vendredi 29 novembre 2013

Sri Lanka : pèlerinage au Pic d'Adam

le Pic d'Adam à mi-chemin....

Le Pic d’Adam, quel drôle de nom ! Il y a vingt ans lors de ma première découverte du Sri Lanka, cette montagne m’avait intriguée. Et là, l’occasion se présente de mettre son ascension dans le circuit. Le pic d'Adam, appelé aussi Sri Pada, est un des sommets les plus importants de l'île du Sri Lanka. Conique et haut de 2 243 m, il est considéré comme un lieu saint par les hindous shivaïtes, les bouddhistes, les chrétiens et les musulmans. Les visiteurs les plus célèbres sont :
  • Marco Polo qui voulut voir le Pied d’Adam lors de son voyage vers la Chine en 1292. Les chrétiens d’alors croyaient qu’Adam, après avoir mangé le fruit défendu, avait été jeté hors du paradis et était arrivé au sommet du pic où il serait resté mille ans sur un pied en pénitence. 
  • Ibn Batuta, pèlerin et voyageur arabe connu a atteint le sommet au milieu du 14e siècle. Les Arabes y voyaient la sépulture d’Adam, l’ancêtre de la race humaine. 
  • Bouddha serait venu sur ce sommet il y a 2580 ans et à sa troisième visite, sous la demande du dieu Saman la déité tutélaire de cette montagne sauvage, y aurait laissé l’empreinte de son pied gauche, vénérée maintenant en tant que relique. 
  • Shiva est supposé s’être installé au sommet de la montagne pour répandre sur l’humanité sa lumière divine. Cette montagne se nomme pour les Hindous shivaites : Sivanolipadam, « le pied de la lumière de Siva ».
Tout ceci fait partie des traditions populaires et des légendes car cette fameuse empreinte n’est qu’une grande pierre avec un semblant de forme de pied plutôt grand pour appartenir à l’espèce humaine, mais enfermée quand même dans une sorte de reliquaire car il est dit que sous cette pierre se trouve la réelle empreinte imprimée sur un saphir bleu…
La saison des pèlerinages dure six mois de la pleine lune (poya) de décembre à celle de mai. Ce qui fait que nous montons à trois, tranquillement à partir de Dalhousie sans voir de touristes, excepté une Barcelonaise qui redescend avec deux guides locaux. Par contre nous rencontrons des ouvriers qui réparent les boutiques, des électriciens qui remettent en circulation le système électrique pour éclairer le chemin, l’armée, employée pour réparer les kilomètres de marches d’escaliers, des porteurs qui amènent des balais et tout le matériel de nettoyage pour le temple. 

Nous passons d’abord par les belles collines de thé puis le chemin est bordé par les boutiques habituelles pour les touristes, alimentation, boissons, bibelots mais là, tout est fermé, cadenassé, ficelé, il ne faudra compter que sur ce qu’il y a dans notre sac ! 
Les boutiques pour pélerins sont toutes fermées à cette époque.

Un bouddha couché qui inspire davantage au repos qu'à la marche à venir
Puis une caverne où nous reçoit un bouddha couché tranquillement, pas une grande aide pour nous donner du courage pour grimper mais le lieu est paisible. 
Nous faisons notre entrée très "officielle" sur le chemin.
Ensuite nous passons une majestueuse porte de pierre qui donne une certaine solennité à notre entrée sur ce chemin sacré. 
l'arrivée près du stupa blanc
Un stupa blanc sur notre droite entouré d’un beau jardin sera notre repère visuel lors de la montée. 
"quand faut y aller, faut y aller" comme on dit à Lyon
Les marches pour l’instant sont espacées et nous profitons de la traversée d’un torrent pour faire un petit pique-nique avant d’aborder les longues volées de marches. Si on lève les yeux on voit encore le sommet, très loin tout là-haut derrière une immense forêt et il est difficile de croire qu'on va pouvoir atteindre le sommet dans quelques heures, il semble perdu dans la brume, qui ne va d’ailleurs pas tarder à nous envelopper avec un très léger crachin. 
Dis, c'est encore loin le pic d'Adam ? Tais toi et marche !

