mercredi 30 mars 2011

Cricket

New Delhi, Pahar Ganj, dans les rues règne une ambiance de kermesse, drapeaux indiens, T-Shirts aux couleurs de l'Inde : orange, blanc et vert, un écran géant au beau milieu de la rue avec des rangées de fauteuils en plastique, des gens assis sur les marches des boutiques, tous les yeux sont rivés sur les écrans télé installés de partout dans la rue depuis 14h30. L'Inde ne vit que pour cette demi-finale de coupe du monde de cricket contre le Pakistan. Le match va durer jusqu'à ce soir 22 h et là si l'Inde gagne, ce sera le délire ! Même ce soir au restaurant avant de vous proposer la carte, le garçon vous apporte sur un plateau trois pots de peinture et des pinceaux et vous demande si vous les voulez au pinceau ou au doigt ? Quoi ? les traits sur vos joues bien sûr ! Je me suis laissé faire pour le plaisir de partager ce moment avec l'Inde entière. Je ne comprends strictement rien à ce jeu mais c'est délirant de voir les réactions de la foule !
La publicité entre chaque coup de batte n'arrête pas de jouer avec cette balle de cricket, que ce soit pour de superbes voitures, des croquettes de petit déjeuner ou des ventilateurs, dont on commence à avoir bien besoin. Je voudrais connaitre le coût de la minute de pub au milieu d'un tel match que des centaines de millions de personnes regardent ! Si ça se trouve je vais ouvrir le poste de télé en rentrant dans ma chambre d'hôtel pour savoir qui a gagné !

Tiré d'un article du journal La Croix du 30 mars 2011 de Vanessa Dougnac
"Le cricket réussit là où la politique peine. Aux yeux des millions de fans, ce sport est comme sacré, et les joueurs perçus comme des demi-dieux. La confrontation est attendue avec passion. La fièvre monte, la tension est électrique.

Durant sept heures, la retransmission du match par radio et par télévision va tenir en haleine tout un sous-continent. La vie des villes et des villages sera au ralenti, au seul rythme des «runs» du stade de Mohali.

Il régnera une ambiance de « couvre-feu », prédit Imran Khan, ancien joueur célèbre et politicien pakistanais. Les deux équipes, parmi les meilleures au monde, ne se sont pas retrouvées à un si haut niveau de compétition depuis des années. Elles visent le trophée de la victoire, remporté par l’Inde en 1983 et par le Pakistan en 1992, soit une égalité parfaite pour cette rencontre au sommet.

Indiens et Pakistanais savent aussi savourer le plaisir du sport. Ils connaissent chaque joueur de l’équipe adverse. Le match est l’occasion rare de partager une même culture."

lundi 28 mars 2011

Toujours l'eau

A la pompe, presque plus d'eau déjà...

L'eau est vraiment un problème vital dans le monde entier et plus encore dans les petits villages tribaux que nous visitons qui ont vendu leurs terrains à des industries, quelles qu'elles soient. Aujourd'hui à Pugadu Kubatoli à une quinzaine de kilomètres de Ranchi la capitale de l'état, les habitants ont vendu il y a très longtemps déjà une bonne partie de leurs terres agricoles à des usines. A l'époque tout le monde était illettré et il a suffi de 2 ou 3 ans de sècheresse probablement pour que les agriculteurs d'alors cèdent leurs terres qui ne rapportaient plus rien en échange d'un travail à l'usine, immédiatement plus rémunérateur. Maintenant, dans ce village, il n'y a plus d'agriculteurs, les usines à proximité utilise l'eau qui pourrait servir à l'irrigation, mais maintenant les habitants gardent précieusement leurs titres de propriété.
Nous regardons les titres de propriété, enfin on en tient un, depuis le temps qu'on en parle !
Mais, plus de terres agricoles, il faut travailler à la ville ou dans les villages alentour et se louer à la journée. Ou travailler à l'usine pour 80 roupies (1,30 euro) par jour.
Quant à l'eau, il n'y en a plus guère au fond du puits et elle est inutilisable, la mare à côté qui sert comme de partout de salle de bains, pour faire la lessive et la vaisselle, ne peut se remplir que pendant la mousson avec la pluie. Pendant l'été c'est l'état qui est obligé de pourvoir aux besoins en eau de la population en envoyant des camions citernes.
Les gens du village sont sympathiques et nous expliquent leurs difficultés. Nous sommes expressément invités à visiter aussi leurs maisons, très propres. Le sol est en terre battue, les pièces sont sans fenêtre et il y a souvent une grande famille : les parents, les enfants, souvent mariés, les petits-enfants. Il y a parfois l'électricité quand ils peuvent payer la facture.
Une grand-mère nous offre un concombre, les jeunes enfants de l'école maternelle attendent leur déjeuner sagement assis dans leur petite salle de classe, les femmes viennent nous voir pour discuter, c'est la vie de village...
Photos Michèle M.

dimanche 27 mars 2011

Soleil, riz et bonheur


Avec les formateurs des villages nous visitons les rizières et ils nous expliquent les nouvelles techniques agricoles pour une meilleure récolte. Ce sera la premère année de cette méthode et bien sûr, les résultats vont être suivis avec grande attention par tout le village.
Pour ce dimanche, dans la région de Ranchi, un beau village tribal, un petit barrage qui permet une irrigation facile et de belles rizières. Des formateurs qui aident les agriculteurs à une nouvelle facon de travailler le riz. Enfin, nous sommes sortis du charbon et du fonds des puits sans eau... On peut imaginer ce village heureux, le marchand de glaces venait de passer et tous les gamins avaient la langue orange de plaisir à suçer leur glacon. Quelques images avant que je ne me fasse dévorer par les moustiques voraces du cyber café.

samedi 26 mars 2011

Comme un silencieux génocide ?

