samedi 29 août 2009

Science-fiction

Toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants n'est pas que pure coïncidence, bien sûr.
Imaginez un pays civilisé (si je peux appeler ça ainsi) en crise de partout, économique, écologique, morale, spirituelle. Il s'agit donc de prendre le temps de se poser les questions essentielles pour que la population présente et à venir puisse vivre dans des conditions optimales au niveau habitat, santé, éducation et acquérir des savoirs-être comme la tolérance, la solidarité, la bienveillance, la capacité à partager des idées et des savoirs, à construire ensemble, bref, un idéal républicain, comme "liberté, égalité, fraternité".
Des initiatives se mettent en place un peu partout, malgré les difficultés. Mais dans notre histoire, il n'y a pas que de braves petits nains qui chantent en travaillant, il y a aussi de gros ogres, de méchants loups et de vilains requins pour qui pouvoir, argent, puissance regorgent d'intérêt. Il est parfois intéressant de pouvoir initier du mal-être, de la peur et de la servilité (tiens, ça rappelle une certaine période de l'Histoire !).
Oh ! une épidémie de grippe, quelle bonne idée. On commence à faire partir ça d'un peu loin, du Mexique. Par hasard, on y construit un immense laboratoire à fabriquer des vaccins. Mais au bout d'un moment le Mexique fait long feu. Il faut propager ça dans les pays occidentaux et aussi en Asie, en Inde, au Japon, en Nouvelle-Calédonie.
Mais cette France de Gaulois résistants semble tout particulièrement touchée, non ? on pousse un peu plus le curseur "peur", on parle de pandémie, de vaccination de masse et on décide d'acheter 94 millions de doses de vaccins. Qui a décidé d'acheter tout ça ? Et avec quel argent ? (le nôtre bien sûr, augmentons encore le trou de la Sécu). Qui en profite ? (surtout ça !). Pourquoi ne laisse-t-on pas les gens qui veulent se faire vacciner acheter leur propre dose ? (et en plus, ces vaccins ne sont pour le moment qu'en cours d'élaboration... )
Et puis il faut montrer que cette épidémie peut toucher tout le monde. Si on vidait le Parlement ? ah, non, ça ne marche pas, il est déjà aux 3/4 vide avec ces délégations de signature... Le Sénat ? on pourrait inviter ces vénérables (le doyen a 83 ans et la moyenne d'âge est de 62 ans) à un grand repas (avec soupe à la bave de crapaud et gratin de lézard au sang d'araignée, oh, désolée, je sors du dernier Harry Potter). Non, encore plus fort, des sportifs, des vrais, des costauds avec une santé de chabal. Et après tout c'est possible, ils vivent souvent en atmosphère confinée, des vestiaires insalubres et poussièreux, sentant les chaussettes, des blocs sanitaires sans hygiène... (je suis désolée pour toutes les équipes d'entretien et les communes qui ont des vestiaires impeccables et des douches nickel). Et puis, ne lésinons pas sur le nombre, 7 d'un coup, comme sur la ceinture du petit tailleur du conte, et on va les faire tomber comme des mouches (car c'était bien ça dont il s'agissait). Super ! et on va y croire à votre histoire de géants aux pieds d'argile ? Bien sûr, et si nécessaire on enverra Gaci, Voilà et Pipol les surprendre dans leur villa de campagne masque sur la bouche et mouchoir en papier sous le nez.

Allez, c'est tout bon jusqu'à la semaine prochaine et j'ai hâte de connaître la prochaine trouvaille médiatique, car il va falloir faire très fort !