A mi-parcours, le soleil revient pour nous permettre d’admirer un paysage grandiose et exceptionnellement beau, on se croirait dans un film de fées et de jardins magiques, je suis prête à voir des elfes au milieu des papillons et des plantes tropicales. Mais le temps passe et nous voulons monter au plus vite pour redescendre la partie la plus difficile avant la nuit ! 
notre petit stupa blanc repère

ça grimpe de plus en plus et les marches ne s'arrangent pas !
La dernière partie s’annonce, avec trois rangées de rampes métalliques. Il faut prendre la montée de droite. Même s’il n’y a pas un chat nous obéissons à la consigne.
prendre la montée de droite...

et toujours dans le bas notre stupa blanc !
Quand il y a du monde ce doit être terrible car on ne peut pas monter deux de front, les rampes sont faites pour aider les personnes à monter en se tenant à droite et à gauche. Auparavant il n’y avait que des rochers abrupts et des cordes pour pouvoir grimper par ce côté et il est arrivé que la corde casse, envoyant tout le monde en bas… 
le sanctuaire est fermé et le sommet dans le brouillard
la pancarte au sommet
Nous arrivons à 17 heures, trempés de trois heures d’efforts mais nous ne verrons pas le pied, que ce soit celui d’Adam ou du Bouddha, le sanctuaire est fermé, les peintres passent des couches de peinture argentée partout, seuls deux ou trois touristes bouddhistes et une petite communauté sont montés pour passer la nuit et voir le lever du soleil.
A 17 h 30 nous reprenons la voie non pas du milieu mais de la descente pour bénéficier encore d’une heure de jour pour la partie la plus raide. 
près du sommet la descente est vraiment raide, mais notre stupa blanc est là,
tout là-bas au fond
Nous commençons à rêver d’un toboggan qui nous mènerait rapidement au bas de la montagne, mais nous ne pouvons même pas imaginer faire quelques glissades sur les rampes mal entretenues. Très dur pour les genoux et à 18 h 30 nous mettons nos lampes frontales. La forêt est dense et la lune n’est pas levée. Seule la grosse lumière du sommet du pic nous envoie un message de réconfort car il n’y a aucune lumière le long du chemin. Pas la saison.
la moitié du chemin près de notre lieu de pique-nique
Nous repassons sur notre lieu de pique-nique avant de traverser la rivière et nous savons que nous sommes là à la moitié du chemin, les genoux en vrac et les jambes en flanelle… nous n’arrivons plus à marcher correctement quand il y a une petite partie plate !
La seconde partie nous paraît très longue car nous percevons au loin les lumières du petit village d’arrivée.
Il nous faudra attendre encore une heure et demie notre chauffeur qui s’est perdu en route dans les lacets des collines de thé et nous sentons le froid dans le dos malgré la température ambiante agréable. Nous mangeons une soupe aux légumes bien chaude avant de récupérer la voiture qui va encore prendre une heure pour faire les 24 km pour rejoindre notre hôtel de charme dans les collines de thé. La douche chaude est appréciée, un rêve ! ainsi que le lit confortable. Ce n’est que deux jours après que nous allons voir les effets de cette descente sur nos muscles des jambes…

vendredi 15 novembre 2013

Colombo : le sommet du Commonwealth

Je vous l'avais bien caché, mais voilà pourquoi je suis à Colombo aujourd'hui : je voulais voir le Prince Charles !!
Excellente occasion pour moi d'en apprendre un peu plus sur ce qu'est le Commonwealth.
Article tiré du journal La Croix de ce jour.


Le sommet du Commonwealth au Sri Lanka boycotté
Le prince Charles a ouvert vendredi 15 novembre à Colombo un sommet de l’organisation réunissant les anciennes colonies britanniques, marqué par le boycottage de plusieurs chefs de gouvernement.