Hazaribag, Ramgarh, Ranchi, la route des mines...
L'Inde, 28 états, et quelques uns comportant des tribus dont pour le centre-est de l'Inde : l'Orissa, le Bihar, le Chattisgarh et le Jharkahand, ces 2 derniers états étant nouvellement créés à partir du Bihar en l'an 2000, suite à une demande spécifique des peuples tribaux.
Les peuples tribaux sont les premiers occupants de ces terres. Un mixage sociétal de peuples tribaux et non tribaux s'est produit au cours des siècles et on dénombre de nombreuses religions : animistes, jain, bouddhiste, hindouiste, musulmane, chrétienne en fonction des peuples qui s'y sont installés. Les peuples tribaux sont connus sous le nom de "Adivasis" le plus souvent utilisé (de "van vasi" le peuple de la forêt).
Le premier recensement des tribus a été fait en 1872 et on en a dénombré alors 18, regroupées en 5 classes en fonction de leur population. Actuellement on en dénombre 33 et elles représentent 27 % de la population du Jharkhand. Depuis des siècles, ces tribus sont socialement indépendantes, sont fières de leur culture et traditions et de leur mode de vie dans la nature qui les nourrit et les protège.
Alors, qu'est-ce qui vient troubler cette harmonie ? Ici au Jharkand tout a changé après le départ des Anglais dans les années 1950. On a découvert que ces tribus vivaient au-dessus de richesses considérables. Des mines de charbon, de bauxite, de cuivre, de nickel, de fer et même d'or et d'argent. 33 sortes de mines ont été dénombrées au Jharkhand, qui représentent 40 % des ressources minérales du pays. Et de grands trusts, soit gouvernementaux, soit privés se sont emparés des terres.
Des titres de propriété ? Quand on est illettré et qu'on occupe le sol depuis des siècles, qui s'en soucie ? Donc : déplacements massifs de population, rejets des tribus hors de leurs forêts afin de pouvoir creuser et exploiter ce sous-sol.
Les villages tribaux que nous visitons en ce mois de mars 2011 sont devenus pauvres parce qu'ils vivaient au-dessus de trésors, vite exploités par d'autres une fois trouvés. Et actuellement un organisme spécialisé continue de prospecter pour en trouver d'autres.
La société industrielle les a assoiffés et affamés. La nature avec une sècheresse depuis deux ans complète les difficultés à surmonter.
Les villages sont situés en bordure des mines qui s'étendent sur des hectares et progressent au fur et à mesure de l'épuisement des filons. Les habitants se retrouvent sans aucune terre cultivable, leur forêt détruite, les puits presque à sec car les mines ne sont pas comblées en fin d'utilisation et l'eau de pluie s'enfonce de plus en plus profond dans le sol.
Prise de conscience depuis une vingtaine d'années, de nombreuses ONG se préoccupent du sort des tribus et des lois de conservation ont été votées. Mais l'argent est plus fort que la justice ici.
A Ranchi ces 25 et 26 mars, 91 ONG sont représentées dans une grande réunion dont 60 personnes issues des tribus. Il s'agit de faire le point sur la situation, proposer des solutions, et agir ! La grande marche d'octobre 2012 proposée par Ekta Parishad fait partie de ce programme. Le gouvernement essaie de discréditer Ekta Parishad en les traitant de maoistes/naxalites, qui sont un groupe de revendication agissant dans la violence (attentats, bombes, attaques de la police) et qui sont d'autre part soutenus financièrement par de nombreux trusts industriels accomplissant des actions illégales.

jeudi 24 mars 2011

Rencontres

Photo : Michèle M.
Hier dans un village nous sommes entrés dans une pièce minuscule, comportant quelques affiches sur le mur, montrant les fruits, les légumes, les lettres de l'alphabet, et toute une série sur la femme enceinte, son alimentation, les besoins du bébé.
La femme qui était là tenait à la fois le rôle d'institutrice pour les enfants de 2 à 5 ans, 35 dans cette pièce minuscule sans fenêtre, d'assistance sociale, de conseillère familiale. Elle assure le suivi des grossesses, vérifie la courbe de croissance des nouveaux-nés. Poste payé par le gouvernement 1200 roupies par mois soit 20 euros ! Femme dévouée, aimant son travail et certainement de bons conseils pour tout son environnement. Qu'elle soit donc remerciée pour son travail et son désintéressement...D'autres rencontres, certaines informelles comme celle-ci dans la rue pour discuter avec les gens des problèmes de la mine, de la pollution, de la santé... dans cette région où tout est noir et crasseux.
D'autres rencontres sympathiques sur le bord de la route : des femmes venant de ramasser des sortes de grains de raisin qui tombent des arbres durant la nuit et qui s'appellent "mahua". C'est ce qui sert à faire du "vin" dans cette région. La période de cueillette est mars-avril et on voit de nombreuses personnes accroupies sous les arbres le matin en train de ramasser ces fruits. Il faut les mettre dans un pot avec du sucre brut pendant deux jours au soleil. Faire ensuite bouillir trente minutes. Pour un kilo de mahua on obtient trois litres de vin autour de 10 degrés. Ca ne vaut pas le petit blanc du Père Bois pour les connaisseurs, mais quand on n'a que ça à se mettre dans le gosier...

mercredi 23 mars 2011

Le droit à l'eau

Les femmes puisant de plus en plus profond pour un accès à une eau qui n'est plus potable.
La mare toute proche sert de salle de bains, pour la vaisselle et la lessive.
Cette après-midi nous partons dans un village de tribaux situé non loin d'une grande mine de charbon à ciel ouvert. Nous allons au puits où se trouvent les femmes en train de lancer leur seau au fond du puits pour en remonter une eau plus que trouble, avec de la terre car il n'y a pratiquement plus d'eau. Les femmes autour du puits nous expliquent les problèmes que leur pose le manque d'eau.

