mercredi 30 novembre 2011

La mort programmée des paysans bio ?

Vu et lu dans le journal en ligne La Croix du 29 novembre ces deux informations qui me semblent vouloir la mort de notre agriculture bio... ? Qui est là-dessous ? Je vous le donne en mille que c'est Monsanto !! Monsanto qui tuent les paysans indiens, Monsanto qui veut tout diriger, Monsanto qui veut se faire de l'argent sur notre santé.... Que promet Monsanto aux gouvernements en place pour agir en toute impunité et proposer sa politique ? Qui a le courage d'enquêter là-dessus ? Il doit bien y avoir quelques braves qui ont dû chercher...

Le parlement adopte un texte controversé sur la protection des semences
Avec cette réforme, les agriculteurs devront payer pour ressemer leur propre récolte d’une année sur l’autre. 
et puis ci-dessous : Annuler la suspension, cela veut bien dire autoriser la reprise non ?? Pourquoi les journalistes emberlificotent les lecteurs de cette façon ? Ils sont payés par Monsanto eux aussi ?

  Le conseil d’État a annulé lundi 28 novembre les arrêtés de suspension de la culture et de la commercialisation du maïs génétiquement modifié de Monsanto. 
La Cour de justice européenne avait déjà estimé que la décision française ne reposait pas sur une base juridique acceptable. Le gouvernement avait alors indiqué qu’il prendrait « une nouvelle clause de sauvegarde » si la suspension était annulée. 

Le Conseil d’État a annulé lundi 28 novembre la suspension de culture du maïs OGM de Monsanto prise par le gouvernement français en février 2008 et remise en cause depuis par la Cour de justice européenne.
 "Tirant les conséquences de l'arrêt de la la Cour de justice européenne, le Conseil d'État relève que le ministre de l'agriculture n'a pu justifier de sa compétence pour prendre les arrêtés, faute d'avoir apporté la preuve de l'existence d'un niveau de risque particulièrement élevé pour la santé ou l'environnement", a indiqué le Conseil dans un communiqué.
Dès la prise de position de la Cour de justice européenne, qui avait demandé début septembre à la France de revoir sa copie, estimant que sa décision ne reposait pas sur une base juridique acceptable, le gouvernement avait indiqué qu'il prendrait "une nouvelle clause de sauvegarde" si la suspension actuelle était annulée.
L'objectif, avait alors souligné le ministère de l'écologie, était "d'éviter la mise en culture d'un OGM qui n'a pas été évalué suivant les nouvelles exigences demandées au niveau européen ou pour lequel des incertitudes quant à ses impacts potentiels sur l'environnement persistent."

"Des OGM dans nos champs dès le printemps prochain"

"La balle est dans le camp du gouvernement (qui) doit à nouveau interdire la mise en culture du Mon 810 en se servant des fondements juridiques adaptés", a réagi le mouvement écologiste Greenpeace.
"Si le gouvernement ne fait pas le nécessaire, en mettant en place une nouvelle interdiction, on risque donc de voir réapparaître les OGM dans nos champs dès le printemps prochain" a prévenu dans un communiqué Sylvain Tardy, directeur des campagnes de Greenpeace France.
"Est-ce quelque chose que Nicolas Sarkozy, très probable candidat à la présidentielle, est prêt à assumer, alors que les Français restent très majoritairement opposés à la présence d'OGM dans nos champs et dans nos assiettes ?", s'est-il interrogé.
"Il ne se passe pas une semaine depuis 2008 sans qu'une nouvelle information ne vienne étayer le dossier à charge contre la variété de maïs de Monsanto 810", a de son côté réagi l'eurodéputé José Bové.
"Le gouvernement français dispose maintenant de tous les éléments nécessaires, tant au niveau juridique que sur le fond du dossier pour établir une clause de sauvegarde solide et conforme au droit européen", a-t-il ajouté.
La-Croix.com

Alors on va continuer à laisser faire Monsanto ?


