mercredi 28 décembre 2011

Petits pois et chocolat

Les petits bonheurs de la vie… sont à attraper, à déguster, à saisir sur-le-champ et à profiter pendant longtemps…
Aujourd’hui, de bonne heure et de bonne humeur, enfin, je serais bien restée au chaud dans mon lit un peu plus longtemps, je file en rickshaw vélo, ces engins à trois roues et deux places en moleskine brillante et quelquefois trouée qui se faufilent dans les petites rues de Delhi, pour aller à « l’international tourist bureau » à la gare de New Delhi. Il faut arriver à 8 h à l’ouverture car je voudrais obtenir un billet de train pour demain pour aller de Delhi à Jaisalmer ou Jodhpur et il n’y a plus rien de disponible jusqu’au 9 janvier. Les Indiens se déplacent en masse pendant les fêtes pour visiter leurs amis et leur famille et cela fait quelques centaines de millions de personnes…
Mais il y a le billet « tatkal » pour les touristes non indiens qui peut sauver la mise ou au moins avoir une place… mais les élus sont rares et il convient de se présenter au bureau exclusivement la veille du départ, ce que je fais. Je suis déjà au moins trentième dans la queue et prends mon mal en patience quand la dame qui s’occupe de renseigner sur les horaires, numéro du train, etc. à mettre sur votre formulaire me signale que les billets « tatkal » c’est terminé pour aujourd’hui et qu’il faut revenir demain matin.
Je retourne en flânant en direction de la « german backery » pour prendre un petit déj qui me fait déjà saliver, une bonne crêpe au miel accompagnée d’un « hot-lemon-ginger-honey » ma boisson préférée depuis des années et qui remplace avantageusement thé ou café. Trois Français, parents et leur fils adulte qui travaillait à Delhi, sont invités à partager ma table et nous discutons sur nos impressions indiennes, sympathique moment de partage comme il en est souvent en voyage. Le fils, il y a deux ans s’est pris de sympathie pour le jeune chauffeur qu’ils avaient eu lors de leur premier voyage en Inde et lui avait créé un site Internet pour lui faire de la publicité et le faire connaître. Deux ans après, ce chauffeur a acheté cinq véhicules et a une agence qui marche bien grâce à l’essor donné par le site ! La chance sourit aux audacieux qui ont eu un petit coup de pouce au bon moment. C’est aussi ça le boum économique, mais il y a quelques conditions de base… Vouloir s’en sortir mais aussi avoir, même de façon innée une façon rationnelle de gérer, connaître l’anglais parlé et écrit (ce qui est une catastrophe en Inde pour l’orthographe, l’anglais est la plupart du temps phonétique ici pour l’écriture) et un bon contact commercial avec les étrangers, ce qui signifie répondre aux courriers rapidement.

