mardi 23 mars 2010

Retour au bercail

Sur la piste d'Helsinki, entre neige, soleil et forêt..
De 40°C à Jaisalmer en passant, non pas par la Lorraine mais par la Finlande, et la blancheur de la neige d'Helsinki, mais toujours au soleil, me voici, après avoir gagné le gros lot à la loterie des grèves françaises, c'est-à-dire celle de la SNCF, enfin à la maison...

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dimanche 21 mars 2010

Chroniques ferrovaires

J'aime les trains, et j'aime les trains indiens. Mais attention, il me faut maintenant la classe climatisée. Terminés les voyages de nuit en sleeper (couchette normale), toutes fenêtres ouvertes sur le vent tiède de la nuit et les effluves nauséabondes qui viennent par vagues en fonction du terrain et de l'occupation des toilettes. Finis les voyages en seconde classe, sympathiques pour faire des connaissances avec la population locale et partager les galettes aux pommes de terre du voisin ou se faire offrir un thé, mais se retrouver à dix sur six places avec le gamin pisseux sur les genoux, c'est bon, j'ai donné pendant des années. Maintenant c'est toujours la seconde classe mais climatisée, à quatre par compartiment et la nuit avec deux draps, une couverture, un oreiller et une serviette. Les voisins sont maintenant souvent des Indiens alors qu'avant les Européens étaient plus nombreux. Il semble y avoir une inversion. La classe moyenne indienne s'embourgeoise et n'accepte plus l'entassement précaire et la promiscuité inter-castes, alors que les Européens, qui ont économisé pour voyager, continuent à voyager pas cher en classe populaire, surtout pour les jeunes.
Le spectacle est surtout à l'extérieur car dans les compartiments c'est souvent la même chose, la famille indienne classique, qui voyage. Beaucoup de femmes qui papotent, téléphonent, mangent, rotent jusqu'à 21 heures et qui reprennent à 6 heures du matin. Je voyage donc avec boules Quiès dans les oreilles et masque sur les yeux car je ne m'habitue pas à dormir avec la lumière et le bruit. Même si par la position des wagons AC (air climatisé) souvent en fin de convoi on évite les sifflements de la locomotive, la mélancolie de "et j'entends siffler le train" ne dure qu'un moment.
L'avantage des classes AC est qu'on voit le paysage "grandeur nature" et pas grillagé par les barreaux des fenêtres.
Dehors, c'est la fin de la récolte des cannes à sucre. Les cannes coupées et sèches s'entassent dans les champs et les tracteurs chargent et les emmènent à l'usine de traitement. Les glaneuses commencent à passer.
La récolte de millet est presque mûre. Entre Jaipur et Delhi les champs sont verts, jaunes, bruns en fonction des plantations. Sur les chemins, pots sur la tête, les saris sont roses, jaunes, bleus. Quelques belles photos enregistrées par le cerveau, qui ne seront jamais imprimées.
A l'approche de la capitale, les arrêts dans les petites gares augmentent : Pataudi Road, Garhi Harsaru et les noms sur les pancartes sont maintenant en trois langues : anglais, hindi et urdu (pour les musulmans). 