mardi 22 novembre 2011

Kashi, Banaras, Varanasi

Bénarès la sainte, Kachi la vénérée, Banaras, l'ancienne... nous y sommes au coeur de cette ville qui fait rêver tous les mourants, les malades en fin de vie, les clochards célestes et les autres, les sadhus, les pèlerins de tous bords, hindouistes, jaïns, bouddhistes... Une petite barque fantomatique nous fait glisser de palais fantôme en bûcher de crémation, noussommes dans le silence du brouillard, juste le son des petites clochettes sur le bord des escaliers pour signaler que le brahmane fait l'offrande du feu au fleuve. Nous plaçons délicatement nos coupelles de feuilles emplies d'oeillets piqués d'une bougie allumée sur l'eau le long de la barque pour le bonheur de tous les êtres, la générosité c'est ça ! et nous regardons avec curiosité ces barques emplies de Japonais baillonnés qui flashent tous azimuts à travers la brume.

Le jour est là, les dobhis, les machines humaines à laver et à battre le linge sont dans l'eau jusqu'aux genoux, à lancer leur drap avec force sur leur pierre.

Aujourd'hui il semblerait que l'hôpital du coin ait donné tout son linge et nous espérons qu'après avoir fait sécher les blouses vertes des chirurgiens au-dessus du grand égout collecteur, tout sera passé à l'autoclave pour une stérilisation qu'on imagine effective mais on peut tout imaginer.

Draps, serviettes, vêtements chirurgicaux, tout est nettoyé et purifié par le fleuve sacré...
Après un délicieux petit déjeuner dans une "german bakery" où certaines craquent pour une, non deux crêpes au chocolat, ou une autre à la banane, avec un super bon pain aux céréales, du beurre, du café et du thé, nous filons en rickshaw dans la poussière et le bruit (mais peut-il en être autrement ici ?) sur Sarnath, le lieu où Bouddha fit son premier sermon et annonça les quatre nobles vérités.
  L'énorme Dhamekh stupa serait le lieu même de ce sermon rappelé par des statues non loin de là près du temple.
Le musée où il est maintenant interdit de prendre des photos nous offre une statuaire magnifique, bien organisée, avec des informations faciles à trouver même en français sur un ordinateur à écran tactile placé dans chaque salle. Là aussi il y a eu modernisation et c'est tant mieux pour apprécier toutes ces beautés du passé.
Il y aura aussi une visite à la BHU l'énorme université-ville de Bénarès, son musée sympathique avec quelques belles miniatures... photos à venir très bientôt !

lundi 21 novembre 2011

Bénarès la ville sainte

Bénarès et ses ghats célèbres... ce sera pour un autre jour mais tous les jours (enfin quand je peux plutôt ! je suis un peu prétentieuse !) j'essaie d'avancer donc allez voir à reculons dans les dates !
Ce matin notre Mère Ganga dans la brume.

abordage moderne sur le Gange pour vendre ses vidéos !

vendredi 18 novembre 2011

Jharkhand, mines et assassinat

Depuis le 9 novembre c'est parti pour trois mois en Inde ! La seule difficulté maintenant que j'ai une belle clé 3G pour m'éviter de courir à des heures indues dans les cyber-cafés indiens quand j'ai la chance d'être dans une région "électroniquement moderne" ce qui n'était certes pas le cas jusqu'à présent, c'est de trouver le temps pour raconter toutes nos aventures ! Je reprendrai depuis le début si j'ai le temps avec les dates adéquates mais là je suis obligée de laisser la date du jour car l'article que vous allez lire ci-dessous est du 17 novembre...
Avec le groupe du Cevied nous venons justement de passer une semaine au Jharkhand, état de l'Inde méconnu même par les Indiens qui demandent "où c'est ?". Il fait partie de l'ancien Bihar découpé en trois pour des raisons administratives et économiques, car le Jharkhand comporte une énorme majorité de peuples tribaux. Ceux-ci sont doucement en train d'être éliminés, six millions ont déjà été déplacés et trois autres vont l'être, par les sociétés minières qui grignotent, avancent, rongent avec patience leurs terres et leurs forêts où ils étaient tranquilles et ma foi, heureux d'y vivre... même si pour nous ça ne ressemble en rien au progrès. Voici donc cet article et à bientôt pour la suite - et le début - de nos aventures ! Et pour en rajouter sur cet article je pense qu'effectivement la mafia minière sait s'y prendre pour éviter... de se faire prendre. Et maintenant prenez votre atlas pour aller voir "Jharkhand" - "Ranchi" - "Gumla" où nous étions (le quart sud-ouest)