Qu’est ce que le Commonwealth ?

Créé en 1931, le Commonwealth a pris sa forme actuelle en 1949, après l’indépendance de l’Inde, pour maintenir un lien entre le Royaume-Uni et ses anciennes colonies ou protectorats. Présidé par la reine d’Angleterre, il est composé de 53 États membres indépendants dont deux, le Mozambique et le Rwanda, ne sont pas d’anciennes colonies britanniques. Les membres ne sont liés par aucun traité et peuvent rester neutres en cas de conflit engageant l’un d’entre eux.
Le Commonwealth se réunit tous les deux ans dans un pays différent. Le chef de gouvernement du pays hôte en assume la présidence. Les débats portent sur les grandes questions politiques, économiques et sociales, de leur incidence sur leurs pays respectifs et des mesures à adopter, au sein du Commonwealth ou conjointement dans d’autres organes internationaux.

Qui boycotte le sommet de Colombo et pourquoi ?

Ce sommet de trois jours est boycotté par plusieurs dirigeants, dont ceux de l’Inde, du Canada et de l’Île Maurice. La raison est notamment le refus du Sri Lanka d’autoriser une enquête internationale sur des accusations de crimes de guerre perpétrés lors de l’écrasement en 2009 de la rébellion tamoule du nord du pays.
Cette reprise en main avait marqué la fin d’un long conflit ethnique qui, selon les estimations de l’ONU, a fait environ 100 000 morts. En avril 2011, l’ONU avait publié un rapport accablant pour le gouvernement. Les rebelles tamouls ont aussi été accusés d’exactions et d’avoir utilisé des civils comme boucliers humains.
Au grand dam des autorités sri-lankaises, le premier ministre britannique David Cameron devrait se rendre dès vendredi 15 novembre après-midi vers le nord, dans la région de Jaffna, l’ancienne zone de guerre dominée par les Tamouls et ensanglantée par les combats à la fin du conflit. Il sera le premier dirigeant politique étranger à se rendre dans cette zone. Le Sri Lanka est une ancienne colonie britannique, appelée Ceylan, devenue indépendante en 1948.
Mgr Rayappu Joseph, évêque catholique de Mannar, a appelé vendredi 8 novembre la communauté internationale à boycotter la réunion, a indiqué Églises d’Asie. Ce sommet « est utilisé pour renforcer la légitimité du gouvernement sri-lankais comme membre responsable de la communauté internationale », explique Mgr Joseph, évêque d’un diocèse situé dans le nord du pays, zone majoritairement peuplée par des Tamouls. « Étant donné la continuation des actes génocidaires perpétrés contre le peuple tamoul, mon opinion bien réfléchie est que Colombo ne peut pas être un lieu approprié pour accueillir » ce sommet qui, selon lui, « contrevient aux valeurs inscrites dans la Charte du Commonwealth ».

Quelle est la réaction du Sri Lanka ?

Le président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, qui s’était dit impatient de montrer « la formidable transformation » du pays après « des dizaines d’années d’une guerre brutale contre le terrorisme » achevée en 2009, a estimé que le Commonwealth ne devait pas devenir une organisation de jugement de ses membres.
« Si le Commonwealth veut rester utile pour ses membres, il doit répondre aux besoins des peuples et ne pas se transformer en une organisation punissant ou jugeant » ceux qui la composent, a-t-il dit lors d’un discours peu avant l’ouverture formelle du sommet. Il a aussi mis en garde contre toute tentative pour un pays d’imposer « un agenda bilatéral au sein de l’organisation ». Il pourra compter sur la venue du premier ministre australien, Tony Abbott, qui a déclaré que l’Australie ne laisserait pas « détruire l’un des organisations les plus anciennes et importantes dont nous sommes membres ».

Quel est l’enjeu pour l’organisation ?