Je file prendre le métro pour aller chez mon ami Shyam (une heure et demie de transport) et en descendant du bus brinquebalant dont j’ai déjà quelquefois écrit sur les tribulations improbables
Dans le minibus, la roue de secours est sortie, de même la plaque du capot
et il y en a un qui tripote là-bas dessous
(ah ! La dernière fois, ce n’était pas mal, le bus s’est arrêté en plein milieu de la rue, un mécanicien est arrivé, à soulevé le capot du moteur, puis a enlevé quelques planches du plancher, a dégagé un trou dans lequel il s’est enfoui pour dévisser quelque chose (je suis nulle en mécanique) puis est ressorti, a fait le tour du bus, est passé dessous au niveau du trou intérieur, a encore tripoté, a ressorti une grosse pièce qu’il a changée aussitôt pour une belle toute neuve (transformateur ?) a tout revissé, remis en place, refermé les planches, le capot et le bus est reparti. Pourquoi prendre du temps pour aller au garage alors qu’on peut faire ça sur place ?), donc en descendant je saute du bus en face de la boutique de légumes. J’ai l’habitude d’apporter des fruits quand je vais chez quelqu’un. J’achète pommes et oranges et j’ai soudainement mon regard qui va sur les légumes et les petits pois… et là, j’ai craqué pour une livre de gousses vertes et dodues, qui ont livré leurs petites boules tendres, mises à bouillir à l’eau tout simplement.
Soupir de contentement en repensant à cette bolée de pois cuits à point, ni craquants comme les Indiens ont l’habitude de les faire, ni trop mous. Une saveur de printemps frais et parfumé dans la bouche, la première jardinière de légumes de ma mère à la vapeur, un sentiment de plénitude heureuse et comblée à chaque bouchée. Ou comment se procurer un vrai bonheur pour pas cher. Un repas de princesse, avec deux galettes de pommes de terre croustillantes, luisantes de ghee (beurre clarifié) et une coupelle de yaourt bien frais pour accompagner le tout. La femme de Shyam, elle, aurait bien mis les petits pois avec les pommes de terre dans les galettes, mais cela aurait été me priver d’un plaisir supplémentaire, la volupté de la douceur de ces pois fondant sur la langue…
Le marché aux légumes de mon quartier
J'aime l'organisation des formes et des couleurs !
 Retour dans le métro où je fais attention de ne pas m’endormir comme une bienheureuse pour ne pas rater les stations où changer de couleur. Je trouve le métro de Delhi génial dans sa signalétique. Comme de nombreuses personnes sont illettrées, les lignes sont de couleurs différentes et dans la rame on annonce la station où il faut changer pour prendre la ligne bleue ou jaune, violette ou rouge. Et depuis les rames il y a de petits pieds qui vous mènent tranquillement si vous les suivez attentivement jusqu’à la prochaine rame, il faut juste connaître le sens de circulation des lignes. Sont ajoutés bien sûr, toujours en marquage au sol, les noms des directions en hindi et en anglais. Difficile de se tromper une fois qu’on a repéré le système.
Un pas après l'autre et vous êtes dans la bonne direction !
 Repas du soir dans mon restaurant préféré où je me décide pour une pizza végétarienne, tomate, champignons et mozzarella. C’est bon, c’est chaud, c’est croustillant, c’est délicieux, mais c’est trop gros pour moi et je propose un quart de ma pizza à un jeune asiatique qui attend sa commande et qui, surpris mais heureux de ma proposition, avale en rien de temps le morceau que j’aurais laissé de côté.

Grande promenade digestive le soir dans le « Main Bazar » de Pahar Ganj, petite rue tout en longueur bordée d’innombrables boutiques de vêtements, colifichets, livres et cartes postales, statues diverses, encens et CD de mantras qui se répètent à l’envi, épiceries pleines de biscuits pour occidentaux qui ne supportent plus les épices, de rouleaux de papier toilette et de bouteilles d’eau minérale qui trônent au soleil dans la journée. A cela vous rajoutez tous les klaxons des motos qui font vroum vroum pour épater les copains, les sonnettes des rickshaws vélos qui vous frôlent sans jamais vous toucher, mais qui, en arrivant derrière vous, vous font sursauter plus d’une fois, une génisse affolée qui caracole entre deux voitures plein phares et qui n’ont pas le droit d’être là, plus la voiture de police avec gyrophare qui s’impose en klaxonnant de plus belle, les femmes mendiantes avec leur minuscule gamin engoncé dans une couverture et jeté sur l’épaule et qui vous demande d’un air suppliant « chapati madam » en tendant la main, le touriste exaspéré qui se retourne en hurlant en anglais contre l’une d’entre elles et qui lui dit qu’il en a marre d’être suivi chaque fois qu’il sort de son hôtel.