17/11/11 - 16 h 49 LA CROIX - MONDE
Une religieuse qui militait pour la reconnaissance des droits des aborigènes assassinée en Inde.

Le mercredi 16 novembre, sœur Valsa John, 53 ans, connue pour son combat en faveur des droits des aborigènes, a été assassinée à Pachwara, dans l’état du Jharkhand situé dans le quart nord-est de l’Inde.
Originaire du Kerala, la religieuse appartenait à la congrégation des Sœurs de la Charité de Jésus et Marie, congrégation d’origine belge fondée en 1803 par le P Triest. Profondément engagée dans la défense des aborigènes, auprès desquels elle vivait depuis une vingtaine d’années, elle en avait adopté le mode de vie.
En 2007, son action était devenue plus médiatique lorsqu’elle avait été arrêtée pour avoir dénoncé la confiscation de terres appartenant aux Adivasis (aborigènes) par la compagnie minière Panem Coal Company Limited, ainsi que le déplacement forcé de l’ethnie santal et son exploitation « inhumaine »

Victime de la « mafia minière »

Selon la police, sœur Valsa a été « bastonnée à mort » à son domicile. Selon certaines rumeurs, elle aurait été victime d’un guet-apens, voire d’une attaque des maoïstes, actifs au Jharkhand. La famille de la religieuse est quant à elle intimement convaincue que la religieuse a été victime de la « mafia » minière. Elle aurait en effet à maintes reprises fait état des menaces de mort qu’elle recevait de la part de ceux qui contrôlent l’exploitation des mines de charbon dans l’état. « La mafia avait tenté à plusieurs reprises de la faire céder mais elle restait ferme dans ses positions et demandait à ce que les revenus de la mine soient partagés avec les Adivasis, affirme ainsi son frère. Sa vie était en perpétuel sursis ».
Cette opinion est largement partagée. Le Times of India titrait ainsi le jour même de son assassinat : « Une religieuse du Kerala assassinée par la mafia minière au Jharkhand ».
Le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, le P. Babu Joseph, a fait part de l’intention de l’Église de demander une enquête de l’État. La Conférence indienne des religieux (CRI) par la voix de son secrétaire général, Fr. Mani Mekkunnel, a de son côté affirmé : « Les milliers de religieux de l’Inde sont en communion avec la famille et la congrégation de sœur John, laquelle a fait le sacrifice de sa vie »

Une communauté chrétienne très active

Créé en 2000 à partir de l’état voisin du Bihard, le Jharkhand regorge de bauxite, de fer et de charbon.
La population est essentiellement aborigène. Elle compte parmi eux 125 000 catholiques, soit plus de 4 % de la population, un pourcentage supérieur à celle du pays (2,3 %). Les catholiques sont particulièrement nombreux sur le plateau du Chotanagpur (Chota Nâgpur) qui couvre la plus grande partie de l’état du Jharkhand. Mgr Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi depuis 1985 et président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde de 2002 à 2008 appartient lui-même de l’ethnie ouraon. Il est le premier aborigène d’Asie à avoir été élevé cardinal en 2003. Il est régulièrement la cible des extrémistes hindous.  
L’Église joue au Jharkhand un rôle socio-économique et culturel important avec ses écoles, ses collèges, son université, ses cinq hôpitaux, ses nombreux centres de soins, orphelinats et centres d’accueil.
À Ranchi, capitale du Jharkhand, la cathédrale Sainte Marie, construite au début du XXe siècle avec l’aide de l’Église de Belgique, abrite la dépouille du P. Constant Lievens (1856-1893), missionnaire jésuite belge que l’Église aborigène révère comme « l’apôtre du Chotanagpur ». Tous les ans, à l’occasion de la commémoration de sa mort, le 7 novembre, une grande célébration rassemble des milliers de chrétiens. Une cause en béatification a été introduite officiellement en 2001 par le diocèse de Bruges, à la demande de celui de Ranchi.