L'une des femmes dans mon compartement est une vraie piplette. Comment fait-elle pour ne jamais s'arrêter de parler ? A sa mère, à sa belle soeur, à ses filles... Même le serveur tonitruant dans le couloir "chaï... bread cutlets !" ne la stoppe pas une seconde. C'est que parler est, pour les femmes une vraie occupation à plein temps. Et dans le train, pas de chapatis à préparer, pas de cour à balayer... tout le temps est libre pour discuter. Et son langage marwari devient une mélopée qui fini par me bercer.
La route est bordée de superbes bougainvillées rose indien. Les femmes accroupies dans les champs doivent avoir déjà quelques heures de travail sur le dos car il est 10 heures et la température va aller croissant. Des gamins marchent le long des voies avec leur fagot de cannes sur la tête. A une heure de Delhi, la campagne se construit et commence à se transformer en grande banlieue. Des petits bouts de rivière qui essaient d'irriguer encore çà et là, se transforment progressivement en cloaques noirâtres où quelques échassiers trônent sur des sacs plastique.
Sur les vingt mètres qui séparent la voie ferrée et la route, ou le chemin et les maisons, ce ne sont qu'amas de détritus, petites mares bouseuses où se vautrent les cochons sauvages, immondices parsemées et quelquefois ramassées pour être brûlées sur place. Toute la misère de l'Inde qu'on ne voit pas quand on passe en bus..
Gurgaon, grande gare de cette nouvelle ville champignon près de Delhi. Les gens courent, cherchant rapidement à monter dans les wagons et chercher une place assise pendant qu'une souris grimpe sur mon sac à dos, heureusement fermé sinon j'aurais eu une drôle de surprise en arrivant à l'hôtel...
Jusqu'à Delhi, ce sont des constructions nouvelles, des buffles qui se promènent dans les rues, des masures délabrées le long des voies avec des toiles de jute ajustées pour faire un peu d'ombre, encore quelques champs, aubergines, oignons, de petites maisons avec, sur le toit terrasse, le gros réservoir noir qui délivre dans la journée de l'eau brûlante, les chantiers innombrables avec grues, camions de ciment, les étendages de saris sur les rebords des barrières des terrasses qui forment de grandes bannières multicolores, les grands affiches avec les marques de téléphone, Airtel, Vodafone, Aircel, quelques arbres dont je me demande comment ils arrivent encore à rester verts avec toute cette poussière.
Sur le quai de la gare un magnifique wagon jaune en attente "Fairy Queen Express" qu'on dirait sorti d'un film. Et puis la longue étendue des bidonvilles de Delhi au ras des voies, bouts de tôle, caoutchouc, plastique, intriqués les uns avec les autres pour former des abris, branchements électriques "à l'arrache" et illégaux sur les pôteaux de la rue, bouts de ficelles où sèche la lessive... Ville immense avec ses petits commerçants, ses chiffonniers, ses repasseurs et ses marchands de bonbons à une demi-roupie. Un enchevêtrement de planches, des fatras de vieux tissus, de sacs de jute usagés, marquant d'improbables territoires respectés, misère noire au soleil de mars. Comment vit-on dans de telles conditions ? Ça retourne les triples, mais des milliers de familles survivent ici, et on ne peut même pas dire "attendant des jours meilleurs".