Les enfants attrapent la dysenterie et la thyphoide, les femmes viennent faire la queue à minuit après quelques heures de repos du puits pour que l'eau puisse remonter un peu.On distingue au fond l'exploitation minière

L'industrie minière est venue s'installer tout près du village en 1981 et les habitants qui possédaient un peu de terre ont vendu à un vil prix leur 3 acres de terre avec une promesse d'emploi dans la mine. Et c'est ainsi que 40 familles ont perdu leur terre contre un emploi mais ont perdu aussi la possibilité de cultiver, et d'avoir de l'eau. La mine est épuisée maintenant, les trous auraient du être comblés par du sable ou des cendres mais corruption oblige, cela n'a pas été fait et l'eau de pluie va se perdre de plus en plus profondément dans des nappes phréatiques de plus en plus basses donc difficiles à exploiter. Quelques hommes du village exploitent pour eux quelques filons de charbon restés exploitables et font des kilomètres avec leur vélo, chargés comme des mules, pour aller revendre le charbon aux villes proches. Cela leur prend deux jours pour faire le trajet et les livraisons et ils gagnent une roupie du kilo.Entre Ramgarh et Ranchi, sur la route qui monte de l'aide pour pousser le vélo et ses 400 kilos de charbon !
Même pas de quoi nourrir leur famille. Les femmes et les enfants viennent trier dans les tas de poussière pour récupérer des morceaux pour la cuisine.

Jharkhand : forêts, tribus et pollution

Me voici au Jharkahnd avec mes deux complices et notre équipe de travailleurs sociaux, bien occupés à organiser des manifestations, défilés, stages... et visites de villages tribaux pour nous faire toucher du doigt et prendre vraiment conscience des problèmes de droits à la terre, à l'eau...
Hier matin nous sommes accueillis dans un village de la tribu des Birhor, les gens se regroupent autour de notre lit en cordes pour nous parler de leur vie. Olivier qui parle hindi sait suivre les conversations, poser les questions, et la confiance se fait tout de suite. La guérisseuse du village vient nous montrer ses plantes enveloppées dans des bouts de chiffon, là c'est pour les calculs rénaux, cette racine pour la tension, etc.La guérisseuse du village et ses plantes.
Pas besoin de médecin, ils ont tout ce qu'il faut dans la forêt proche. Le seul inconvénient c'est que les mines de charbon à ciel ouvert ici, gagnent du terrain et avancent inexorablement vers la forêt les privant de leurs ressources.
La veille nous sommes allés visiter une immense mine de charbon possédée par le trust Tata. Accompagnés par "le voisin du cousin qui a son beau-frere qui travaille là", etc, nous voici dans la mine, au bord de ce trou immense, mais personne... ah ! oui c'est Holi ! tout le monde a pris des congés pour rejoindre sa famille et jouer aux couleurs... mais aussi, il va y avoir une explosion ? c'est aussi pour ca qu'il n'y a personne ? il ne faut pas rester là ?Il ne faut pas rester la ? "Explosive women" ! Photo Olivier C.
Mais nous avons vu sur des hectares, les trous, les dégats sur la nature, les routes, les arbres, les maisons, tout est recouvert d'une couche noire.Le village avec la mine en arrière-plan (photo perso)
Et la mine dévore les terrains en laissant derrière la désolation et des terres infertiles. Et il y a aussi la bauxite, le mica, le fer, le tungstène, l'uranium... Le Jharkhand est riche en mines de toutes sortes. Mais quels dégats collatéraux... La mine à ciel ouvert qui dévore les terres...
Photos de Michèle M.