Etre piéton ici c’est être en danger permanent, c’est apprendre à slalomer comme tout le monde avec les yeux derrière la tête et les oreilles bouchées si on veut survivre, en mettant son foulard devant la bouche sinon c’est la quinte de toux assurée pour la soirée.
Et dire qu’il y en a qui reste là et qui aime ça…
De retour dans la chambre de mon hôtel situé dans une ruelle minuscule d’une rue annexe on ne peut plus sale, où les chiens et les vaches se disputent l’énorme tas d’ordures entassé sous un porche, mais l’hôtel lui est dans une aire magique de silence, hors du temps et de l’espace, dans un encart de petite verdure et de calme à une vingtaine de mètres de tout ça et on oublie tout… et là je déplie mon dernier achat, un beau duvet doublé d’une sorte de polaire à l’intérieur, toute douce comme les nounours en peluche et qui va me permettre de dormir dans le bus couchette réservé pour demain soir pour Jodhpur. Passer la nuit au douillet et presque en suçant son pouce, pour 500 roupies soit 7 euros cinquante, n’est-ce pas aussi du bonheur ? Et pour terminer la journée en tapant mon article, la cerise sur le gâteau ou plutôt le carré de chocolat noir Valrhona « Caraïbe » sur la langue, boite offerte par Yvette que je remercie du fond du cœur, car c’est rajouter du bonheur à du bonheur. Ca donne quoi ?
Une bonne régression "stade buccal", un vrai régal !

dimanche 25 décembre 2011

Un Noël extra-ordinaire à Bénarès.


les ghats de Bénarès au soleil matinal de ce Noël
 En fin de matinée, une longue promenade tranquille, dans un doux et chaud soleil d’hiver sur les escaliers qui bordent le Gange sur des kilomètres et qui nous permet d’entrevoir deux jeunes femmes indiennes, visiblement touristes et qui se font plonger dans l’eau tout entière par leur mari, en riant de leur sari trempé, de jeunes hommes qui se font raser la tête par le barbier de service car il y a eu un décès dans la famille aujourd’hui et que c’est la tradition chez les brahmanes, même si certains jeunes hommes rechignent lorsque le degré de parenté est plus éloigné que celui de l’oncle paternel. Un petit toupet est laissé au somment du crâne, à l’endroit du dernier chakra, là où le fils aîné tapera sur le crâne du défunt pour libérer son âme.
désolée pour le flou, j'ai un peu volé la photo du jeune en train de se faire raser la tête

Les vaches se retiennent de brouter les torchons qui pendent sur les cordes à linge mais les chiens n’hésitent pas à laisser leurs empreintes boueuses sur les draps de l’hôtel qui sont en train de sécher. 
La rive droite du Gange tout au fond avec son grand banc de sable
en décembre c'est plutôt au soleil de midi qu'à l'aube que les gens prennent leur bain rituel
 Je fais un petit détour au niveau du Khedar Ghat, je monte les escaliers qui ne font qu’amorcer tours et détours de ruelles minuscules où vrombissent les motos et où les présentoirs des marchands offrent fruits et légumes frais, où quelques pourceaux gris reniflent les ordures et se font éloigner du gros fromage qu’on presse et qui donnera de bons morceaux de « paneer » dans les petits pois ou les épinards, pour arriver enfin sur la route principale à Sonar Pura. Repérage, car il ne faudra pas manquer l’entrée de la ruelle pour le retour sur les quais du Gange où m’attend le groupe en train de faire des photos, et j’arrive à une superbe patisserie, Ksheer Shagar, visiblement très connue, un portier vous ouvre la porte, il y a du monde et même des « couloirs » comme à l’aéroport pour faire la queue. C’est l’une des quatre meilleures pâtisseries de Bénarès paraît-il. Pas d’hésitation, je demande un kilo de gourmandises variées, et le serveur me prépare une jolie boite de losanges colorées, de fruits secs au milieu de sorte de pâte d’amande, de dattes et de toutes sortes de couleurs de pâtes toutes faites à base de lait et de sucre, parfois de farine. Pour 4,50 euros le kilo, on peut se faire une bonne crise de foie pour pas cher. Mais non, même pas, le contenu magnifique de la boîte disparaîtra avant le coucher du soleil pour éviter la transformation en citrouille. Notre petite équipe et les étudiants en français de Vineeta mon amie indienne, même après un pique-nique extraordinaire préparé par les garçons, ne lésineront pas pour plonger la main dans la boite, de même que pour les papillotes en chocolat, pur produit lyonnais ne l’oublions pas !