samedi 20 mars 2010

La fete de Gangaur à Jaisalmer



Gangaur est le festival le plus suivi au Rajasthan. Il a lieu cette année les 18 et 19 mars. Il est célébré en l'honneur de la déesse Parvati, (parèdre de Shiva), symbole de la fidélité, de la vertu, de la fertilité et est la représentation de la femme mariée parfaite.
Il est dit que si les jeunes filles observent les rituels de cette fête elles trouveront l'époux de leur choix et pour les femmes mariées, elles auront une vie longue et heureuse avec leur mari.
Donc hier après-midi des groupes de jeunes filles et de femmes vêtues de leurs plus beaux saris, de leurs bijoux les plus resplendissants, sont parties en groupe vers le lac de Gadisar (ou du moins ce qu'il en reste) pour offrir des fleurs, de l'encens et faire des pujas au bord de l'eau, espérant trouver le mari de leur choix pour plus tard, ou avoir du bonheur avec le leur.
En route, elles s'arrêtent pour chanter devant les magasins et recueillir un peu d'argent ou des bonbons.
Les jeunes filles portent des statues représentant Isar et Gauri (Shiva et Parvati) et vont les mettre dans le lac avec les offrandes.

mercredi 17 mars 2010

L'Inde et l'eau potable

Dans le Times of India du 12 mars un article très préoccupant sur l'état de l'eau potable et des nappes phréatiques en Inde et tout particulièrement sur trois états, Rajasthan, Gujarat et Karnataka qui sont très affectés par la pollution de l'eau potable. Un tiers des districts indiens ont de l'eau non potable pour la boisson. En réponse à la question d'un parlementaire, le gouvernement a admis que le niveau de fer dans les nappes phréatiques dépassait la dose autorisée dans 254 districts, de même pour la fluorite dans 224 districts, le sel est au-dessus du seuil de tolérance dans 162 districts et l'arsenic a dépassé la dose limite dans 34 districts.
Le grand désert de sel au Gujarat
Le problème de la salinité de l'eau se pose de façon particulièrement cruciale au Gujarat où les marais salants sont une des richesses de cet état, mais le sel affleure de partout. La fluorite est particulièrement présente au Rajasthan, ce qui provoque le jaunissement puis le brunissement des dents et progressivement un certain "émiettement" des os, d'où des douleurs lombaires et de la colonne vertébrale chez de nombreuses personnes, même chez les jeunes. La contamination à l'arsenic est terrible car les gens ne veulent plus aller chercher l'eau loin de leurs habitations alors que les pompes près de chez eux se sont révélées contenir un taux énorme d'arsenic qui les conduit inexorablement à la mort. Et l'Etat ne sait pas quoi faire car ce sont les nappes phréatiques qui sont contaminées.
Cette situation alarmante pour la santé de tous pourrait apporter des problèmes au gouvernement actuel qui a promis d'apporter l'eau potable à toutes les habitations d'ici 2012.

lundi 15 mars 2010

Le potier

Promenade dans les villages Bishnois autour de Jodhpur avec mon amie Jayant. En 1730 le maharadjah ayant besoin de bois pour son palais demanda d'aller couper des arbres. Mais les bishnois, des paysans très tournés vers la nature décidèrent de protéger les arbres en les enlaçant. Mais à l'époque pas de quartier... les bras, les jambes, les têtes de 363 Bishnois tombèrent avec les arbres...Un petit parc pour observer les oiseaux, surtout quand le lac est plein (il est vide depuis deux ans, pas de mousson) offre aux ornithologues et amoureux de la nature deux petites maisons confortables gérées par le département des Forêts.
Les Bishnois sont connus pour leur amour de la nature et des animaux. Ils ont 29 principes qu'ils respectent, donnés par leur guru Jambheshwar en 1451, dont le végétarisme, la protection de la nature et des animaux, ne pas boire d'alcool ni utiliser de tabac. Pour utiliser du bois, ils attendent que ce bois soit mort et ils enterrent leurs morts pour éviter les bûchers funéraires contrairement au rituel hindou.
Visite chez le potier, qui façonne des cruches à eau avec une sorte de sable particulière qui a la propriété de garder l'eau bien fraîche. Il cuit des fournées de cinquante cruches dans son four et alimentent le marché de Jodhpur. Autour du four, les cruches qui sèchent et au fond celles qui sont déjà cuites.

Les femmes bougent

Le 9 mars, parce que le 8, Journée Internationale des Femmes, il y a eu des mouvements à l'Assemblée qui ont perturbé le vote, reporté au lendemain, l'Inde a voté la participation obligatoire des femmes pour un tiers dans toutes les assemblées, Parlement comme assemblées régionales. Enfin, 33 % des femmes vont participer officiellement à la vie politique en Inde alors qu'elles sont tellement nombreuses à faire bouger ce pays. A condition que le sénat vote cette loi en mai prochain.
Mais visiblement chacun se demande comment on va pouvoir trouver les femmes pour remplir le quota voté ! Actuellement, le Parlement ne comporte que 3 femmes alors qu'il va en falloir 23, si la loi est votée ensuite par le sénat. Comme de partout, les partis politiques ne donnent guère de place aux femmes et en 2008 sur 78 femmes élues, seules 15 venaient de partis nationaux, 6 des partis au gouvernement, 25 femmes venaient de partis non reconnus au niveau national et 32 femmes s'étaient présentées de façon indépendante, soit le plus grand nombre.
Et c'est plus intéressant de se préoccuper du sort des femmes indiennes que d'apprendre en première page du Times of India en manchette en haut du titre que Nicolas veut envoyer un avion chercher Carla en Thailande, alors qu'elle file un "parfait amour" avec Benjamin Biolay...
Faut pas croire, les Indiens sont très friands de la vie amoureuse des Sarkozy !