dimanche 20 mars 2011

L'Orissa met l'oppression hors la loi

Bénarès, après la folie de ce matin où tout le monde se mettait des couleurs de partout et où je suis restée sagement avec beaucoup d'autres femmes dans mon petit hôtel au bord du Gange, regardant du balcon les faces hilares et peinturlurées, je reprends le train de nuit pour partir un peu plus à l'Est, dans le Jharkhand, pour rendre visite à quelques villages tribaux en compagnie d'une amie, Michèle, psychothérapeute, d'un travailleur social, Birendra (qui est venu en France en juin-juillet dernier, voir le blog) et d'Olivier, journaliste (qui a écrit l'histoire d'Inam le petit tailleur de Mussoorie dans le dernier numéro de la revue XXI, en vente dans toutes les librairies jusqu'à fin mars).
Je viens de lire dans le Times of India un article édifiant concernant l'Orissa, un état situé au sud du Jharkand et comportant aussi de nombreux peuples tribaux et de basses castes.
En 2002, un instituteur de haute caste, Baghambar, de la région de Brahmagiri en Orissa commença une bataille longue et solitaire pour mettre fin au "bartan system" une sorte d'esclavage typique dans cette région. Ce système permet aux hautes castes d'employer des personnes de basses castes pour n'importe quel petit travail non qualifié en échange de 15 kg de riz par an. Quand on sait qu'une famille indienne moyenne a besoin de 2 kg de riz par jour pour vivre, cela signifie que ces gens travaillent -même pas pour des prunes- 51 semaines dans l'année. Et l'environnement social est tellement rigide qu'un boycott social très fort se fait en cas de révolte contre ce système. (C'est ce qu'on appelle l'oppression intériorisée). Par exemple, Braja, 65 ans, veut arrêter de travailler sous ce système. Le village entier se ligua contre lui et il a eté en punition, obligé de servir les 200 familles de hautes castes du village. Dans un village voisin, Aparti, 50 ans, arrête ce travail de bartan qu'il devait faire avec le chef du village. On lui a interdit d'emprunter la route du village et on l'a menacé d'une amende de 5000 roupies s'il parlait à un autre villageois. Quand Babula refusa de laver les pieds des invités à un mariage de haute caste, il fut purement et simplement rejeté du village.
Seule la courageuse et tenace opposition de cet instituteur pendant dix ans a permis l'interdiction de cette servitude injuste le mois dernier. La lutte a été d'autant plus difficile que l'état d'Orissa refusait d'admettre le statut "d'esclave" car ces gens vivaient dans leur propre maison et étaient libres de leurs mouvements. D'autre part, cette pratique était ancienne et profondément ancrée dans la mentalité de la population. Mais l'instituteur obtint l'aide précieuse du NHRC (National Human Rights Commission) en 2008 et arriva à montrer que ces servitudes obligatoires devaient être définitivement bannies (plus de mille dossiers déposés en 2008).
Bravo pour son courage, sa ténacité et sa lutte pour libérer ses concitoyens. Egalité est un mot, qui en Inde, n'a pas encore de sens pour beaucoup.
Pour la suite des aventures, pas sûr de trouver un ordinateur...

samedi 19 mars 2011

Pour un Holi écologique

Tout ce qu'il faut pour arroser, teindre, pistolets à eau, seringues, le tout "made in China" !
La fête de Holi qui symbolise le printemps, la joie le renouveau, et aussi l'arrivée de la chaleur en Inde du Nord est un peu notre Mardi-Gras et le "carnaval des fous". Holi a lieu à la pleine lune de février-mars. Tout le monde en Inde aime cette fête où l'on se jette de l'eau colorée, de la poudre, où tous les tabous sont levés, plus de castes, plus de hiérarchie. On règle aussi ses comptes pour commencer une année nouvelle avec tout son environnement social et familial. Le problème : la toxicité des couleurs, certains utilisent du cirage pour badigeonner le visage et à midi, la fête finie, il faut se frotter, poncer, laver, désincruster, pour retrouver une apparence correcte et la peau apprécie peu ce type de démaquillage. Cette année dans le Times of India du 18 mars, un article pour fabriquer des couleurs naturelles et écologiques. Voici donc les bonnes recettes pour se faire apprécier par tous quand vous voulez transformer vos amis en arc-en-ciel :
Pour le jaune : mélangez de la farine de pois chiches ou du talc avec du curcuma. Vous pouvez aussi faire sécher des fleurs jaunes, des oeillets d'inde ou des chrysanthèmes jaunes puis les écraser en poudre fine. Mélangez ensuite avec la farine et jetez sur vos copains !
Le rouge, la couleur préférée pour Holi ! Plutôt que de badigeonner vos amis avec une pâte chimique gluante et graisseuse, offrez-leur de la poudre de santal rouge, bonne pour la peau. Vous pouvez aussi faire sécher des fleurs d'hibiscus rouges pour en faire une pâte. Ou les laisser tremper une nuit pour obtenir de l'eau colorée.
L'orange : le safran, ca sent bon ! On raconte que le dieu Krishna jouait Holi avec ses vachères avec des fleurs jaunes connues sous le nom de "flamme de la foret" qui sont comme des grappes de glycine jaune. Vous pouvez les faire bouillir ou les faire tremper une nuit pour obtenir une belle et odorante couleur orangée. Vous pouvez aussi les faire sécher et les mixer avec de la poudre de santal pour obtenir une pâte douce et odorante.
Pour le vert, utilisez de la poudre de henné mélangée avec de la farine jusqu'à obtenir une belle couleur verte. Seules les feuilles du henné trempées donnent de la couleur et le henné sec s'enlève facilement par brossage. Ceux qui aiment mettre de la couleur dans les cheveux le feront avec de la pâte de henné et économiseront à leurs amis une séance de coloration chez le coiffeur !
Pour faire de l'eau rose, couper quelques betteraves rouge en tranches et faites les tremper une nuit ou faites les bouillir quelques minutes.
Pour le noir, faites bouillir des mûres ou des fruits d'amla (fruits indiens bourrés de vitamine C) dans une casserole en fer pendant quelques minutes. Les dissoudre dans l'eau et utiliser.
Donc cette année pour Holi, soyez écolos et vos amis vous apprécieront...
Mais à voir les marchands de couleurs habituels sur le marché on est loin de voir ces bonnes recettes appliquées !Photos de Michèle M.

jeudi 17 mars 2011

Energie nucléaire

Bien sûr après la tragédie japonaise tous les pays se posent des questions concernant la sécurité de leurs centrales nucléaires pour ceux qui en ont. L'Inde en possède 20 et le premier ministre a tout de suite rassuré la population. Rien n'est pareil, les mesures de sécurité sont différentes, etc. On connait tout ca par coeur jusqu'au moment où l'inattendu se produit... Les scientifiques ont donc tous dit que les centrales nucléaires indiennes avaient des profils de sécurité parfaitement vérifiés et que tout a été conçus en fonction des pires scénarios imaginables (sauf, on vient de le voir, qu'on n'imagine pas toujours le pire).