Pour les analystes, le Commonwealth doit aborder les questions du respect des droits de l’homme de ses membres, au risque sinon de perdre de son intérêt. « L’intérêt d’une organisation comme le Commonwealth dépend de sa capacité à communiquer avec les peuples de ses pays, à s’intéresser aux questions les intéressant », estime Suhas Chakma, directeur de l’Asian Centre for Human Rights, basé à New Delhi. « Il n’y a aucune nostalgie de l’empire britannique et le Commonwealth ne peut donc reposer sur cela pour survivre. Il ne peut se permettre de rester à l’écart des sujets difficiles, sinon il perdra toute importance », a-t-il dit à l’AFP.
Lors du sommet de 2011, l’organisation avait entrepris de se réformer en mettant en particulier en place une charte de valeurs communes. Mais elle n’avait pas répondu aux appels en faveur de la mise en place d’un commissaire aux droits de l’homme.
Des controverses ont déjà émaillé l’histoire du Commonwealth sans l’anéantir. « Le Commonwealth a une longue histoire avec ce genre de problèmes, de l’apartheid en Afrique du Sud au Zimbabwe de Robert Mugabe », rappelle Mark Rolfe, de l’Ecole des sciences sociales et des études internationales à l’Université des Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney. Pour lui, le test sera plutôt de savoir si le Prince Charles, qui représentera sa mère la reine Élizabeth II au Sri Lanka, sera en mesure de donner un rôle au Commonwealth quand il succédera à la reine.
Vincent de Féligonde (avec AFP)

jeudi 14 novembre 2013

Les marchés à Bangalore

Après notre voyage manqué à Mysore, nous avons décidé d'explorer le grand marché du centre ville. Herbes pour les animaux, légumes et fruits, et aussi les fleurs. Nous nous sommes d'abord avancées en catimini avec nos appareils photo, mais tout de suite tout le monde a voulu être pris en photo ! Il faut dire que nous étions les seules "touristes", nous n'en avons pas vus beaucoup à Bangalore excepté dans la gare, et que nous avons le sourire... Au marché aux fleurs, nous avons reçu des roses, des oeillets, des boutons de jasmin, les Françaises ont la cote, pas besoin de minijupe, juste un grand sourire et avoir envie de rencontrer les gens ! Quelques photos de notre passage dans ces lieux animés !
Le marché aux fleurs est en étage souterrain, donc plus frais.
pour avoir une idée de l'ambiance !

Les fleurs sont cultivés dans les environs (30 à 40 km) de Bangalore et sont apportées dans de grands sacs. A la pesée, les sacs de fleurs de roses faisaient tous autour de 57 kilos.
plein de roses fraîches...
Ici les fleurs s'achètent au poids, le prix est au kilo, sauf pour les fleurs montées en guirlandes qui sont vendues au mètre.
guirlandes vendues au mètre
Tout cela pour les cérémonies religieuses, mettre au cou des dieux, faire un parterre de pétales sur son autel familial, mais aussi pour l'accueil des gens dans des cérémonies ou à la gare ! Pour la décoration des salles de mariage également.
Un petit aperçu de l'ambiance et du quartier environnant.
la rue derrière le marché, grouillante, animée, avec les porteurs et leur corbeille
sur la tête
la rue devant le marché avec ses motos bien rangées, des boutiques et de
petits restaurants "cantines" pas chères du tout

sa voisine me dit qu'elle a très mal aux dents, c'est pour ça qu'elle se repose !
la belle entrée du marché aux fleurs
des oeillets et beaucoup de roses, de toutes les couleurs...
même les musulmanes achètent des fleurs...

plein de gens sympathiques, demandant à se faire photographier...
mais sûr la vie est bien rude pour bien des gens...