mercredi 26 août 2009

Lettre aux voisins d'en face

Ce matin, de mon balcon à 5 h 50, la vue sur la forêt d'en face, restée illuminée toute la nuit...
Mes Chers Voisins,
Si vous saviez comme j'ai longtemps hésité à vous envoyer ce message ! Mes yeux de petite fille éblouie par la beauté de la forêt illuminée me disent : non, pas tout de suite, c'est trop beau, ces grands arbres magnifiés par la lumière, ce feuillage d'un vert si tendre ou si profond qui reçoit, non seulement la lumière solaire, si intense cet été, non seulement la clarté lunaire quand "elle" est là, toute ronde au-dessus des ormes et des marronniers à baigner toute la colline de sa lumière laiteuse, mais aussi toute cette lumière artificielle, disposée artistiquement au sol pour offrir cette débauche de watts.
Non, pas tout de suite, me raconte mon imagination qui peuple ce lieu d'elfes, de fées et d'enchanteurs ; non pas tout de suite, me susurre à l'oreille mon désir de beauté qui chaque nuit se régale de ce décor théâtral qui semble prêt à accueillir un grand orchestre symphonique pour magnifier Verdi ou Wagner.
Mais quoi "pas tout de suite" ? Fermer la lumière, couper l'électricité, arrêter la magie, faire des économies d'énergie... Tous les soirs j'éteins même la veilleuse minuscule de l'écran d'ordinateur.
Alors ? Un peu de conscience planétaire ? Je reviens d'Inde, d'Udaipur où tous les matins l'électricité est coupée entre 9 et 12 h, plus de clim, plus de ventilo, même par 40° à l'ombre, de Jaisalmer où les coupures, elles, ne préviennent pas, c'est n'importe quand dans la journée, par saccades de quelques minutes à quelques heures, de Delhi où pour alimenter cette métropole aux désirs de capitale occidentale, on a construit un barrage sur un affluent du Gange qui est en train de finir de se remplir avec déjà des craintes de fissures, et de catastrophe annoncée.
Et encore ? Votre facture d'électricité doit probablement atteindre le montant de mon salaire mensuel, mais ce n'est pas moi qui paie, alors de koijmemêle ? De ce qui me regarde, de ma planète, de ses ressources qui s'épuisent, de ce que nous devons partager ensemble, de ce que nous laisserons aux suivants.
Alors, profitez de la forêt, des arbres, appréciez votre environnement exceptionnel, et supprimez cette pollution lumineuse, installez un minuteur comme dans les églises où il faut glisser une pièce dans la fente pour voir s'illuminer les voûtes millénaires le temps d'une photo. Merci de prendre conscience et d'agir pour la planète.
Cordialement,
Votre voisine d'en face.
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lundi 24 août 2009

Ensemble et avec amour

Nous sommes appelés à grandir ensemble. Toute cette merveilleuse semaine passée à Chardenoux sur le thème de "Bâtir l'avenir" ou comme l'a dit un des intervenants, ce serait plutôt "bâtir un autre avenir" (que celui qu'on nous propose actuellement) a été le creuset de réflexions pour le futur !
Des idées lumineuses, de belles phrases, ne pas oublier le principe fondamental de l'existence, ré-introduire la notion du Vivant dans nos relations pour être à la hauteur de nos engagements, retrouver respect et fraternité, incarner nos projets, évoluer, transformer nos façons de vivre ensemble pour nous relier à ce que nous avons de plus authentique en nous-même.
Et face à tout cela, qu'est-ce que je décide pour moi ? Quel sens je donne (ou je continue à donner) à ma vie ? Quelle porte j'ouvre ou je ferme face à la nature, face à l'humain, face au monde ? Déjà pouvoir intégrer la conscience de l'interconnexion dans mon quotidien. Sentir que je ne suis pas seule et que mes actions, quelles qu'elles soient, ont un retentissement dans l'univers... ça encourage à faire mieux, non ?
L'humanité entière a besoin de chacun d'entre nous... et je pense qu'il y a pas mal de gens qui se réveillent en ce moment, avec un désir d'ouverture, de lumière et d'amour. Marc Vella nous a touché en plein coeur avec sa "caravane amoureuse" et je ne peux que vous encourager à aller voir son site si vous avez envie de vous faire du bien !
Prochain rendez-vous pour se faire encore du bien : les 7, 8 et 9 novembre 2009 à Aix-les-Bains, un extraordinaire forum : Voix de femmes.

mercredi 19 août 2009

A Terre du Ciel...