Mais avant cela il nous a fallu traverser le Gange en bateau, se faire arnaquer sur le prix de la traversée, même si je connais le prix indien, mais bon, c’est Noël… et traverser le grand banc de sable pour arriver à la lisière de la campagne, traverser quelques champs de blé nouvellement plantés et surtout bien arrosés, contourner ceux de lentilles déjà hautes, et admirer les belles plantations de fleurs et d’arbres que Vineeta a fait tout autour de sa nouvelle demeure toujours en mutation. Les étudiants préparent les légumes, font cuire les aubergines et les pommes de terre sous la cendre, à savoir sous les galettes de bouses de vache, excellent combustible qui donnent un goût incomparable à la cuisine indienne. Deux heures après, nous dégustons, tout en bavardant sur les traditions indiennes.
Le pot de lentilles (pas épicée)s mijotent sur les galettes de bouse,
de même qu'aubergines et pommes de terre. Un pique-nique indien.
Le soleil se fait rouge sur l’horizon nous reprenons le bateau au bon prix cette fois et flânons pour rentrer à l’hôtel à regarder les préparations des « arati » de partout sur les ghats, les cloches sonnent dans tous les coins, les bateliers nous hèlent une dernière fois au cas où nous aurions envie de rentrer par la voie navigable au lieu de monter et descendre les innombrables marches longeant les palais décrépis, les guest-houses repeintes et les montées d’escaliers soudainement sombres.
A 20 heures nous repartons pour un concert annoncé dans un hôtel chic tout proche. Petit salon de musique préparé avec goût, fleuri de partout et où vont jouer une jeune femme souriante, Dr Kamala Shankar, sur sa Shankar Guitar, une guitare indienne tenue à plat sur les genoux, avec un nombre de cordes impressionnant et le joueur de tabla, Pundalik Krishna Bhagwat. Ragas de fin de journée qui nous bercent et endorment certaines, mais réjouissent le peu nombreux public de connaisseurs qui n’en peut plus de bonheur. 
Tabla et guitare indienne, un concert de grande qualité,
mais parfois difficilement accessible à nos oreilles plus habituées
à Mozart ou Beethoven
A la fin, réception, thé au lait, délicieux biscuits et CD acheté en souvenir de cette soirée hors du commun. Un vrai bon Noël, 2011 ans que Jésus est né, et tous les Indiens qui nous souhaitent « Happy Christmas » au pays de Shiva, Ganesh, plus tous les autres…

vendredi 23 décembre 2011

Khajuraho, kama-sutra, sensualité de la pierre

Entre deux nuits de train, Agra-Khajuraho et Khajuraho-Bénarès, une belle journée à se réjouir les yeux au pays des positions les plus acrobatiques et les plus inventives. J'ai nommé : Khajuraho ! Temples du 9e au 11e siècle découverts un peu par hasard au début du 20e siècle, que j'ai connu encore quasiment au niveau des terrains vagues dans les années 80 et qui font partie désormais du patrimoine mondial de l'humanité.

L'Inde propre, fleurie, organisée, comme on pourrait la rêver !
Beaux jardins bien entretenus, fleuris, temples brossés de la crasse des moussons, un bon audio-guide en français agréable à suivre et un joli petit livre (en anglais pour l'instant) avec de belles photos pour 99 roupies.
Un peu acrobatique tout ça... bon pour garder la ligne.
Celui dans le fond qui ne se cache qu'un oeil
pour faire semblant d'être offusqué...
Il y avait aussi des faux-jetons au 9e siècle !
Il n'y a pas que le sexe dans la vie, il y a aussi l'éducation.
Mais le maitre prend soin de se faire éventer  par une  jeune et belle élève.
Quelles jambes appartiennent à qui ?
L'éléphant est bien coquin et rit bien sous sa trompe !