A côté du marché, dans un petit magasin de fleurs artificielles, un joli petit
coeur en roses pour vous souhaiter une belle journée !


mercredi 13 novembre 2013

Nous avons voulu voir Mysore…


Après notre séjour campagnard à Hampi nous retournons à Bangalore pour deux nuits. Le bruit, la pollution font que nous décidons de partir une journée à la découverte de Mysore à 150 km de là. A notre arrivée à la gare de Bangalore, nous réservons nos billets pour le lendemain matin à 6 h 30, dans le même train que nous venons de quitter, une façon de terminer la voie puisque Mysore est le terminus.
Le lendemain, nous partons de l’hôtel à 6 h, trouvons un rickshaw véloce et en dix minutes nous sommes à la gare. Le train est affiché à l’heure voie 6 et nous y allons tranquillement. Passe 6 h 30 pas de train mais à une demi-heure près c’est normal. A 7 h, sur le quai 5 un train part pour Mysore et nous demandons au contrôleur de pouvoir monter. Pas question, notre réservation est sur le Hampi express, et il a un peu de retard mais va bientôt arriver. A 7 h 30 un train se présente sur le quai 6 à destination de Mysore mais pas de wagon qui correspond à notre réservation. Ceci est un train « passagers » nous explique le contrôleur, sans réservation, et vous n’avez donc pas le droit d’y monter. Votre train doit arriver d’ici une demi-heure. A 8 h toujours pas de train, mais il doit arriver vers 9 h nous dit le responsable du quai. Mais cela commence à faire trop tard pour faire l’aller-retour dans la journée et profiter de la ville. A 8 h 30 je me présente au guichet pour faire l’annulation de l’aller et du retour. Je suis dans la queue, après avoir vérifié que je suis bien au bon guichet. Un monsieur me demande si j’ai rempli la fiche… mais je veux juste annuler ! Ah ! Mais pour réserver comme pour annuler il faut remplir une fiche. Et c’est reparti pour la page d’écriture, avec numéro du train, son nom, villes d’arrivée et de départ, mon nom, mon adresse et mon numéro de téléphone, la classe choisie. Et il faut faire ça pour l’aller et pour le retour ? Et bien allons-y… Ca commence à chauffer dans ma cafetière et mon voisin dans la queue avec son point rouge sur le front qui me montre qu’il est hindou et qu’il a bien fait ses prières matinales en profite pour me donner une leçon de sagesse toute bouddhiste. Profitez du temps présent, vous ne pouvez rien changer… Respire un grand coup, tu as raison !

Le billet du retour est annulé sans problème mais cela nous coûte quand même 190 roupies pour les frais d’annulation. Pour le billet aller, le guichetier commence par me dire : mais votre train de 6 h 30 est parti depuis longtemps ! Ah bon ! Mais pourquoi est-il toujours affiché pour le quai 6 alors ? Après demande de confirmation au chef de gare par téléphone, il reconnaît que le train est toujours en retard mais qu’il va arriver. Il ne peut rien faire, il faut aller voir le bureau « May I help you ? » « Puis-je vous aider ? » La dame est fort gentille mais me dit qu’elle ne peut rien faire pour moi. Bon, à quoi sert-elle celle-ci sinon à faire de la figuration ? Je retourne au guichet, mon billet aller passe d’un guichet à l’autre, je le suis des yeux comme pour une partie de tennis, un coup d’un côté, un coup de l’autre, surtout ne pas le perdre de vue, je veux me faire rembourser, même un petit peu… Et oui, c’est trop tard pour nous Monsieur, nous aurions dû, à cette heure, être déjà à Mysore… Mais il va arriver votre train. Devant ma détermination, il est 9 h 10, il me demande si je veux être remboursée à 50 % ou si j’attends 9 h 30 et s’il n’est toujours pas arrivé, je serai remboursée à 100 %, le tarif après trois heures effectives de retard. Avec Michèle nous choisissons d’attendre, au point où nous en sommes… A 9 h 20 nous entendons la voie dans les haut-parleurs : le train Hampi Express va arriver voie 6… Oh, non, à dix minutes près ! Mais les aiguilles tournent et à 9 h 30 le guichetier me fait signe après avoir consulté le chef de bureau. Signez-là, me dit-il en me présentant sous la vitre un gros registre. Et je vois le coût total de mon billet qui nous est rendu… Quelle aventure ! A 9 h 45 le Hampi Express était encore annoncé mais nous étions parties pour découvrir le « city market » dans le centre de Bangalore.
Dans la gare, un joli bouquet de jeunes filles en sortie scolaire.
Photo : Michèle Morel


dimanche 10 novembre 2013

Avec mon p'tit vélo...


