Arrivées dans notre petite
guest-house située en pleine campagne et à environ 7 km de
Hampi, petite cité
touristique, patrimoine mondial de l’Unesco, renommée pour ses temples, le
moyen de locomotion se pose d’emblée. Comment visiter les lieux sans dépenser
une fortune en rickshaw ? Sans compter la traversée avec le bac puisque nous
sommes situées dans la partie campagne de l’autre côté de la rivière et non pas
sur le site d’Hampi.
Ma copine Michèle étant suffisamment mal en point pour
rester couchée toute la journée, il me faut choisir un véhicule et ici c’est
traditionnellement la moto ou le scooter qu’on trouve à louer un peu partout.
Compte tenu de l’état des routes je ne me sens pas à l’aise avec un engin
motorisé surtout si je veux m’arrêter pour prendre des photos. Ce sera donc le
vélo ! Le patron de la guest-house est étonné, il faut pédaler pas mal de
kilomètres pour accéder à n’importe quel site, et les routes ne sont guère
entretenues. Justement, raison de plus. Il m’emmène donc sur sa moto jusqu’à un
loueur de cycles, qui a, par chance, un seul vélo, tout neuf. Cinquante roupies
par jour (0,60 €), la location est honnête. Je fais mettre la selle droite, persuadant
le loueur, que non, ce n’est pas normal que le bout remonte comme ça, les pneus
sont neufs, bien gonflés, c’est parfait. Et me voilà partie pour ma première
journée.
Des femmes qui viennent chercher
de l’eau à la pompe, hop, je descends de mon vélo, m’approche, souris, dis
quelques mots, demande si je peux prendre la photo, les enfants m’entourent, en
veulent encore une et regardent en rigolant sur l’écran de l’appareil.
Un berger conduit son troupeau de
chèvres, je le double pour essayer de trouver un « décor » sympa à
placer derrière les chèvres…
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le troupeau passant devant le temple de Kallagasi |
J’arrive à un petit
village : Anegundi, avec des trésors archéologiques à chaque coin de rue.
Un ancien palais par-là, un chariot traditionnel pour transporter les dieux au
milieu de la place, un joli petit temple où un couple fait une célébration
particulière avec un brahmane autour d’un feu. Gentiment ils me disent
d’approcher et oui, je peux prendre la photo.
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Le chariot traditionnel sur la place du village (un peu comme au Népal) |
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Cérémonie religieuse privée dans le temple de Ranganathswamy |
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le petit temple de Sri Ranganathswamy à Anegundi |
Plus loin mon petit vélo m’emmène
dans la campagne après avoir fait un arrêt à l’école communale pour quelques
portraits de gamins polissons.
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C'est l'heure de la récré ! |
Je suis enchantée de mon vélo, tellement
pratique et tellement économique, sans compter la remise en forme !
Une rencontre entre femmes
cyclistes, c’est rare, deux Françaises en plus ! Leur gentillesse fera
qu’elles viendront me trouver dans un petit temple pour m’inviter à partager
leur repas dans une petite guest-house du coin dénichée en suivant les ruelles
tortueuses du village.
Partage sympathique autour d’une
feuille de bananier où sont posés du riz et une sauce aux lentilles.
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simple mais très bon... et assiette écologique ! vaisselle rapide... |
Sur la route du retour,
chargement de régimes de bananes, rencontre avec une bergère et ses gros
buffles cornus et la moissonneuse batteuse qui s’active à battre le riz jusqu’à
la nuit noire.
La route serpente dans les
rizières et les énormes collines de cailloux entassés les uns sur les autres.
Soudain j’en vois un qui sort de l’ordinaire, un cœur en pierre !
Hop ! Arrêt et photo.
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un beau coeur en pierre |
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et mon p'tit vélo qui m'attend après la photo... |
Puis j’arrive à une bifurcation
entre rejoindre la grande route d’hier et partir sur la Jungle Valley…
attirant ! Je tourne donc mais un brave monsieur m’interpelle en me
demandant où je veux aller car il n’y a rien. Je m’arrête, commence à discuter
car il parle très bien anglais. Il me dit qu’il n’y a que le village et qu’il
ne sait pas pourquoi on a marqué Jungle Valley sur la pierre qui sert de
pancarte. Il en profite pour me faire visiter la place du village et l’immense
banian sacré, la petite école maternelle où la maîtresse fait lever les petits
pour me dire bonjour. Bravo pour la politesse madame l’institutrice !
Mais je fais fi de son avis pour
m’enfoncer dans ce petit village du bout du monde qui a eu la route et
l’électricité en 1987. Ce qui a bien changé la vie des gens.
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S'enfoncer dans la "Jungle Valley" |
Cependant la vie reste très
traditionnelle, petites maisons de terre, toits de paille ou coiffés de grandes
tiges de feuilles de bananier, femmes assises à l’ombre de petites cours
discutant avec les voisines, gamins qui font leur caca sur le bord de la route.
Route qui n’en est plus une et qui se transforme vite en chemin de terre de
plus en plus petit pour devenir sentier. Je sors du village, une bergère
accroupie me regarde passer sur mon vélo en se demandant que diable je viens
faire ici et surtout où je vais ! Mais il y a quelques bouses sur le
sentier, quelques crottes de chèvres donc les bergers doivent bien l’emprunter
pour aller quelque part non ?
Quelquefois obligée de mettre
pied à terre pour passer des rochers ou de passer à toute vitesse dans une
grande flaque pour éviter d’avoir à me mouiller les pieds si je suis obligée de
m’arrêter à cause de la boue, je continue vaillamment à éviter bosquets de
ronces, branches basses et cailloux divers. Un arbre grimpe le long d’un rocher
et l’escalade, des petits écureuils gris déboulent sous mes roues, je poursuis
mon vagabondage et vois le village en face, là-bas, j’ai déjà fait du chemin et
je n’ai pas envie de revenir en arrière.
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à vélo dans la jungle valley ; à gauche un petit arbre grimpe le long du rocher |
Ce chemin doit bien avoir une
fin ? Oui, dans les rochers… et des rizières tout autour avec des fossés…
Ouh la la dans quoi me suis-je encore fourrée ? Mais pas question de
refaire le chemin en sens inverse. Je trouve un creux un peu moins profond et
presque sec pour descendre mon vélo tout en m’y accrochant, puis j’entreprends
de me transformer en équilibriste, tenir avec mon vélo sur les minuscules bordures
de terre entre les rizières et avancer vers la route que je vois toute proche
maintenant. C’est là où je me dis qu’avec une moto ou un scooter je n’aurai
jamais pu venir jusque là. Vive le vélo ! Au bout de la rizière, panique,
grand fossé et mur en face qui soutient la route, trop haut pour passer. Il y a
forcément une solution… toujours en avançant sur le côté, le talus où je suis
remonte et je me retrouve presque à la hauteur du mur.
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j'étais en face... et il a fallu traverser toute la rizière... avec le vélo, ça c'est du sport ! |
Je lève le vélo, le pose
sur la route, m’accroche à lui très fort et arrive à grimer sur le goudron.
Deux bergères me regardent de loin tout en ayant un œil sur leur troupeau et
semblent se dire, quoi, je n’en saurai rien car je pars dans la direction
opposée. Merci au vélo, très chouettes découvertes !
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petit arrêt pour aller voir des buffles avant de rentrer à "la maison" ! |
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