Le plus beau temple du groupe de l'Ouest
Même sans beaucoup de lumière, les belles s'animent  avec le jour
Là c'est un peu acrobatique mais il y a des aides...
car rester sur la tête  ça  peut déconcentrer.
Débauche... de statues sur toute la hauteur.

mercredi 21 décembre 2011

petite panne de recharge

Desolee de ne pas pouvoir tenir ma petite conversation quotidienne mais ma cle 3G ne marche plus et impossible de la faire recharger... J'essaie de trouver une solution ! alors a bientot !
J'essaierai de rattraper mon retard un peu plus tard car il y a de quoi faire... Mais plus on cherche des solutions auprès des hauts responsables, plus ce sont des incapables... j'ai pu recharger tout simplement dans une minuscule boutique de quartier avec des gamins qui ne parlaient pas anglais... et eux ne se sont pas posés de questions, où avez-vous acheté votre clé ? Depuis combien de temps ? Ca ne marche pas ici... etc.

samedi 17 décembre 2011

Pushkar aux champs

petite ferme familiale et tranquille dans les environs de Pushkar
Pushkar, jolie petite ville où la population a doublé en vingt ans. De village tranquille où les Hindous venaient en pèlerinage pour la pleine lune d’octobre novembre et où les bergers, nomades, éleveurs de chameaux et de petits chevaux venaient vendre leurs bêtes, Pushkar est passé à une ville où les agences de tourisme s’arrachent les lits disponibles à prix d’or pour la fameuse foire aux chameaux. Certaines ont maintenant leur propre camp de tentes de luxe pour leur clientèle qui vient se frotter aux gypsies et aux pickpockets patentés. Et, troupeaux parmi les troupeaux, les touristes s’offrent une promenade en charrette à dromadaire caparaçonné de pendeloques diverses pour observer les tractations au marché des tissus, applaudir aux nombreux concours proposés pour distraire les foules et s’endormir heureux au son des mantras tonitruants des bords du lac.
Vision de rêve de Pushkar et de son lac sacré
 Et puis il y a encore comme acteurs cachés de cet élan touristico-économique, les dix mille tailleurs qui s’acharnent sur leur machine à coudre, dans les étages, dans leur maison, les ateliers à la campagne, entre janvier et mars pour la collection d’été et septembre et novembre pour les fêtes de fin d’année. Des centaines de stylistes, couturiers et couturières, boutiquiers, modélistes, commanditaires viennent avec leurs croquis de mode pour faire reproduire leurs modèles pour pas cher –mais mieux qu’en Chine.
Ensuite il y a les paysans qui sont autour de Pushkar et qui proposent quelques chambres dans leur maison de famille, lait frais garanti au petit déjeuner, légumes du jardin, et qui offrent aux jeunes en manque de nature et de tranquillité un havre familial avec « chai » (thé au lait aux épices) au moins trois fois par jour !
Les familles qui nous accueillent ce matin au cours de notre promenade découverte de la campagne cultivée de Pushkar sont d’une gentillesse ineffable et d’un accueil sans détour. Ils nous racontent leur vie, leur famille « élargie », les parents, frères, sœurs, vingt-cinq personnes pour la deuxième ferme visitée qui travaillent aux champs, une des belles-filles qui épluche ce matin les légumes et la grand-mère qui retourne patiemment sur son feu de petit bois la chapati au millet et qui nous sera destinée.
la souplesse de la grand-mère... qui prépare les chapatis au millet
Tous ont leur propre puits, creusé à environ une quarantaine de mètres, mais tous se plaignent du manque d’eau. L’un nous raconte en 1975 l’immense tempête et inondation qui avait submergé tous leurs terrains et leur maison inhabitable pendant trois ans !
le canal, récolteur des eaux pour les verser dans le lac.
le nouveau pont, tout éclairé la nuit...
Un large canal de réception des eaux de pluie court le long de la montagne sur 16 km pour éviter les déperditions dans les terrains sableux des alentours et maintenant presque 90 %  des eaux de pluie sont récupérées afin d’alimenter le lac. Celui-ci a été creusé de 3 à 5 mètres pour un bon nettoyage lors de ces dernières années où il était à sec. Un pont tout neuf apparaît également dans le paysage. De bonnes améliorations «  écologiques ».
En règle générale ils font deux ou trois récoltes par an. Ils ont récolté le millet, les lentilles, maintenant poussent le blé, les aubergines, les épinards, l'herbe pour les animaux, l'ail (ingrédient indispensable dans la cuisine indienne !), les pommes de terre et les gros radis blancs.
La campagne et les cultures autour de Pushkar qu'on devine en arrière-plan
Nous traversons des champs de roses, les fameuses « roses de Pushkar » tellement odorantes, qui sont transformées ici en sirop de rose, confiture de rose, eau de rose, huile essentielle de rose, encens à la rose… De jeunes garçons courent nous en cueillir une poignée dans leur propriété et nous les offre, mais visiblement nous disent bien qu’ils les vendent 10 roupies pièce sur le marché et que c’est même 50 en ville plus loin.  Y a-t-il jamais un acte désintéressé en Inde ?