L'Inde possède 20 centrales en état de marche, en Uttar Pradesh (Narora), Rajasthan (Rawatbhata), Gujarat (Kakrapar), Maharashtra (Tarapur), Karnataka (Kaiga), Tamil Nadu (Kalpakkam). Deux nouvelles centrales sont en cours de construction avec l'aide soviétique a Kudankulum au Tamil Nadu.

Sur les 20 centrales, deux situées à Tarapur sont avec des réacteurs de même type que la centrale Daiichi de Fukushima au Japon, dont 3 des 6 réacteurs ont explosé et dont le 4e a pris feu après le tsunami. La réponse des officiels indiens a été de dire qu'une situation pareille ne pourrait pas se produire en Inde, que la construction de ces 2 centrales ainsi que le stockage du fuel étaient différents.

Aucun des réacteurs nucléaires indiens ne se trouvent en zone 5, le niveau le plus dangereux au niveau des secousses sismiques. En dehors de la centrale de Narora située en zone 4 et qui comporte "des standards de sécurité très élevés", la plupart des autres centrales se trouvent en zone 2. Je ne sais pas si ceci peut être réellement rassurants pour l'avenir de l'Inde et du monde ! Voir les autres centrales aussi à Taiwan...

Quand on voit que le barrage de Tehri (voir article précédent) a été construit sur une zone sismique, on peut se poser des questions, également pour la construction des centrales nucléaires.

mercredi 16 mars 2011

Le barrage de Tehri

La ville du Vieux Tehri qui est submergée et on aperçoit encore le clocher de l'Horloge avant qu'il ne disparaisse.
Le barrage actuellement
Réveil un peu avant 6 h, mon petit sac avec pommes, oranges, petit pain au lait industriel à 3 roupies, est prêt à partir pour la journée. Je quitte la chambre, le jour se lève sur la vallée, du rose délavé au-dessus de Dehra Dun où scintillent encore quelques lumières. Le portail de l'hôtel est fermé par un gros cadenas. Le temps de trouver où dort le manager, qu'il se réveille, aille chercher la clé à la réception, j'aurai loupé mon bus. Alors ni vu, ni connu, mes restes de gymnaste même pas très douée font que je passe par-dessus la grille et me voilà partie, solitaire dans la fraîcheur du petit matin vers la gare des bus pour Tehri (Garhwal). Située à l'autre bout de Mussoorie qui s'étend très largement sur toute l'arête de la montagne, je file d'un bon pas pendant plus d'une demi-heure. J'achète mon ticket pour "Tehri-Dam" le barrage de Tehri, que je rêve de voir depuis longtemps. 75 roupies, soit 1 euro 25 pour 4 h de bus, ce n'est pas cher du virage ! Je m'installe dans le bus en ayant remarqué les dégueulis (beurk) sur la carrosserie et je me dis que ça doit tourner pas mal...
Depart à l'heure, le bus est presque vide. Tranquille pour regarder à loisir le paysage superbe. La route serpente dans un décor grandiose avec la chaîne himalayenne encore endormie dans sa blancheur. Ça peut ressembler à l'Ardèche multiplié par dix. Des pans de montagne en terrasses, parfois toutes abandonnées, des petites maisons plates disséminées dans cette immensité verte, des feuillus, puis plus haut des résineux.
Après deux heures trente de tortillons, de klaxons, de travaux le long de la route où tout est fait à la main -dont le cassage des cailloux à la masse- voici Chamba, une ville au milieu de ce désert. Surprenant. Puis on retrouve les vues plongeantes sur les vallées, les fermes minuscules plantées dans les pentes, les lignes d'horizon à l'infini et aussi la Nanda Devi si belle à plus de 7800 m accompagnée par tant d'autres sommets prestigieux.
Le bus s'arrête dans un virage en descendant sur Tehri pour me faire descendre et après quelques centaines de mètres me voici perchée au-dessus de ce fameux barrage ! C'est une énorme pyramide tronquée en terre et cailloux, qui barre une petite vallée, créant un immense lac. Une route goudronnée traverse le barrage de part en part et une autre descend en lacets jusqu'au fond de la vallée pour que les véhicules puissent rejoindre des accès routiers normaux. Voilà ! Je le vois, le regarde pendant un bon quart d'heure, le dessine dans ma mémoire, et repart en quête de véhicules pour rentrer sur Mussoorie. J'y arriverai à 16 heures en ayant eu la chance de trouver un bus à Chamba après 3 trajets en jeeps. Belle journée tape-cul mais je voulais le voir et je l'ai vu !
Pourquoi est-il si important en particulier aujourd'hui ? Il a été construit dans une zone sismique ! Lire le reportage de Andrée-Marie Dussault, à Tehri
Planification scientifique inadéquate, évaluation des impacts sociaux et environnementaux déficiente, délocalisation de 100 000 personnes, corruption à tous les échelons, construction dans une zone sismique, coût quarante fois plus élevé que prévu... Après quatre décennies de controverse, un des plus gros projets hydro-électriques d'Asie vient de s'achever et il a tout pour déplaire. Reportage dans l'état montagneux d'Uttaranchal.

lundi 14 mars 2011

Retour

Comme prévu l'ordinateur de la petite épicerie de l'ashram n'a jamais fonctionné, donc nous avons pu être pleinement présents au Présent. Entre nouvelle visite du médecin de l'ashram pour les réactions tardives mais intenses, les heures de méditation et les petits roupillons pour récupérer, les trois jours à l'ashram ont plutôt été joyeux et rigolards du côté de Chandra Swami qui avait visiblement envie de s'amuser et de montrer qu'un grand sage réalisé n'avait pas forcément un esprit compassé, une tenue rigide et un sérieux de convenance. Cela en a surpris quelques uns quand même... Mais quand on a réalisé que notre vie n'est qu'une illusion, que le Réel est l'Infini c'est-à-dire Dieu pour ceux qui ont envie de l'appeler ainsi, on ne peut que passer son temps à s'en amuser, non ?