Comme mon amie Jayant, ouvrons les portes et allons vers la lumière !

samedi 13 mars 2010

Pique-nique estudiantin à Bénarès

Je n'avais pas eu le temps de mettre en ligne notre dimanche avec les étudiants en français de mon amie Vineeta. Ils aiment organiser des pique-niques et avec Florian, rencontré à Bénarès, nous sommes tous partis de l'autre côté du Gange dans la nouvelle propriété de Vineeta, à la campagne. Queues d'oignon dépassant du sac et tout ce qu'il faut pour préparer le repas... qu'on prendra quatre heures plus tard ! Il faut préparer la pâte, couper des kilos d'oignons, faire cuire des pommes de terre sous la cendre avec les bouses de vache du coin, les éplucher ensuite pour en faire une sorte de purée, qui sera mélangée encore à des oignons et des herbes diverses et qui accompagnera les pâtons. Il faut également préparer le "farci" qu'on mettra dans les pâtons et qu'on fera cuire sous la cendre

L'humeur a été fort joyeuse toute la journée et nous sommes retournés sur Bénarès, fatigués mais heureux, comme il se doit de terminer toute bonne petite rédaction scolaire.
Petit goût délicat d'amande mélangé avec oignons, coriandre et autres senteurs subtiles, un vrai délice ! Et dans des assiettes complètement écologiques, et entièrement recyclables en feuilles d'arbres séchées et compressées en forme d'assiette.

Calcutta en vitesse

Quelques images de Calcutta prises au vol d'un taxi ou en passant devant l'immense piscine dont seul le beau plongeoir bleu laisse deviner l'usage de ce lieu.Les logements, dont on devine la vétusté, ainsi que la décrépitude des façades, laissent imaginer l'insalubrité des lieux.

Dans le quartier des papetiers-imprimeurs (en Inde les boutiques sont la plupart du temps toutes regroupées par corporations ce qui facilite grandement les recherches et les comparaisons pour les achats, sans compter le gain de temps), je me suis longuement arrêtée devant l'étal du marchand de cartes de mariage. Toujours étonnée de la quantité de modèles présentés ou cachés, celui-ci avaient plus de 3500 références ! et comme il n'avait pas de client, il m'a fait asseoire et m'a déniché quelques merveilles dans ses cartes de présentation, qu'il a bien voulu me vendre pour un prix dérisoire. J'avoue que je craque aisément pour ces dorures, ces paillettes sur la trompe de Ganesh, un des meilleurs porte-bonheur pour les mariages, ou des portraits de jeunes mariées timides croûlant sous les bijoux et entourées des dieux de l'Olympe indien. (vous pouvez agrandir les photos en cliquant dessus)

jeudi 11 mars 2010

Calcutta


Aujourd'hui, journée à Calcutta et je suis allée farfouiller dans la rue des bouquinistes et des libraires, College Street, pour trouver un roman en français et échanger les miens. Las ! pas de chance... ça ne se fait pas à Calcutta, pas assez de Français je pense, contrairement aux villes du Rajasthan ou à Delhi où il est très facile de trouver à renouveler ses lectures pour le prochain voyage en train ou en avion ! Par contre j'ai trouvé tous les niveaux d'apprentissage de la grammaire anglaise, les livres d'histoire et de géographie, des montagnes de livres médicaux et informatiques. Et encore dans ce quartier, des hommes-chevaux, qui tirent encore des charrettes à bras et qui permettent de passer dans les petites rues.

Attente

Ce pourrait être l'histoire d'une petite gare tranquille de province, dans un état de l'Inde le moins tranquille qui soit... Pas un jour dans les journaux locaux sans un attentat, une bombe, un explosif. Ici, au Jharkhand, les maoïstes emploient la manière forte pour se faire entendre du gouvernement qui fait la sourde oreille depuis des années. Mais le nombre de morts est supérieur à ceux de la guerre entre Inde et Pakistan au Cachemire.
Le Jharkhand est l'un des états indiens les plus pauvres qui soit et les plus pauvres se faisant encore grignoter le peu qu'ils ont, le droit de vivre dans la forêt par exemple, les terrains étant cédés par le gouvernement aux sociétés d'exploitation minières (charbon et bauxite). 30 % de la population de cet état sont des peuples tribaux avec pour certains un style de vie complètement primitif, souvent peuples de cueilleurs-chasseurs, utilisant encore l'arc et les flèches pour chasser le petit gibier qui les nourrira -si peu-. Pays d'actions sociales intenses à tous les niveaux pour contrebalancer les actions violentes des naxalites maoistes, camps de jeunes pour les initier aux problèmes de développement et d'écologie pour la planète, interventions de femmes volontaires pour aider les femmes enceintes à accoucher dans de meilleures conditions d'hygiène et leur apprendre à s'occuper de leur bébé, par l'allaitement par exemple ; marches pour la dignité des femmes, le droit à l'eau, l'égalite hommes-femmes...