Une semaine de rencontres, dialogues, communications, partages. Questionnements, interrogations, remises en place. J'enlève d'emblée tous les qualificatifs, superlatifs... L'essentiel est d'être là, à écouter, partager dans la chaleur de l'été bressan sous les grands marronniers de la propriété, avec en fond un violoniste qui nous régale d'improvisations aux accents irlandais pour cet après-midi...
Rajagopal, le leader indien d'Ekta Parishad est là pour nous présenter le grand nouveau projet de marche en Inde pour 2012. La situation en Inde est loin de s'améliorer, même si la grande marche de Janadesh 2007 a eu des retombées positives par la redistribution de terres aux plus pauvres. Mais des plus pauvres, il y en a de plus en plus : la construction de grands barrages, l'extension des multinationales et la voracité des sociétés minières obligent les populations tribales à s'exiler loin de leurs forêts nourricières.
Le développement conséquent du réseau routier où règnent maintenant de nombreuses autoroutes à 4 voies, le développement des commerces associés, stations-services, centres commerciaux, a privé de nombreux agriculteurs de leurs terres mangées par le goudron et, associé aux dettes engendrées par l'achat des cultures OGM, cela a engendré des vagues de suicide chez les paysans.
Les nombreux petits marchands des bidonvilles ont été déplacés, il faut maintenant faire "propre", les grands jeux du Commonwealth vont avoir lieu en octobre 2010 et il faut offrir au monde une vitrine plus "correcte". Des bidonvilles sont détruits, certains doivent être réhabilités, mais il faut aussi faire de la place pour de nouveaux immeubles où ne seront certainement pas relogés ceux qui vivent sous leur bâche.
Tout le développement actuel de l'Inde va à l'encontre des grandes idées gandhiennes "il y a assez de ressources pour les besoins de tous mais pas assez pour satisfaire l'avidité de tous". Les ressources naturelles sont détruites de plus en plus rapidement. "Il ne faut pas avoir une production de masse mais une production faite par les masses", or des millions d'emplois disparaissent avec la nouvelle économie. "Chaque fois qu'un plan est fait il faut vérifier s'il est fait pour aider les plus pauvres et les plus faibles". Or tous les projets politiques, économiques vont tous à l'encontre des ces grandes idées d'amélioration de la condition humaine.
Il faut ajouter à cela une violence systémique : exploitation des pauvres à outrance, corruption, abus innombrables. La marche non-violente est un vibrant message d'espoir et de renouveau.

Nous donnons la priorité à la mort nous dit Pierre Rabhi, présent à ces rencontres et la Terre n'est plus vue comme composée d'éléments indissociables, dont font partie la générosité, l'équité et l'amour.
Des messages d'espoir toute cette semaine avec de très nombreux intervenants oeuvrant pour la paix du monde, pour la sauvegarde de la planète, pour le bien-être de l'humanité...
Il y a urgence à tous nous réveiller et agir concrètement.

samedi 15 août 2009

Sita chante le blues

Un adorable film d'animation qui s'appelle "Sita chantes le blues", à ne pas rater pour les amoureux de l'Inde !! Il passe à Lyon au Comoedia à 21.45, horaire pas très sympa pour faire découvrir ce petit bijou...

Ce film est une évocation du Râmâyana, une légende indienne, sous forme de comédie musicale. Il raconte l'histoire de Sita, la femme de Rāma, prisonnière du démon Râvana.

Ce film a été entièrement réalisé, scénarisé, animé et monté par Nina Paley. Le film est composé de saynètes, chacune dans quatre styles différents. Il a reçu le Cristal du long métrage (le premier prix) au Festival international du film d'animation d'Annecy en 2008.

Retour au bercail

Pas de mousson en France, le temps est beau et chaud sur Lyon, pas de choc thermique trop violent. Je retrouve mon lit super confortable, la douche à la bonne température. En Inde, les réservoirs d'eau sont placés sur les toits terrasses et il est hors de question de pouvoir prendre une douche en pleine journée tellement l'eau est brûlante... Shiva, mon cuisinier préféré, me racontait qu'il fait cuire son riz directement en 15 minutes en le laissant simplement dans cette eau chaude tirée du conteneur ! Economie de gaz...
Et je repars pour une grande rencontre organisée par l'Institut Gandhi, qui s'intitule "Bâtir l'avenir, soutenir la vie" avec 40 intervenants, penseurs, philosophes, sociologues, chercheurs, thérapeutes, écologistes, syndicalistes, religieux, défenseurs des droits de l'homme, de l'environnement... Le leader indien d'Ekta Parishad, Rajagopal, sera là aussi.La grande marche de Janadesh 2007 organisée par Ekta Parishad avec Rajagopal.
Exposés, partages d'expériences, réflexions, innovation, changement, quelles actions vont en sortir ? Car ce n'est pas tout de penser, il faut aussi agir et de nombreux porteurs de projets seront là aussi. Belle semaine enthousiasmante en perspective pour envisager un avenir différent de celui proposé par la Bourse, la course à la consommation et au profit. Mais j'ai l'impression de revivre du déjà vu... les mêmes types de réflexion que dans les années 1968-75 ! Eternel recommencement ?