Arrivées dans notre petite guest-house située en pleine campagne et à environ 7 km de Hampi, petite cité touristique, patrimoine mondial de l’Unesco, renommée pour ses temples, le moyen de locomotion se pose d’emblée. Comment visiter les lieux sans dépenser une fortune en rickshaw ? Sans compter la traversée avec le bac puisque nous sommes situées dans la partie campagne de l’autre côté de la rivière et non pas sur le site d’Hampi.
Ma copine Michèle étant suffisamment mal en point pour rester couchée toute la journée, il me faut choisir un véhicule et ici c’est traditionnellement la moto ou le scooter qu’on trouve à louer un peu partout. Compte tenu de l’état des routes je ne me sens pas à l’aise avec un engin motorisé surtout si je veux m’arrêter pour prendre des photos. Ce sera donc le vélo ! Le patron de la guest-house est étonné, il faut pédaler pas mal de kilomètres pour accéder à n’importe quel site, et les routes ne sont guère entretenues. Justement, raison de plus. Il m’emmène donc sur sa moto jusqu’à un loueur de cycles, qui a, par chance, un seul vélo, tout neuf. Cinquante roupies par jour (0,60 €), la location est honnête. Je fais mettre la selle droite, persuadant le loueur, que non, ce n’est pas normal que le bout remonte comme ça, les pneus sont neufs, bien gonflés, c’est parfait. Et me voilà partie pour ma première journée.
Des femmes qui viennent chercher de l’eau à la pompe, hop, je descends de mon vélo, m’approche, souris, dis quelques mots, demande si je peux prendre la photo, les enfants m’entourent, en veulent encore une et regardent en rigolant sur l’écran de l’appareil.
Un berger conduit son troupeau de chèvres, je le double pour essayer de trouver un « décor » sympa à placer derrière les chèvres…
le troupeau passant devant le temple de Kallagasi
J’arrive à un petit village : Anegundi, avec des trésors archéologiques à chaque coin de rue. Un ancien palais par-là, un chariot traditionnel pour transporter les dieux au milieu de la place, un joli petit temple où un couple fait une célébration particulière avec un brahmane autour d’un feu. Gentiment ils me disent d’approcher et oui, je peux prendre la photo.
Le chariot traditionnel sur la place du village (un peu comme au Népal)
Cérémonie religieuse privée dans le temple de Ranganathswamy
le petit temple de Sri Ranganathswamy à Anegundi
Plus loin mon petit vélo m’emmène dans la campagne après avoir fait un arrêt à l’école communale pour quelques portraits de gamins polissons.
C'est l'heure de la récré !
Je suis enchantée de mon vélo, tellement pratique et tellement économique, sans compter la remise en forme !
Une rencontre entre femmes cyclistes, c’est rare, deux Françaises en plus ! Leur gentillesse fera qu’elles viendront me trouver dans un petit temple pour m’inviter à partager leur repas dans une petite guest-house du coin dénichée en suivant les ruelles tortueuses du village.
Partage sympathique autour d’une feuille de bananier où sont posés du riz et une sauce aux lentilles.
simple mais très bon... et assiette écologique ! vaisselle rapide...
Sur la route du retour, chargement de régimes de bananes, rencontre avec une bergère et ses gros buffles cornus et la moissonneuse batteuse qui s’active à battre le riz jusqu’à la nuit noire.
chargement d'un camion de régimes de bananes
le retour des buffles
la moissonneuse batteuse qui continue aux phares la nuit tombée
Le lendemain, hop ! A cheval sur la bicyclette et c’est reparti à l’opposé de la veille, vers le lac de Sanapur juste à côté. Rencontre surprenante avec un groupe de jeunes gens entourant des jeunes filles blondes en bikini, de grosses bouées autour du cou, ils profitent du lac pour s’amuser comme des fous et surtout pour les garçons, reluquer les filles à moitié nues, c’est mieux qu’au cinéma avec la scène du sari mouillé, ici même plus de sari… Mais les filles, souvent des Nordiques, sont franchement inconscientes des traditions indiennes concernant l’habillement.
La route serpente dans les rizières et les énormes collines de cailloux entassés les uns sur les autres. Soudain j’en vois un qui sort de l’ordinaire, un cœur en pierre ! Hop ! Arrêt et photo.
un beau coeur en pierre
et mon p'tit vélo qui m'attend après la photo...
Puis j’arrive à une bifurcation entre rejoindre la grande route d’hier et partir sur la Jungle Valley… attirant ! Je tourne donc mais un brave monsieur m’interpelle en me demandant où je veux aller car il n’y a rien. Je m’arrête, commence à discuter car il parle très bien anglais. Il me dit qu’il n’y a que le village et qu’il ne sait pas pourquoi on a marqué Jungle Valley sur la pierre qui sert de pancarte. Il en profite pour me faire visiter la place du village et l’immense banian sacré, la petite école maternelle où la maîtresse fait lever les petits pour me dire bonjour. Bravo pour la politesse madame l’institutrice !
Mais je fais fi de son avis pour m’enfoncer dans ce petit village du bout du monde qui a eu la route et l’électricité en 1987. Ce qui a bien changé la vie des gens.
S'enfoncer dans la "Jungle Valley"
Cependant la vie reste très traditionnelle, petites maisons de terre, toits de paille ou coiffés de grandes tiges de feuilles de bananier, femmes assises à l’ombre de petites cours discutant avec les voisines, gamins qui font leur caca sur le bord de la route. Route qui n’en est plus une et qui se transforme vite en chemin de terre de plus en plus petit pour devenir sentier. Je sors du village, une bergère accroupie me regarde passer sur mon vélo en se demandant que diable je viens faire ici et surtout où je vais ! Mais il y a quelques bouses sur le sentier, quelques crottes de chèvres donc les bergers doivent bien l’emprunter pour aller quelque part non ?
Quelquefois obligée de mettre pied à terre pour passer des rochers ou de passer à toute vitesse dans une grande flaque pour éviter d’avoir à me mouiller les pieds si je suis obligée de m’arrêter à cause de la boue, je continue vaillamment à éviter bosquets de ronces, branches basses et cailloux divers. Un arbre grimpe le long d’un rocher et l’escalade, des petits écureuils gris déboulent sous mes roues, je poursuis mon vagabondage et vois le village en face, là-bas, j’ai déjà fait du chemin et je n’ai pas envie de revenir en arrière.