Pour en revenir à notre gare, j'ai eu le loisir de l'observer pendant neuf heures, attendant Godot, à savoir le train New-Delhi-Calcutta, qui s'évertua tout au long de la journée à reporter son arrivée sans que je sache pourquoi. (En fait un gros problème d'inondation). Aucune information si on ne se déplace pas soi-même au bureau du Station-manager (entrée interdite) et qui après longue observation de votre billet où il est indiqué que le train doit partir de cette gare à 10 heures 22, vous dit au choix et en fonction de votre impatience, car de toute façon il n'en sait pas plus que vous, "deux heures de retard" ou "il arrive dans quinze minutes sur ce quai" sans que cela change quoi que ce soit dans l'arrivée toujours improbable de ce moyen de locomotion populaire, bon marché et qui sillonne l'Inde dans tous les sens.
J'ai donc pris mon mal en patience et j'ai vu la chaleur et le soleil rendre les quais quasiment déserts par moments. J'ai vu la tombée du jour qui fit venir des milliers d'oiseaux piailleurs à ne plus pouvoir entendre les hauts parleurs annonciateurs de tous les trains, sauf du mien. J'ai vu passer dans les deux sens des trains gigantesques traînant dans un vacarme de tremblement de terre des dizaines de wagons remplis à ras de charbon et redescendre à vide avec des hurlements stridents pour laisser encore une chance à ceux qui traînent sur les voies. J'ai vu la foule de fin de journée rentrer chez elle et attendre le train, une partie sur les quais, l'autre partie entre les deux voies (cf les hurlements de sirènes nécessaires) pour prendre d'assaut le train des deux côtés à la fois. Et d'aucuns n'hésiterait pas à passer par les fenêtres si elles n'étaient pas solidement pourvues de barreaux.
J'ai vu la dame pipi en sari bleu s'occuper toute la journée de son petit garcon handicapé mental et discuter avec les femmes comme si c'était de vieilles connaissances.
J'ai vu deux petites jeunes filles faisant leur devoir et me demander en bon anglais mon nom sans oser me demander tout de suite ce que je venais faire ici (sous-entendu dans ce trou perdu).
J'ai vu deux jolies belles-soeurs dont l'une enceinte avec sa petite fille de 14 mois, le crâne rasé (probablement une visite au temple pour son premier anniversaire) qui m'envoyait des mimis avec sa menotte, avant de partir pour l'Orissa. J'ai vu les efforts désespérés d'une jeune femme en sari orange et argent pour m'expliquer en hindi quelque chose que je ne comprendrais jamais. J'ai vu une vieille femme assise sur le pas de la porte interdire aux hommes d'entrer et remplir leur bouteille d'eau parce que c'était une salle d'attente pour ladies. Ah, mais ! il faut savoir s'accrocher à ses prérogatives.
J'ai lu le livre de Tonino Benacquista, Malavita, que je m'étais gardé pour lire dans l'avion. Et je me suis régalée.
Et puis, enfin, dans la nuit, l'oeil étincelant du cyclope du Poorva qui n'avait d'Express que le nom, annonciateur d'une banquette confortable, d'un oreiller et d'une couverture qui avec les sons troublants du violoncelle d'Anne Gastinel allaient m'envelopper quelques heures.
A presque deux heures du matin je fis une entrée presque triomphale dans Calcutta déserte en visualisant la Grande Muraille avec le concert de Jean-Michel Jarre en Chine. Choc des cultures. Et vive le MP3 redécouvert au fond de mon sac à dos !

Deva a Benares

Comme d'habitude quand je passe à Bénarès, je fais un petit tour dans cette association dont je fais partie.
Là, je suis allée voir les enfants de rickshaw à l'école de Gangotri (nom du quartier), enfants pauvres qui trouvent ici de quoi s'épanouir et trouver leur voie, accompagnés par des éducateurs dévoués et bien mal payés, ce que Deva voudrait bien changer. N'hésitez pas à faire partie de l'association ! Un parrainage de 20 euros par mois permet de payer entièrement la scolarité d'un enfant. L'atelier de peinture après celui de modelage. Et cette petite fille est très fière de nous montrer son oeuvre ! Vous pouvez également rechercher les autres articles sur Deva dans ce blog.

samedi 6 mars 2010

Les opposés

Je laisse à votre sagacité le choix des mots pour qualifier ces deux attitudes ! En regardant les photos j'ai trouvé intéressant de les rapprocher.