le temple rouge à Gayatri. En haut, sur la colline le temple de Savitri
où nous étions hier
Notre déambulation pastorale se poursuit jusqu’à un grand temple rouge que nous avons aperçu la veille du haut de la colline de Savitri et qui nous avait intrigué par sa couleur rutilante. Le brahmane gardien du temple dédié à Gayatri, nous accueille avec un air doux et bienveillant et nous partageons un petit moment méditatif.
les délicieux gâteaux à la cannelle, au chocolat ou à la noix de coco...
Retour par les chemins parfois défoncés, visiblement les canalisations d’eau sont en train d’être mises en place et nous débarquons, invités gentiment par la boulangère (indienne) et son mari dans leur petite cour de la « german backery » qui font de délicieux gâteaux au chocolat, à la noix de coco et à la cannelle. Chaque fois que je passe à Pushkar je viens me régaler avec le groupe et le monsieur nous prépare une bonne boisson chaude ayurvédique pour digérer nos excès délicieux.
Puis du temps pour faire les courses, des photos, profiter de la douce luminosité du soleil couchant au bord du lac ou se ranger des motos qui filent à toute allure dans la rue principale et sans ménagement pour nos oreilles.
petit temple à Shiva au bord du lac


et un autre à Brahma...

Au début du village, un homme hors du commun qui se fait appeler Kikasso par dérision, mais qui est devenu célèbre quand même, au moins dans sa rue et propose ses dessins, peintures sur vieux papiers couverts de caractères hindis ou sur acrylique. Il aime surtout discuter avec les gens !Ce  Sikh de 65 ans peint depuis 1970 après avoir quitté son travail à la banque pour exercer son art comme il en avait envie. Il raconte qu'il peint ce qu'il voit en méditation.
C'est toujours un bon moment que de discuter avec lui, sur ce qu'il fait, ce qu'il a envie de faire, et il se maintient en forme au fil des années. Chaque fois je trouve de quoi lui acheter quelques images, un Ganesh stylisé, un Bouddha qui lève les yeux au ciel d'un air étonné, un Shiva qui semble énervé...

vendredi 16 décembre 2011

Pushkar la sainte

 Départ de Jodhpur à l'heure où il est encore agréable de garder sa petite laine. Arrêt buffet pour du thé, trop épicé, dans une petite gargotte très musulmane, où derrière le café, les femmes retournent de l'herbe à grands coups de fourche toniques.
notre "salon de thé" en cours de route
Route jusqu'à Pushkar et pendant que le soleil commence à décliner nous montons faire nos dévotions (rapides) au temple de Savitri. On peut lire les commentaires de Mère sur Savitri, l'oeuvre de Sri Aurobindo, ici. Mais l'histoire de Pushkar n'est pas celle qu'à racontée Aurobindo. Vous trouverez l'histoire de Pushkar et de son lac, ici !
La montée se fait tranquillement à l'ombre et à l'heure où il fait bon marcher et surtout monter des escaliers pour se dégourdir les jambes après quelques heures de bus !
la vue à mi-montée sur Puskhar, ses 400 temples et son lac sacré
la fin de la montée est plutôt raide avec de grandes marches fort inégales
 Le paysage en haut est superbe malgré la brume lointaine. Le champ de foire de la grande et célèbre foire aux chameaux qui a lieu à la pleine lune d'octobre-novembre, s'étale au pied des Monts Arawallis. 
Le temple de Savitri perché au sommet de la colline ; au fond le lac de Pushkar
Notre fine équipe où manque... le photographe!
La lumière décline et nous redescendons au village, faire un tour de boutiques, les encens, les huiles essentielles, la confiture de roses, l'attrait des bijoux d'argent, les vêtements "modernes" et qui ne correspondent en rien au classique "penjabi" indien. Pour finir, puisque Pushkar est une petite ville ultra touristique, nous nous régalons de pâtes au pistou et de pizzas aux champignons. Enfin, nous avons un repas sans épices ! L'estomac s'en réjouit. Le mien en tout cas !