à vélo dans la jungle valley ; à gauche un petit arbre grimpe le long du rocher
Ce chemin doit bien avoir une fin ? Oui, dans les rochers… et des rizières tout autour avec des fossés… Ouh la la dans quoi me suis-je encore fourrée ? Mais pas question de refaire le chemin en sens inverse. Je trouve un creux un peu moins profond et presque sec pour descendre mon vélo tout en m’y accrochant, puis j’entreprends de me transformer en équilibriste, tenir avec mon vélo sur les minuscules bordures de terre entre les rizières et avancer vers la route que je vois toute proche maintenant. C’est là où je me dis qu’avec une moto ou un scooter je n’aurai jamais pu venir jusque là. Vive le vélo ! Au bout de la rizière, panique, grand fossé et mur en face qui soutient la route, trop haut pour passer. Il y a forcément une solution… toujours en avançant sur le côté, le talus où je suis remonte et je me retrouve presque à la hauteur du mur.
j'étais en face... et il a fallu traverser toute la rizière... avec le vélo, ça c'est du sport !
Je lève le vélo, le pose sur la route, m’accroche à lui très fort et arrive à grimer sur le goudron. Deux bergères me regardent de loin tout en ayant un œil sur leur troupeau et semblent se dire, quoi, je n’en saurai rien car je pars dans la direction opposée. Merci au vélo, très chouettes découvertes !
petit arrêt pour aller voir des buffles avant de rentrer à "la maison" !

