Je vous l'avais bien caché, mais voilà pourquoi je suis à Colombo aujourd'hui : je voulais voir le Prince Charles !!
Excellente occasion pour moi d'en apprendre un peu plus sur ce qu'est le Commonwealth.
Article tiré du journal La Croix de ce jour.
Excellente occasion pour moi d'en apprendre un peu plus sur ce qu'est le Commonwealth.
Article tiré du journal La Croix de ce jour.
Le sommet du Commonwealth au Sri
Lanka boycotté
Le prince Charles a ouvert
vendredi 15 novembre à Colombo un sommet de l’organisation réunissant les
anciennes colonies britanniques, marqué par le boycottage de plusieurs chefs de
gouvernement.
Qu’est ce que le Commonwealth ?
Créé en 1931, le Commonwealth a pris sa
forme actuelle en 1949, après l’indépendance de l’Inde, pour maintenir un lien
entre le Royaume-Uni et ses anciennes colonies ou protectorats. Présidé par la
reine d’Angleterre, il est composé de 53 États membres indépendants dont deux,
le Mozambique et le Rwanda, ne sont pas d’anciennes colonies britanniques. Les
membres ne sont liés par aucun traité et peuvent rester neutres en cas de
conflit engageant l’un d’entre eux.
Le Commonwealth se réunit tous les deux ans dans
un pays différent. Le chef de gouvernement du pays hôte en assume la
présidence. Les débats portent sur les grandes questions politiques,
économiques et sociales, de leur incidence sur leurs pays respectifs et des
mesures à adopter, au sein du Commonwealth ou conjointement dans d’autres
organes internationaux.
Qui boycotte le sommet de Colombo et pourquoi ?
Ce sommet de trois jours est boycotté par
plusieurs dirigeants, dont ceux de l’Inde, du Canada et de l’Île Maurice. La
raison est notamment le refus du Sri Lanka d’autoriser une enquête
internationale sur des accusations de crimes de guerre perpétrés lors de
l’écrasement en 2009 de la rébellion tamoule du nord du pays.
Cette reprise en main avait marqué la fin d’un
long conflit ethnique qui, selon les estimations de l’ONU, a fait environ
100 000 morts. En avril 2011, l’ONU avait publié un rapport accablant
pour le gouvernement. Les rebelles tamouls ont aussi été accusés d’exactions et
d’avoir utilisé des civils comme boucliers humains.
Au grand dam des autorités sri-lankaises, le
premier ministre britannique David Cameron devrait se rendre dès vendredi 15
novembre après-midi vers le nord, dans la région de Jaffna, l’ancienne zone de
guerre dominée par les Tamouls et ensanglantée par les combats à la fin du
conflit. Il sera le premier dirigeant politique étranger à se rendre dans cette
zone. Le Sri Lanka est une ancienne colonie britannique, appelée Ceylan,
devenue indépendante en 1948.
Mgr Rayappu Joseph, évêque catholique de
Mannar, a appelé vendredi 8 novembre la communauté internationale à
boycotter la réunion, a indiqué Églises d’Asie. Ce sommet « est utilisé
pour renforcer la légitimité du gouvernement sri-lankais comme membre
responsable de la communauté internationale », explique
Mgr Joseph, évêque d’un diocèse situé dans le nord du pays, zone
majoritairement peuplée par des Tamouls. « Étant donné la continuation
des actes génocidaires perpétrés contre le peuple tamoul, mon opinion bien
réfléchie est que Colombo ne peut pas être un lieu approprié pour
accueillir » ce sommet qui, selon lui, « contrevient aux
valeurs inscrites dans la Charte du Commonwealth ».
Quelle est la réaction du Sri Lanka ?
Le président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, qui
s’était dit impatient de montrer « la formidable transformation »
du pays après « des dizaines d’années d’une guerre brutale contre le
terrorisme » achevée en 2009, a estimé que le Commonwealth ne devait
pas devenir une organisation de jugement de ses membres.
« Si le Commonwealth veut rester utile
pour ses membres, il doit répondre aux besoins des peuples et ne pas se
transformer en une organisation punissant ou jugeant » ceux qui la
composent, a-t-il dit lors d’un discours peu avant l’ouverture formelle du
sommet. Il a aussi mis en garde contre toute tentative pour un pays d’imposer « un
agenda bilatéral au sein de l’organisation ». Il pourra compter sur la
venue du premier ministre australien, Tony Abbott, qui a déclaré que l’Australie
ne laisserait pas « détruire l’un des organisations les plus anciennes
et importantes dont nous sommes membres ».
Quel est l’enjeu pour l’organisation ?
Pour les analystes, le Commonwealth doit aborder
les questions du respect des droits de l’homme de ses membres, au risque sinon
de perdre de son intérêt. « L’intérêt d’une organisation comme le
Commonwealth dépend de sa capacité à communiquer avec les peuples de ses pays,
à s’intéresser aux questions les intéressant », estime Suhas Chakma,
directeur de l’Asian Centre for Human Rights, basé à New Delhi. « Il
n’y a aucune nostalgie de l’empire britannique et le Commonwealth ne peut donc
reposer sur cela pour survivre. Il ne peut se permettre de rester à l’écart des
sujets difficiles, sinon il perdra toute importance », a-t-il dit à
l’AFP.
Lors du sommet de 2011, l’organisation avait
entrepris de se réformer en mettant en particulier en place une charte de
valeurs communes. Mais elle n’avait pas répondu aux appels en faveur de la mise
en place d’un commissaire aux droits de l’homme.
Des controverses ont déjà émaillé l’histoire du
Commonwealth sans l’anéantir. « Le Commonwealth a une longue
histoire avec ce genre de problèmes, de l’apartheid en Afrique du Sud au
Zimbabwe de Robert Mugabe », rappelle Mark Rolfe, de l’Ecole des
sciences sociales et des études internationales à l’Université des
Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney. Pour lui, le test sera plutôt de savoir si le
Prince Charles, qui représentera sa mère la reine Élizabeth II au Sri Lanka,
sera en mesure de donner un rôle au Commonwealth quand il succédera à la reine.
Vincent de Féligonde
(avec AFP)
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