Martine de Sauto (avec Église d’Asie)

mardi 15 novembre 2011

Les mines, menaces pour les peuples tribaux


Mardi 15 novembre 2011
 Hazaribagh – visite de la mine de Tapin
Les mines de charbon sont très nombreuses dans cet état, une soixantaine, toutes à ciel ouvert car les couches sont proches de la surface et à l’horizontale.
Le charbon est emmené à travers toute l’Inde vers les centrales thermiques qui sont les principales fournisseurs d’électricité. L’Inde possède deux centrales nucléaires et une troisième est en construction vers Bombay.
On trouve différentes sortes de minerai : charbon, bauxite, mica, uranium ; celle que l’on va visiter à Pérap Tapin est une mine de charbon à ciel ouvert appartenant au gouvernement indien. Nous pouvons pénétrer sans problème alors que normalement, nous devrions avoir un permis mais la loi n’est guère respectée ! Cela nous permet d'appréhender plus facilement ces questions des mines qui font la richesse de l'état mais la misère des peuples tribaux qui habitent là. Car ils ont dû être expropriés de leurs terres...
la mine s'étend ici sur 250 hectares qui étaient auparavant des forêts et des champs
Dès l’arrivée, nous constatons l’étendue du désastre : un immense bassin devenu plan d’eau après l’exploitation et autour, des engins qui s’affairent à creuser, à vider dans des camions qui font des allers et retours (avant notre arrivée, nous en avions vu un nombre important, alignés, en attente de chargement à destination des centrales thermiques et des aciéries. Tout est noir.
les excavations précédentes qui forment un lac, n'ont pas été remblayées
Sur un tas, quelques femmes en saris colorés peinent en remplissant des corbeilles ; quelques jeunes filles arrivent aussi, les pieds seulement chaussés de tongs ; pas de chaussures de sécurité pour ces femmes. De toute façon, qui peut bien s'occuper de sécurité quand il faut d'abord pouvoir manger à sa faim ? Près de ce passage noir de boue ou de poussière, un petit carré d’or, du riz prêt à être récolté, essaie de survivre mais pour combien de temps ?
Très proches en arrière-plan, les petites baraques des paysans repoussées de leurs terres à mesure que les camions se remplissent ; là encore, illégalité : les explosifs (l’après midi, 3 à 4 fois par semaine) ne devraient pas se faire à moins de 2 km des habitations (visiblement beaucoup plus proches). Cette mine est exploitée depuis 1992 ; et elle en a encore pour 20 ans, peut-être plus en fonction des filons trouvés au fur et à mesure de l'exploitation. 
les gravats de l'extraction sont là au bord du champ... et bientôt ? plus de champ ?
 Cela signifie que la femme qui aujourd’hui ramasse le riz à quelques dizaines de mètres de nous dans sa jolie rizière, sera probablement déportée ailleurs et sans moyen de subsistance.
Le gouvernement a sorti une loi comme quoi, les tribus spoliées de leurs terres ont le droit de demander un loyer à ces sociétés pour subsister ; le problème, c’est qu’elles ne sont pas assez puissantes pour se défendre ; on leur a promis aussi que les mines seraient remblayées en terre mais ce ne sont que des paroles pour l'instant. Le chef de chantier nous a certifié qu'en tant que mine gouvernementale, elle serait remblayée avec la terre qui a été sortie, mais cela demande du temps ; on veut bien le croire.