Le groupe est donc reparti, après une nouvelle et intense expérience, celle de passer la dernière journée dans le bus. De l'ashram à Delhi, soit environ 260 km en 11 heures, pauses comprises quand même, sur une route à faire tomber d'apoplexie une cohorte d'inspecteurs du permis de conduire. Les tracteurs à l'envers sur la voie rapide de l'autoroute, les poids lourds qui ont la flemme de reprendre l'autoroute dans le bon sens parce qu'ils veulent tourner, là, un kilomètre avant la station service, les troupeaux de buffles qui trouvent que l'herbe est plus verte de l'autre côté de la chaussée, bref, un chauffeur vraiment à la hauteur qui a usé de toutes les capacités sonores et hurlantes de son klaxon italien.
Il faut que j'aille prendre mon train pour Dehra Dun, j'aurai le temps j'espere de continuer un peu dans les montagnes.

dimanche 13 mars 2011

L'étude Nutrinet-Santé

https://www.etude-nutrinet-sante.fr/fr/common/login.aspx
C'est le lien que je vous encourage à découvrir. Je participe à cette grande enquete et cela me semble intéressant comme recherche.
Il y a un manque d'hommes pour l'étude...

La place de l'argent.

De retour d'ashram et quand je trouve des articles aussi pertinents que celui-ci sur un blog, je m'empresse de le copier. Merci donc à Jean Hoibian et son blog

La Commission Eglise et Société de la Fédération protestante vient de publier un texte de réflexion. "La crise que nous traversons est entre autres une crise due au fonctionnement de l’argent et à la place qu’il a prise dans nos sociétés".



La crise que nous traversons est entre autres une crise due au fonctionnement de l’argent et à la place qu’il a prise dans nos sociétés. Cette place est le symptôme d’une triple perte : celle de la foi, celle de l’espérance, celle de la charité. La perte de la foi, c’est-à-dire la perte de ce regard de confiance que nous portons sur le Monde créé et ceux qui l’habitent.

- En devenant la finalité, le centre de gravité de tous les fonctionnements économiques et sociaux, l’argent a perdu sa vocation initiale qui était de favoriser les échanges entre les hommes ; échanges de ce que par leur travail ils ont produit, ou échange des services qu’ils peuvent se rendre dans une relation de réciprocité confiante. L’argent dorénavant envahit tous les domaines et repousse toujours plus loin les espaces où la gratuité et le don pouvaient encore se manifester Mais bien plus, délaissant sa fonction économique il devient un but poursuivi sans autre objectif que son accumulation. Le désir d’un petit nombre de posséder toujours plus, se transforme en loi qui asservit tous ceux qui la subissent.

- Ce monde dominé par un signe érigé en valeur suprême est très précisément entraîné dans l’idolâtrie puisqu’il s’agit de donner sa confiance, sa vie à une image sans réalité. L’érosion de la foi à laquelle se substitue la confiance en une masse monétaire objet de tous les soins, avatar contemporain du veau d’or, génère une crise de confiance généralisée dans un monde qui a oublié qu’il était le produit d’un don à transmettre et à partager. Il y a une corrélation intime entre l’abandon de la foi en un Dieu créateur, donateur de sens et garant d’une création bien réelle confiée à l’homme et l’invasion monétaire qui substitue à la réalité du monde la virtualité des signes inconsistants dont la multiplication est une lutte insensée et mortifère

  1. Une perte de l’espérance.

L’usage du crédit peut se vivre comme une forme de solidarité fondée sur la confiance entre ceux qui ont des projets maintenant et ceux qui disposent d’argent sans en avoir l’utilité immédiate. Mais l’encouragement à vivre à crédit est trop souvent présenté comme le moyen de transformer immédiatement le rêve en réalité, de se rassurer et de maîtriser l’avenir. L’espérance du Royaume, sécularisée dans les attentes de lendemains qui chantent a été supplantée par le mirage du crédit qui est une illusion pernicieuse. Comme un toxicomane dans les comportements d’addiction se détourne du réel en s’adonnant à un produit stupéfiant, on peut s’adonner au crédit par désespérance. L’endettement peut conduire à des décompensations brutales qui font le cortège funèbre des espérances dénaturées,. Ainsi, l’argent dévoyé est-il crise pour l’espérance.

  1. Une perte de la charité.

Introduit dans tous les aspects de la vie commune, développé de manière démesurée, l’argent devient écran et sépare. Accumulé, il consolide la séparation entre ceux qui le maitrisent et ceux qui en subissent le manque. Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie.

La séparation entre individus, entre groupes, entre nations, en est aussi confortée. Une séparation qui creuse les distances et laisse présager que tôt ou tard (cela a déjà commencé), des craquements douloureux entre nantis et démunis vont se faire sentir.

C’est pourquoi :

- Il est indispensable de redonner son sens à l’argent dans toutes les relations sociales et économiques en contestant son usage comme moyen exclusif de régulation de l’activité humaine de telle sorte que soient préservés des lieux et des temps de gratuité, véritables foyers de reconnaissance mutuelle.