samedi 9 novembre 2013

Karnataka, la vie aux champs


Je reviens vers mon blog car l’écriture me manque un peu. Facebook c’est bien, c’est pratique, on charge quelques photos pour dire « coucou ! je suis là ! », deux minutes après, ou dix ou plus en fonction du décalage horaire, on s’aperçoit que les amis ont envoyé de nombreux « j’aime ! ». Contente de voir que 147 personnes ont vu mes photos du temple ou le chargement d’un camion de bananes au lieu de 4 braves abonnés sur mon blog. Mais je me sens un peu frustrée ! Pouvoir dire qu’en ce moment la moissonneuse batteuse que nous avons vu descendre dangereusement hier soir dans les rizières proches de notre tranquille guest-house bat son plein d’épis de riz avec un accompagnement de chansons Bollywood à la voix suraiguë c’est avoir l’image et le son, l’imagination fait le reste. Et hier soir nous avons pu avec mon amie Michèle aller à la rencontre des femmes qui vannaient le riz déjà débarrassé de la paille, pour en faire partir les bouts d’herbe. Inlassablement elles prenaient les corbeilles pleines de grains, levaient les bras et secouaient doucement leur panier laissant partir dans le vent les brindilles et les bouts d’herbe.
C'est ce qui s'appelle s'en prendre plein les yeux !
Très accueillantes, elles nous ont fait signe d’approcher mais de ne pas nous mettre dans le sens du vent pour éviter de recevoir la poussière qui voltigeait tout autour. Elles étaient habillées de grandes blouses protectrices et la tête bien couverte et nous avons supposé que c’était allergisant et même urticant quand Michèle au moment de se coucher s’est retrouvée pleine de plaques rouges qui démangeaient…
le sourire des femmes qui nous accueillent
la rizière est à deux cents de notre guest-house dans un environnement
de bonheur tranquille
Pas de chants traditionnels comme au Ladakh pour la récolte et le vannage du blé qui se fait à deux en balançant en rythme la grande « pelle » tressée. Ici tout est mécanisé, cela fait trois jours que nous voyons travailler la moissonneuse batteuse du matin au soir et les équipes de femmes vanner ensuite. Une fois le tas  nettoyé le riz est ensuite mis en sac et transporté à l’abri de tous les animaux qui pourraient en profiter. De nombreux échassiers survolent les champs et c’est beau de voir ces grands ailes blanches se déployer et s’envoler à notre approche.
la rizière moissonnée
La paille du riz est ensuite mise en tas et transportée sur la tête par les hommes comme par les femmes pour l’alimentation des animaux.
femme qui rentre avec une bonne charge de paille de riz sur la tête
le riz est mis en sac et on attend le camion... pendant que le copain continue
à bosser. On se sait jamais : si on venait prendre un sac ?
 Pendant ce temps, les travaux des champs continuent, les régimes de bananes sont ramassés et expédiés par camion vers une grande ville, les bergers traquent leurs biquettes qui vont s’égarer dans les roseaux ou dans le champ du voisin. 

en attente des copains pour charger les régimes de bananes

les bananes sont chargées avec plein de feuilles pour les conserver au frais
le berger à la recherche de ses chèvres dans les roseaux
ah ! ça y est ! il  les récupère !
C’est la vie rurale et sage, l’accueil par le monsieur sous son arbre qui après dix minutes de discussion me dit : j’ai 57 ans et vous ? et quand je lui dis mon âge, il explique savamment au jeune homme à côté qu’en occident les gens ont une hygiène de vie meilleure qu’ici, de bons médicaments, et surtout des crèmes de beauté pour les femmes qui leur permettent de rester jeunes… J’ai trouvé ça adorable !
sous le banian sacré, l'explication de la jeunesse des femmes occidentales !