Quelques chiffres pour cette mine :
  • 253 hectares de superficie
  • 3000 tonnes de charbon sont extraites chaque jour en ce moment, deux millions et demi de tonnes par an,
  • 565 ouvriers qui font les 3 x 8 heures et travaillent la nuit à la lueur des phares, ils habitent sur place dans des logements construits par la mine,
  • 30 cadres et 145 superviseurs, les autres étant les mineurs et chauffeurs des véhicules. 
Un autre aspect qui découle de ces mines nous a beaucoup touchés : vers les parties de mines en fin d’exploitation, les gens ont le droit de ramasser les résidus. Plusieurs kilomètres avant d’arriver, au bord de la route poussiéreuse et pleine de dangers dus à la circulation, des hommes avançaient à pieds en poussant leurs vélos chargés de part et d’autre de sacs énormes de charbon. (on a eu le chiffre de plus de 500 kg par vélo) qu’ils allaient vendre à la ville distante d’environ 70 km, des hommes en tongs, maigres, le visage noir, luisant de sueur, harassés, ployés en avant sur leur engin dans les côtes pour pouvoir avancer ; des allers et venues jour après jour de la mine à la ville , une vie de forçats. 
Quel avenir pour ces tribus dont les moyens de subsistance sont de plus en plus réduits et qui sont oubliées par le gouvernement, incapable de faire appliquer les lois, car miné par la corruption – les associations doivent avoir une foi chevillée au corps pour ne pas être découragées
 

Grand remerciement à Alain et Marie pour leur compte-rendu !
(avec quelques ajouts personnels)

lundi 14 novembre 2011

De Gumla à Hazaribagh

Avant de quitter Gumla et notre « guest house » située dans le parc du collège Saint Ignace, tenue de main de maître par les Jésuites (dès leur arrivée  nous voyons les élèves en rang et en uniforme effectuer des mouvements de gymnastique afin de les mettre en condition avant la rentrée dans les classes) nous discutons un moment avec le père de Brouwer d’origine belge et depuis plus de 20 ans dans la région. Il a l’esprit très ouvert –au delà des questions religieuses - et il nous explique que le but à atteindre dans l’aide aux peuples tribaux est de les amener à ce que les changements et les décisions viennent d’eux-mêmes et non de l’aide extérieure.
Selon lui la situation dans la région s’améliore petit à petit et les cultivateurs ne meurent plus de faim. C’est son opinion mais nous rencontrerons par la suite des travailleurs sociaux qui ne sont pas de cet avis ! Qui croire ?
Nous faisons ensuite une visite, hélas trop rapide, d’un très beau musée des peuples tribaux situé dans le parc du collège réalisé par un autre père jésuite avec des fonds hollandais.
Notre guest-house et le monument à la gloire des peuples tribaux
devant l'entrée du musée

Le père jésuite créateur du musée, toujours présent
et qui a accomplit un travail immense de collecte
pour ce splendide musée
Les peuples tribaux, qui peu à peu sont rejetés de leur propre contrée.
La grande fresque en mosaïques du mur d'entrée du musée

Des peintures sur les murs retraçant la vie quotidienne ; des maquettes, des outils etc.… le tout très intéressant mais il nous manque du temps et des commentaires.
un exemple de village tribal Khuntkatti
un autre type de village tribal
scène de chasse typique comme on a pu en voir une démonstration
dans un des villages

Au dernier étage une superbe exposition de peintures d’artistes aborigènes contemporains de tendance très moderne et qui ne dénoterait pas dans une expo branchée à Paris !
Les peintures tribales traditionnelles Khobar et Sohrai
comme celle ci-dessous qui racontent la faune et la flore
scène de la vie quotidienne : le retour des champs
le ramassage du bois pour faire la cuisine
Une partie de la grande fresque du dernier étage
où se mêlent travaux des champs et des mines

