les variations entre le jaune et le rouge portent sur leur tête un pot avec du feuillage et une noix de coco. Elles papotent, rigolent, se racontent les dernières du quartier, il faut bien passer le temps lorsque les fanfares jouent leurs morceaux entraînants à coup de trombones, de trompettes, de cornets à piston, des tubas sousaphone qui vous font vibrer l’intérieur du cerveau et des intestins, surtout quand on s’approche comme moi pour les prendre en photo tout près tout près et qu’ils sont trop contents de vous envoyer dans les oreilles leur son le plus profond !
plusieurs fanfares le long de l'impressionnant cortège mettent une ambiance
sonore comme on sait le faire en Inde !
et ravi de se faire prendre en photo !
Bonne ambiance, sympathique, les femmes se trémoussent un peu, les brahmanes restent sérieux comme des papes sur leur trône argenté, les éléphants en profitent pour m’arroser au passage en guise de salutation tandis que dans la fanfare certains s’évadent pour aller boire un coup dans la buvette ambulante au coin de la rue.
et hop, en passant le virage, on va s'en jeter dans le corniolon comme on dit
à Lyon, sauf que là c'est de l'eau de la charrette ambulante et pas du beaujolais
Longue procession qui dure trois à quatre heures faisant de beaux bouchons dans la circulation matinale du centre ville pour finalement arriver dans une petite rue minuscule (et oui, je suis tenace, je voulais connaître l’arrivée finale !) dans un tout petit temple.
préparation de la moquette à disposer dans la rue
On y met des kilos de pétales de fleurs achetés au poids au marché ce matin
Tout est prêt dans la petite rue pour accueillir la procession et deux brahmanes
viennent accueillir les invités
L'éléphant de tête arrive à destination
et toute cette immense procession uniquement pour arriver
dans ce temple minuscule !
les fanfares, à chaque extrémité de la rue se partagent les morceaux entraînants
Les éléphants ont du mal à faire passer leurs hôtes sous l’entrelacs compliqué des fils électriques et des cordes qui tiennent les affiches de la fête. Les habitants ont revêtu leur rue bien balayée de morceaux de moquette couverts de pétales de fleurs pour accueillir dignement les autorités religieuses. Un éléphant s’agenouille pour faire descendre le prêtre, les chevaux arrêtent leur carrosse pour se délester des leurs. Tous les animaux s’en vont ensuite avec leur propriétaire rejoindre leur écurie, manger un peu, après avoir été débarrassé de toutes leurs couvertures brodées et des étoles constellées de petits miroirs.
un peu surréaliste, un des carrosses s'en va le long des murs lépreux de la ruelle
Au bout de la ruelle, le cornac plie bagages...
et va rentrer au bercail
Les fanfares continuent à jouer pendant que les prêtres font l’offrande du feu à l’entrée du temple minuscule.
Puis c’est la fin de la cérémonie, les femmes vont essayer de récupérer leurs chaussures qu’elles ont laissées au fil de la procession chez des commerçants accueillants, les chefs de fanfare paient leurs troupes et comptent les billets, les riverains reprennent leur moto, vélo, pour repartir au travail. On va plier les moquettes, enlever les affiches au travers de la rue, les vaches vont manger les fleurs piétinées. La fête est finie.
on compte les billets, le chef fait la distribution
le dernier carrosse s'en va dans la petite rue et le cheval va
 rejoindre ses congénères pour son picotin pendant que les chefs de fanfare
fument leur petite cigarette...
et un grand merci à tous ceux qui se sont laissés photographiés de bonne grâce !