lundi 10 août 2009

Petites conversations entre amis

Me voilà revenue à Delhi, dans une chaleur de four, prête à rotir... Toujours pas de pluie, ni à Udaipur d'où j'arrive, les rivières sont à sec, le paysage est cependant vert grâce à une pluie d'il y a 15 jours, mais Udaipur sans la pluie pendant la mousson, c'est bizarre... La spéculation marche à fond pour faire augmenter le prix des légumes et les lentilles sont à maintenant 100 roupies le kilo (1 euro = 66 à 68 roupies), ce qui est énorme.
Partout on commence à organiser la nouvelle saison de mariage, après la mousson, et c'est l'occasion de discuter. Au Rajasthan les traditions sont bien vivantes et les mariages sont pratiquement tous arrangés par les parents. Yogi, qui dirige un hôtel, m'invite pour son mariage le 30 janvier prochain et je lui demande s'il connait sa future femme. Non, ce sont mes parents qui décident de ma vie me répond-il. C'est aussi simple que ça et il n'y a rien à dire. En papotant ensuite avec le bijoutier, il me raconte qu'il était amoureux d'une fille et c'était réciproque... mais pas de la même caste. Alors, ils se sont mariés chacun de leur côté avec le sentiment de respecter la volonté des parents. Mais la lumière un peu triste dans ses yeux quand il m'en parle montre bien que cet amour impossible est toujours présent. Je lui demande alors ce qu'il fera pour ses propres enfants. Pas question de déroger aux traditions... même s'il en a lui-même souffert, il pense qu'il est trop contraignant d'affronter le regard des voisins, le risque de rejet de la caste, que ce sera trop difficile et pour la famille et pour le futur couple. Et personne n'ose faire le premier pas ! Il en faudra pourtant un !
De même une veuve n'a pas le droit de se remarier. Doucement des exceptions confirment la règle mais là encore affronter la famille et la belle-famille surtout est souvent impossible. Et ma jeune amie veuve qui se laisse regarder par son collègue de travail, ressent pour la première fois de sa vie, d'étranges sensations du côté du coeur... mais ce collègue est marié et louche aussi sur une autre collègue... de quoi créer bien des perturbations dans ce monde clos et frustré. Et les conseillers conjuguaux sont une profession à inventer.
Avec l'entrée en force de la télévision, d'internet et du cinéma de plus en plus osé (on voit les actrices de plus en plus déshabillées, même si le baiser sur la bouche est encore tabou, plus pour très longtemps), les traditions vont se perdre doucement et je pense qu'il va y avoir une génération qui va souffrir... A suivre !
Et sur toutes ces questions de mariages arrangés et de relations avec un ou une occidentale, voir une discussion fort intéressante dans Voyageforum.com, cliquer ici

jeudi 6 août 2009

Pilule et naissance

Quelques informations piochées dans le Times of India de ces derniers jours : 13 millions d'avortements en Chine chaque année en sachant que les petites cliniques rurales ne sont pas comptées dans ces statistiques. Et en Inde, si dans les petits villages, les jeunes ne sont toujours pas au courant des questions de contraception ou comment faire des bébés, dans les villes les jeunes filles se libèrent sexuellement ! Un grand article (inquiétant !) sur la pilule du lendemain qui semble être largement utilisée dans certains milieux comme moyen de contraception habituel et qui indique même que des jeunes filles l'utilisent plusieurs fois par mois, créant ainsi des perturbations conséquentes sur le cycle ou des hémorragies excessives. Par contre, le directeur du marketing du laboratoire pharmaceutique fabriquant les pilules "Unwanted 72" se réjouit de voir que les ventes sont extraordinaires et que le chiffre d'affaires augmente de 50% chaque mois depuis avril dernier. Et dit-il on peut facilement repérer quelles sont les utilisatrices fréquentes, donc pas de souci !!
Les effets secondaires de cette pilule restent cependant importants et l'article les détaille suffisamment pour mettre en garde contre une utilisation répétée.