Sur la route de Gumla, de passage à Ranchi nous nous arrêtons pour rencontrer des représentants d’une organisation qui œuvre pour le développement des terres sous exploitées ou dévastées (SPWL society for promotion of wasted land). C’est une association indienne répartie sur 13 états (dont le Jharkhand) et financée par des fonds philanthropiques indiens et européens (Hollande, Allemagne, Suisse, Suède…) versés pour des projets bien définis.
Ils travaillent également avec d’autres associations (comme EKTA PARISHAD et Birendra qui nous a organisé ces rencontres si instructives) qui ont pour but de défendre les droits des peuples tribaux qui ont été expulsés de leurs terre par des industries ou des mines. La loi exige, qu’une fois l’exploitation abandonnée, les terres  de la mine soient réhabilitées mais ce n’est que rarement réalisé et c’est à ce genre de combat que ces organisations se consacrent. Nous aurons l’occasion demain de voir une mine de charbon  à ciel ouvert et de voir combien  les terrains ont été laissés tels quels.
Le SPWL s’attache aussi à la recherche de nouvelles semences (essentiellement de riz) et à la promotion chez les paysans du SRI (system of rice intensification) méthode de culture très prometteuse qui consiste à planter le riz en lignes moins serrées de manière à pouvoir y passer une petite charrue à main ce qui permet d’obtenir un bien meilleur rendement.
Nous quittons ces représentants du SPWD avec regret tant leur enthousiasme est grand et leurs projets intéressants.
En chemin, sur la grande route nous croisons de pauvres hères poussant péniblement leur vélo chargé d’énormes sac de charbon (4 à 500 kg) qu’ils emmènent au prix d’efforts qui nous semblent surhumains dans des villes situées parfois à 80 km (2 jours de marche). Lorsque les mines sont désaffectées ils ont la possibilité de récolter gratuitement le charbon de seconde qualité et d’aller le vendre pour leur compte là où on veut bien le leur acheter. Mais au prix de quels efforts !!!!



Nous terminons cette journée bien remplie par un énorme embouteillage sur la route mais notre chauffeur imperturbable, à coups de klaxon et de dépassements illicites, finit par nous amener sains et saufs à Hazaribagh.
Merci à Marie-Thérèse et Jacqueline pour leur compte-rendu de ce jour !

dimanche 13 novembre 2011

Dans les villages tribaux du Jharkhand

Samedi 12 et dimanche 13 novembre 2011
Inde-Jharkhand et district de Gumla
Nous arrivons ce samedi matin à la gare de Ranchi, capitale du Jharkhand. Sunil, un des travailleurs sociaux de l’équipe de l’association NSVK (Naya Savera Vikas Kendra) nous attend avec un minibus à la sortie de la gare et nous partons pour le district de Gumla à une centaine de km au sud-ouest de Ranchi.
Dans ce district de Gumla résident 77 % de peuples tribaux et c’est le district le plus pauvre de l’état du Jharkhand, le Jharkhand étant quasiment l’état le plus pauvre de l’Inde…Trente-trois tribus différentes habitent cet état, avec pour chacune une langue et des traditions différentes.
Cet état très riche en ressources minières, regorge de charbon, bauxite, mica, argent, et les grands groupes miniers déplacent les populations avec l’accord du gouvernement pour exercer leur industrie. Six millions de personnes ont été déjà déplacées et trois millions sont en voie de l’être. On sait très bien que les peuples tribaux sont les meilleurs protecteurs de la forêt et les deux sont en grand péril. Mais on sait la puissance de la « mafia minière » (voir le 18 novembre sur ce même blog).
Un des problèmes importants pour que ces peuples puissent se défendre est que seule 2 % de la population est alphabétisée et leur langue est tribale. La solution est donc de trouver un instituteur qui puisse parler cette langue et l’hindi pour faire le transfert des connaissances, et il doit progressivement s’adapter à tous les niveaux de scolarité. La plupart du temps, cela peut être un « enfant du pays » qui a réussi et revient dans son village pour l’enseignement.
Le Jharkhand est un beau pays avec des sites touristiques naturels, forêts, cascades, un bel artisanat tribal (soie, bambou),des tissus brodés, des peintures traditionnelles que nous avons pu admirer au musée des peuples tribaux dans notre centre d’hébergement de Gumla.
Cent dix associations travaillent à l’essor de cette région.