jeudi 15 décembre 2011

Jodhpur la bleue

Au-delà des quartiers populaires la masse du fort de Jodhpur,
visite prévue ce matin
Une belle journée à Jodhpur qui s'annonce ! Dès 7 heures du matin, grimpé sur la plus haute terrasse de notre haveli-hôtel, une vue à 360° sur Jodhpur, avec le fort, et tout là-bas au fond dans la brume du soleil levant, la silhouette majestueuse de l'Umaid Bhawan, le palais du maharajah, qui se dessine discrètement (si l'on peut dire).
la terrasse du restaurant de notre hôtel où nous avons dîné hier soir
et les panneaux solaires pour les douches chaudes !

du haut de la terrasse de notre hôtel qui domine toute la ville,
la silhouette du palais du Maharajah dans les lueurs du soleil levant

Quelques heures plus tard nous voici à pied d'oeuvre sur la place du marché
à vérifier s'il y a du 5 sup pour donner l'assaut à la forteresse
pour faire plaisir aux grimpeurs du groupe. D'ici la muraille est impressionnante.
Nous nous contentons d'une montée à travers les ruelles à observer la vie du quartier
Du haut des remparts le bleu de la ville apparaît, d'un côté...
et de l'autre.
Dans le grand jardin, des femmes, employées ici pour le balayage et le nettoyage, se font une pause papotage...
Le Rajasthan c'est la couleur !
En descendant du fort de Mehrangarh pour aller visiter le beau jardin de Chokelao Bagh, un jardin du 18e siècle remis à l'honneur, nous passons devant une annexe du palais bordée de fleurs et de pétales de roses, d'oeillets et d'autres fleurs pour accueillir d'illustres invités dont nous ne saurons jamais le nom. Mais les dromadaires caparaconnés sont présents, la fanfare en uniforme blanc attend patiemment, l'attachée de presse comme on l'imagine, lunettes de soleil et portable à l'oreille nous autorise à prendre des photos à l'intérieur.
Dans l'attente des hôtes de marque... mais ce n'est pas nous !
 Situé un peu plus bas, le jardin fut créé en 1739 par le Maharajh Abhai Singh et depuis dix ans il est en restauration en accueillant des plantes capables de survivre aux longs mois de chaleur sans un arrosage constant. Il est divisé en 3 terrasses, chacune avec un thème différent.
Un bananier commence à nous offrir son régime mais elles sont trop vertes dirent-ils!
Un petit souterrain, attirant pour les curieux, amène sur un versant nouveau du fort, un lac et encore des doubles murailles qui s'étendent au loin.
De l'autre côté du souterrain qui part du jardin, c'est la surprise la plus totale.
Lac, terrain désertique et murailles qui entourent toutes les hauteurs
Le jardin est un vrai havre de paix et de fraîcheur et la citadelle prend une autre allure au-delà des manguiers !

Une belle journée qui se termine avec quelques achats d'épices et de thé dans ma boutique favorite car tenue par sept soeurs. Après la disparition de leur père il y a sept ans et qui était devenu célèbre à Jodhpur pour ses mélanges d'épices, elles ont vaillamment repris le flambeau malgré la concurrence sévère autour d'elles.