- Il est indispensable que la création monétaire demeure un outil de solidarité économique mis au service du développement collectif, et en aucun cas, la poursuite irresponsable de profits bâtis sur la crédulité ou la fragilité instrumentalisée par des financiers sans scrupules. Il est indispensable que l’accumulation des biens et la thésaurisation de capitaux financiers soient très sérieusement encadrées et qu’une fiscalité renouvelée plus juste réduise les écarts extravagants qui ne cessent de se creuser.

La vision prométhéenne d’un marché unifié universel sans entraves, finalement dominé par un petit nombre, doit être contestée et pour ce faire il est urgent et pertinent de redonner leur place à des échanges sociaux, économiques, culturels et monétaires plus modestes, plus localisés, et ainsi mieux ancrés dans la vie quotidienne.

Ainsi le signe monétaire retrouvant du sens en redevenant outil de proximité soutiendra des échanges véritables, des redistributions équitables, des partages créateurs de richesse humaine.*

Mettre l’économie au service de l’humain c’est résister à une mondialisation dépersonnalisante et destructrice de la création mais aussi combattre pour réaffirmer la destination partagée des biens de la création que nous avons reçu en héritage, agir pour que la fraternité remplace la lutte de tous contre tous. C'est mettre en œuvre la justice et la confiance au cœur de l'édification de la cité commune.

Commission Eglise et Société

Février 2011

lundi 7 mars 2011

Rishikesh

Rishikesh, petit village où les sadhus, les sages, les swamis règnaient en maîtres il y a vingt ans, se voit transformer depuis une dizaine d'années par des constructions tous azimuts le long du Gange pour accueillir les touristes, riches Indiens ou occidentaux.
Difficile de tout faire... j'ai rajouté quelques informations, quelques photos et quelques accents que je ne peux pas mettre avec l'ordinateur portable de l'hôtel de Rishikesh. Ce soir j'essaierai de mettre les dernières nouvelles... Tout semble aller mieux côte santé pour tout le monde.
Belle après-midi à l'ashram de swami Atmananda, belle rencontre avec lui qui a rendu le groupe heureux et l'atmosphère joyeuse et légère. L'Illumination est pour bientôt !
Demain départ pour Devprayag, confluent de l'Alaknanda et de la Bagherati et qui donne le Gange. Ensuite redescente sur Dehra Dun et trois jours à l'ashram de Chandra Swami. Un seul ordinateur pour tout l'ashram, alors... pas de nouvelle, bonne nouvelle, nous serons dans la félicité la plus profonde !

dimanche 6 mars 2011

dimanche en musique

Tout s'arrange doucement dans les estomacs et les intestins... encore une au lit aujourd'hui mais le traitement ayurvédique du médecin semble efficace. la passerelle de Ram Jhula presque en face de notre hôtel pour traverser le Gange.
L'espoir subsiste pour elle de pouvoir reprendre le chemin des petites passerelles au-dessus du Gange pour aller se promener, profiter du ciel bleu, des petites plages sablonneuses au soleil couchant au bord du fleuve sacré. C'est ce que nous avons fait en fin d'après-midi après avoir été écouter une Australienne (?) avec une voix splendide chanter des kirtans (chant dévotionnel). Mais pour beaucoup, avec sa très belle voix de chanteuse folk américaine, l'ambiance faisait penser aux années 70, peace and love, fleurs dans les cheveux... En fin de journée encore plein de musique avec un concert chaleureux et virtuose entre flûtiste, tablas et sitar. Un vrai régal. Des artistes qui se donnent à la musique et qui s'arrêtent parce qu'il faut bien s'arrêter à un moment pour ne pas y passer la nuit... Enthousiasme, vibrations, entente, complicité entre les musiciens, et nous étions tout près d'eux en concert privé, une chance appréciée ! Une autre voie du yoga pour atteindre l'Unité...
Photo de Philippe

samedi 5 mars 2011

Abandon par KO

Les lieux de crémation près du Gange à Bénarès.
Ce jeudi matin 3 mars nous arrivons à la gare de Bénarès plus d'une heure à l'avance ; à programmer des embouteillages fous à vous faire rater un train indien en retard, nous les exorcisons et tout roule sagement ce matin. Nous attendons sur le parking des bus plutôt que de larmoyer sur les quais sur la misère du monde. A repérer d'urgence : les toilettes publiques. La tourista s'est abattue sur une bonne partie du groupe comme un vautour sur une carcasse de chien écrasé. Les causes restent obscures. Tout le monde a mangé les mêmes plats dans les mêmes restaurants. Tout le monde se lave les mains avant les repas et personne ne partage sa bouteille d'eau...
Alors ? Alors c'est que l'Inde secoue, brasse, tortille, titille, c'est un pays qui vous touche au coeur comme aux intestins. L'Inde vous ecoeure et vous ravit tout à la fois, bouleverse les idées reçues comme votre tuyauterie interne, vous fait sentir cette unité de vie entre corps, coeur et esprit, vous fait découvrir l'Un derrière les bûchers de crémation sur les ghats ou par les syllabes musicales qu'Uma nous expliquait hier, ces sons, qui répétés à l'envi pendant des heures et des années vous permettent parfois d'accéder au Tout, de vous fondre dans l'Univers.De Bénarès nous arrivons à Haridwar, après 18 h de train. C'est le lieu où la grande Khumba Mela a eu lieu en janvier 2010 mais là, il y a moins de monde !