mercredi 5 août 2009

Voyage à Barmer


Barmer, ville commerçante dans le désert du Thar, qui commence à devenir une ville riche car on y a trouvé du pétrole, ses dunes, pas touristiques pour trois roupies, pas grand chose dans les guides, à plus de 150 km au sud de Jaisalmer et 3h30 de bus est renommée pour son artisanat : tissages traditionnels, teintures végétales, impression manuelle par blocs sculptés, sculptures sur bois, tapis de laine...
A Delhi, j'avais eu cette adresse d'artisan de Barmer et hier matin, hop dans le bus à 6h30. C'est le bus des instits, tout le monde lit le journal, papote agréablement et les nombreuses jeunes femmes, parfois arrivées à la dernière minute assises en amazone à l'arrière d'un scooter conduit par un frère ou un mari, s'égrènent tout au long des vingt-cinq premiers kilomètres, de carrefour improbable en école invisible au bout d'un chemin encore carrossable. La profession s'est féminisée ici aussi. Certaines feront bien une heure de bus pour aller faire ensuite un kilomètre dans la campagne pour retrouver leur petite école.
J'arrive à Barmer à 10 h, prend un rickshaw (taxi local) et me rend à l'adresse indiquée, c'est son adresse personnelle, il me faut donc ensuite partir vers la fabrique dans la petite banlieue. Je me présente, le patron me reçoit, et chaque fois je suis tellement agréablement étonnée de la façon dont tous les gens me reçoive, si gentiment, prêts à me donner leur temps autant que j'en aurai besoin... Il me fait visiter les lieux, des baraquements, des cuves en pierre pour la teinture, cela fait un peu taudis. C'est le seul artisan actuel ici faisant toutes les impressions sur tissus entièrement à la main et avec des couleurs naturelles végétales : les feuilles d'indigo pour le bleu, l'écorce de grenade pour le jaune, etc. La préparation de l'indigo a été commencée il y a 60 ans et chaque litre utilisé est remplacé par un nouveau litre de décoction (feuilles trempées 15 jours dans l'eau), ce qui donne une couleur dense et profonde. Les écorces de grenade sont mises à bouillir 24 h avec le tissu, et la consommation est de 10 à 12 tonnes par an. Les achats de matières premières se font par camion une seule fois par an.
Il faut le travail de 25 personnes par jour pour faire l'impression de 50 à 70 mètres de tissu de une à trois couleurs. Chaque personne s'occupe d'un bloc sculpté (qui peut faire 5 cm sur 5 ou 20 cm sur 20 en fonction des dessins sculptés) qu'il trempe délicatement dans un bac de peinture végétale et applique avec une régularité d'horloge sur le tissu, et ceci sur 6 m de longueur, et recommence sur un autre tissu.

Le suivant reprend le premier tissu et applique un second bloc sculpté sur le premier dessin pour le compléter et rajouter une couleur et ainsi de suite.
J'avoue avoir été pleine d'admiration pour un immense dessus de lit imprimé réversible de façon absolument symétrique et parfaite, composé avec 30 mille impressions de blocs, il faut un an pour le faire, et seules douze pièces par an sont faites de cette façon.
Seulement dix clients en Inde, dont le plus important est Fabindia qui s'occupe des exportations.
Trente mille litres d'eau sont nécessaires tous les jours. L'eau provient de deux puits personnels et n'est tirée que deux heures par jour. Chose incroyable dans le désert, ces puits (100 m de profondeur) ont toujours fonctionnés depuis des générations. L'eau peut être recyclée pour l'agriculture car seuls des végétaux sont utilisés.
Je vais ensuite rendre visite à une plus grosse entreprise d'artisanat qui fait travailler mille personnes chez elles et 520 à la fabrique : couvre-lits, coussins, sacs de toutes tailles, tout est brodé à la main avec des motifs traditionnels, inclusions de petits miroirs, applications, fils d'or ou d'argent... Peu d'ouvriers en ce moment car pendant la période de mousson, tout le monde s'occupe de ses champs et lopins de jardin, mais je peux voir un ébéniste sculptant délicatement des montants de lit, des tisserands, des menuisiers... Le patron m'emmène ensuite dans son gros 4x4 climatisé me montrant ses projets d'éco-tourisme dans la dizaine de kilomètres autour de Barmer ! Il pense que d'ici peu, les touristes viendront et il sera prêt à les accueillir, restaurant, hôtel, promenade dans les dunes...
Il me dépose juste à temps pour le départ du bus, même chauffeur tranquille que ce matin pour venir. Et au crépuscule, entre vaches et buffles, se dessinent les éoliennes de Jaisalmer.

lundi 3 août 2009

Tout augmente, en Inde aussi.