Jour de lessive sur les bords du Gange

Jour de lessive... les dhobis, blanchisseurs indiens sont à la tâche et lavent tout le linge que les hôtels ou les familles leur donnent, depuis les draps et les serviettes, jusqu'aux beaux saris brodés. Ils lavent sur de grands pierres plates disposées le long du fleuve et tapent le linge avec force, ce qui fait que souvent les boutons de chemise ne résistent guère après quelques semaines de ce traitement.Le linge est étalé partout où c'est possible, sur les marches, les contreforts, les talus... il est bien évident qu'il ne faut pas s'attendre ensuite à retrouver son drap éclatant de propreté, même séché au soleil. Les particuliers viennent aussi faire leur petite lessive, et prennent le temps de tendre leurs draps pour qu'ils sèchent plus vite, ce qui est fait en quelques minutes entre le vent du fleuve et la chaleur de ce début de mars.

Rencontres à Bénarès

Tout est possible en Inde, c'est le fameux slogan utilisé par l'Office du tourisme : "Incredible India !" et il y a de la place pour tout le monde, même si parfois il faut se serrer contre les murs pour laisser le passage à une grosse bête à cornes, sans vouloir surtout jouer les matadors.
On y rencontre toutes sortes de gens, des sadhus en quantité bien sûr et des drôles de guru comme ce Babaji hier soir avec ses centaines de malas, colliers divers, (peut-être en avait-il 108 chiffre sacré ?) et fausse peau de bête enroulée autour de la taille, le corps blanchi de cendres ; En tout cas il y avait de l'ambiance pour sa puja devant le Gange, hauts-parleurs à fond alors que quelques mètres plus bas, un brasier funéraire profitait de la cadence...

D'autres sont plus discrets et passeraient presque pour morts, alors qu'ils terminent leur nuit tranquillement sous les couvertures... Quand c'est sur le toit de leur terrasse, cela fait moins d'impression !

Les couleurs de Bénarès

Vue d'en haut, Bénarès semble une ville assez terne et grise, mais lorsqu'on marche tout au long des escaliers, une multitude de couleurs s'offre aux yeux ébahis de tant de contrastes lumineux et parfois osés... Tout est prétexte à la couleur, les murs des maisons,

comme les marches d'escaliers qu'escaldent des vaches audacieuses et sportives, en quête d'un bout de verdure ou du moindre bouton de fleurs à déguster, ces fleurs qui éclatent sur l'étal du marchand, accompagnées de tissus brodés pour faire les offrandes.

Promenade sur les ghâts de Bénarès

Dès l'aube les bateliers proposent aux touristes des barques pour descendre le long du fleuve.
Deux heures plus tard, c'est la foule et le charme est différent.
C'est le matin de bonne heure avant le lever du soleil qu'il est agréable de découvrir la vie de Bénarès, celle qui se passe le long des berges du Gange, sur les ghâts, ces escaliers qui mènent au fleuve. Promenade longue de plusieurs kilomètres elle offre une diversité de couleurs, de sons, d'activités qui fait qu'on peut y passer sa journée à regarder, bavarder, chanter, marcher...
Arrivée au premier lieu de crémation, un homme dont la famille détient "le feu éternel" pour allumer les brasiers, explique les rituels, le brasier au plus près du fleuve est pour les plus riches, celui oû trône les chiens sur la seconde image est réservé aux brahmanes et les plus pauvres se contentent du crematorium électrique derrière, mais les traditions millénaires ne seront pas respectées. Il faut 360 kg de bois pour brûler un corps et s'il n'est pas complèment consummé, les restes sont jetés au Gange et les poissons en feront leur affaire. Ce sont des familles d'intouchables qui sont chargées de ce travail funéraire et ce matin, ils trient les cendres pour récupérer des restes de bijoux.
Et quand la chaleur commence à monter il est facile de grimper, toujours plus haut, à travers les ruelles de la vieille ville, et de découvrir des paysages uniques...