Toutes les rencontres, les jeunes filles et les femmes du centre Annapurna dans la campagne de Bénarès qui peuvent échapper à l'emprise de la belle-famille pour partager, apprendre, mieux se connaître et augmenter leur confiance en elles, le docteur Tulsi, serviteur des humbles, pour les aider, les soigner, les réhabiliter quand c'est possible, Jean-Max qui nous raconte la vie des familles, les problèmes de mariages et de dots qui peuvent détruire la santé des uns par les soucis financiers que cela engendre et engraisser les autres par les profits engrangés prêtant un argent qui ne pourra jamais être remboursé, toutes ces rencontres participent à notre dérangement, corporel, mental, psychique. Notre mental cartésien avec ses questions simples : mais pourquoi continuent-ils à fonctionner comme ça ? est forcé de capituler devant une culture, des traditions, des rites qui nous sont difficilement accessibles.
Alors il faut lâcher... laisser faire la Vie.


A Haridwar, moments intenses à l'ashram de Ma Ananda Moyee, visite de son musée, petit tour au temple de Shiva et Sati, puis sur le Gange où nous n'étions pas les seuls à vouloir prier Shiva sous la forme du lingam.Aujourd'hui 5 mars, chacun se remet doucement, soit naturellement soit grâce à la visite d'un excellent médecin qui a dû prescrire des antibiotiques. La rencontre avec un swami parlant français, a aidé également à relativiser tout ça...
Le programme va s'alléger demain dimanche, grasse matinée attendue pour certains, la nuit dans le train a laissé des traces d'insomnie, chants dévotionnels l'après-midi pour se faire plaisir, petite trempette dans le Gange au soleil, il fait chaud à Rishikesh, et concert de musique le soir.
Photos de Philippe

mercredi 2 mars 2011

Varanasi, la ville du dieu Shiva

Le matin entre voisines, offrande au Gange, lessive du sari, et conversations de quartier...
Shivaratri, hier soir jusqu'à plus d'une heure du matin, la foule dans les rues et sur les ghats d'Assi, la fin de Bénarès, au sud de la courbe du Gange et ce matin, départ à l'aube en barque pour descendre le fleuve, doucement dans le calme de la nuit, voir le disque rouge du soleil émerger, les reflets des lumières électriques des escaliers se noyer dans le Gange, et voir fumer les bûchers de crémation. Ça fait toujours de l'effet quand on est confronté de plein fouet à la mort. Justement un cadavre enveloppé d'un linceul blanc descendait la rue que nous remontions dans la vieille cité après avoir quitté notre barque. La famille est allé le tremper dans le Gange pour lui éviter de futures réincarnations avant de le placer sur le bûcher.
Des femmes remontent du fleuve pour aller chez elles dans les petites rues de Bénarès
Demain matin train pour remonter le Gange jusqu'à Haridwar et arrivée après-demain matin à 4 heures. Pas d'internet pendant au moins 2 jours...
Les photos sont de Philippe

mardi 1 mars 2011

de Delhi à Bénarès

Delhi, c'est reparti avec un nouveau groupe... et là, directe la plongée dans les temples ! Arrivée à minuit à l'aéroport, et arati à 10 heures au temple de Kalka Ji, le plus ancien de Delhi. Aucun touriste, il n'est pas connu des guides, pas noté dans le Routard, ouf ! Ambiance typique indienne, avec les bébés dont on rase le crâne et qui hurlent, les brahmanes qui vous tamponnent le front de rouge, et les pieds nus qui s'enduisent de crasse. Tant de monde ce dernier dimanche qui vient faire ses dévotions devant cette réincarn
ation de Vishnou à tête de sanglier... c'est bizarre comme impression, mais il y a une énergie puissante et belle.
Après quelques centaines de mètres sous le soleil, le temple du Lotus, étincelant de blancheur nous est apparu comme miraculeusement propre et silencieux... Nous avons pu visionner en français un film intéressant sur les fondements de la foi bahai'e. Nouvelle religion venant d'Iran et c'est un peu comme l'esperanto pour les langues, on se demande pourquoi tout le monde n'adopte pas ses principes fondamentaux, tellement c'est universel.
Le temple de Sultankeshwar près de Bénarès où nous avons fait la puja.
Mais aujourd'hui c'est Bénarès, le Gange, omnipresent et la grande fête de Shivaratri. Grande chance que de la vivre ici. Nuits de concert de musique classique et chant dhrupad, foule sur les escaliers, processions dans les rues de la ville qui n'ont pas besoin de ça pour être sur-encombrées. Ce matin belle puja : cérémonie qui a duré deux heures, magnifique, fleurs partout dans le temple, avec 3 brahmanes qui officiaient autour du lingam de Shiva dans un petit temple près du Gange, exactement là où il est dit que Shiva a planté son trident pour détourner le cours du fleuve qui menaçait d'inonder la ville. Le gros lingam de Shiva s'est vu frotté de panchamrut, un mélange composé de beurre clarifié, appelé ghee ou ghî, sucre, miel, yaourt et lait.

En fin d'après-midi nous sommes allés à l'université pour discuter avec des étudiants en français, certains franchement débutants, d'autres plus avancés qui ont posé comme question : pourquoi en Occident tant de gens ne croient plus en Dieu ? Ça démarrait fort !
Demain on va essayer d'entrer dans le Temple d'Or, s'il n'y a pas trop de queue a faire. Il parait que pour Shivaratri les gens viennent dès deux heures du matin pour pouvoir entrer.
Je vais aller dormir pour prendre des forces, demain départ à 5 h et demie.