D'après le Times of India du 20 juillet dernier le prix de l'alimentation a augmenté de 20% cette année. D'après les amis indiens et tout ceux que j'ai interrogé, nul besoin de lire un article dans le journal pour savoir que c'est bien la vérité.
Lors de notre dernière visite le 23 juillet dernier au centre du Dr Tulsi à Bénarès (voir les articles déjà écrits sur l'association DISCC-DEVA), celui-ci nous avait raconté les difficultés financières auxquelles le centre est confronté : trouver de l'argent pour la pré-école de Gangotri afin de payer la location des lieux, l'électricité et l'eau, le salaire des institutrices, bien trop peu payées (2500 roupies par mois alors qu'il faut maintenant une moyenne de dix mille roupies pour pouvoir faire vivre une famille de quatre personnes) pour le dévouement qu'elles montrent quotidiennement pour les 25 élèves de l'école. Même si le dévouement ne se paie pas, de nombreux instituteurs gouvernementaux sont payés trois fois plus pour parfois juste faire de la surveillance de petits jeux ou tout simplement s'absenter, car il est reconnu que la conscience professionnelle n'est pas le point fort pour beaucoup d'entre eux...
Le Dr Tulsi nous dit l'augmentation des produits alimentaires de base, les tomates qui sont passées de 10 à 30 roupies le kilo, les pommes de terre de 7 à 15 roupies, les oignons de même, et dieu non, Shiva, sait comme c'est un produit de base et consommé par kilo dans la nourriture quotidienne indienne, la farine à chapati (le pain indien) de 10 à 15 roupies, les lentilles de 30 à 70 roupies et ce plat familial traditionnel considéré comme un plat de pauvres, devient un plat de riches... Il nous raconte aussi les difficultés pour trouver un terrain pour construire une école, le tourisme et les constructions d'hôtels faisant augmenter les prix des terrains le long du Gange. Son rêve : avoir un internat pour les handicapés mentaux qui ne sont accueillis que pour la journée, et pouvoir faire plus.. il a reçu cette année plus de mille demandes pour son centre ! Et toujours aucune subvention de l'état, du gouvernement ou de qui que ce soit, seuls les dons et le soutien financier en particulier de Français lui permet de continuer son oeuvre.
Nous touchons juste du bout des doigts les difficultés sociales, pas de sécurité sociale, les handicapés n'ont ni place ni statut dans cette société (mais qu'en était-il chez nous il n'y a pas si longtemps et encore maintenant... ), seuls les riches ont accès aux soins, il y a bien des hôpitaux publics, mais il faut avoir de la patience et du temps... (on y vient doucement chez nous aussi, on fait les choses à l'envers).
Officiellement les prix en juin dernier ont augmenté en un an de 13 % pour les céréales, de 17 % pour les légumineuses (pois, lentilles, haricots), et de 24 % pour les légumes.
Pour les salaires, les femmes intouchables sont toujours à 50 roupies par jour (1 euro=66 roupies) pour casser des cailloux, transporter de la terre ou des briques sur leur tête, ou travailler durement dans les champs...
Et dans le Times of India du 23 juillet en première page, la nouvelle dont en Inde tout le monde se fout mais Sar(cosy) comme le nomme le journal et Carla ont visiblement la cote dans ce pays de maharajahs déchus, on apprend qu'ils dépensent 660 livres sterling, soit 775 euros chaque jour pour s'offrir des fleurs... de quoi payer chaque jour plus de 1000 intouchables à 50 roupies.

dimanche 2 août 2009

Gayatri Devi n'est plus

En Inde elle est célèbre, mais qui la connait ailleurs ? Celles et ceux qui ont lu "Une princesse se souvient".... C'était la maharani de Jaipur et elle vient de mourir le 29 juillet à l'age de 90 ans. Née le 23 mai 1919, elle était la fille du maharajah de la dynastie des Koch du Cooch Behar au Bengale. Elle a fait des études en Suisse et à Londres et à 19 ans elle tombe amoureuse (et réciproquement) du maharajah de Jaipur, qui avait déjà deux épouses. Ses parents ont quand même un peu fait la tête... ce qui peut se comprendre. Mais elle deviendra la troisième maharani de Jaipur de 1939 à 1970. Elle a été désignée par Vogue comme faisant partie des plus belles femmes du monde. Elle entre en politique en 1962 et elle s'en retirera en 1971.
Elle s'est beaucoup occupée de l'éducation des filles et a libéré les femmes du "purdah", cette réclusion obligatoire où les femmes ne devaient jamais se montrer en public.
Les journaux indiens, tant locaux que nationaux en ont fait leurs gros titres pendant trois jours, prouvant l'importance de cette femme hors du commun.A lire : "une princesse se souvient" (1976) sorti aussi en poche, mais sans les très nombreuses photos de l'édition originale, à voir : "Memoirs of a hindu princess" de François Levie.