Nous sommes accueillis à Gumla au centre de St Ignace, comprenant de grands établissements scolaires pour garçons et filles tenus par des Jésuites, ainsi qu’un très beau musée sur 4 étages sur les peuples tribaux et un centre d’hébergement pour stagiaires divers dont nous faisons partie. Puis nous partons pour Palkot où se trouve le bureau de NSVK. L’association a été choisie par Caritas India après une demande de parrainage de la part du gouvernement écossais et de l’association SCIAF (Scottish Catholic International Aid Fund) pour une aide à des villages d’agriculteurs pauvres en Inde.
 NSVK a pour mission l’amélioration du bien-être des communautés à travers une amélioration durable dans la production agricole. Le projet dans le district de Gumla est prévu jusqu’en mars 2013.Les résultats espérés sont de diminuer de 30 % le taux des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, que les femmes soient agents de la croissance, accèdent aux décisions et pour le côté agricole augmenter les rendements en perfectionnement le stockage des pluies.
Ce projet implique dix nouveaux villages par trimestre, avec une réunion chaque mois et la planification du futur avec les dirigeants de chaque village qui font le lien ensuite avec la population. Ce plan touche 5607 habitants, le plan est fait pour un projet de 60 000 champs dont 12 000 sont terminés. Les fonds donnés par l’organisme écossais sont vérifiés régulièrement et un dirigeant écossais va venir en janvier prochain.
Les techniques de production sont améliorées pour le riz, les champs sont découpés en petits carrés et labourés à la charrue à un soc 39 fermiers utilisent déjà cette méthode et un pied de riz donne 95 bouquets au lieu de 25 en agriculture normale.
explication sur le SRI System of Rice Intensification
La reforestation est en cours. L’aide aux veuves se manifeste sous forme d’élevage de porcelets à engraisser.
L’amélioration de la santé fait partie du programme et les chefs de village sont formés. Une organisation se fait au niveau du village pour la réalisation d’un compost biologique à base de bouses de vaches, de déchets organiques et de vers (vermi compost) ce qui élimine l’achat d’engrais, de fertilisants, donc fait faire des économies et donne une production biologique meilleure pour la santé.  Quarante hameaux du district seront en agriculture biologique d’ici deux ans. Le projet est que dix villages soit 700 fermiers fabriquent du compost biologique, 141 vont s’y mettre et ceux qui pratiquent déjà sont contents car les rendements s’améliorent ainsi que leur santé. Il y a la possibilité d’un marché hebdomadaire pour vendre leurs récoltes.

Les femmes commencent à prendre toute leur place dans le village, deviennent entrepreneuses, ont une meilleure confiance en elles. Elles ont été encouragées à ne plus fabriquer d’alcool de riz à la maison, car elles ont compris qu’elles rendaient leur mari alcoolique, se faisaient battre et maltraiter lorsqu’il avait bu. La santé des hommes y gagne ainsi que la tranquillité des femmes !
Il ne faut pas croire que tout fut simple au démarrage et que l’accord de la population se fit facilement. C’est un travail de longue haleine mené finement par les travailleurs sociaux, qui arrivent à convaincre d’abord une personne du village, travaillent avec elle, et en voyant les résultats, les autres arrivent petit à petit aux réunions de village. Le démarrage fut très difficile mais les résultats actuels sont déjà prometteurs..
Nous partons ensuite avec l’équipe des travailleurs sociaux dans le village de Kurum.
Entrée en procession chantante et dansante dans le village
Pour nous accueillir, la chorale des femmes !

Couronnes et colliers de fleurs ramassées dans les champs
Réception chaleureuse des villageois avec colliers de fleurs à profusion, couronnes de feuillages piquées d’œillets, de branchages, de fruits, nous devenons de vrais portraits d’Archimboldo !
Marie se demande si Julie va pouvoir tenir tout ça en équilibre !
Chacun de nous les félicitons et les remercions pour leur travail dans les champs, leur dynamisme, leur persévérance. Les hommes construisent une politique d’amélioration des cultures et de l’élevage et les femmes conduisent le village vers un bien-être général. Ces villageois se veulent un modèle pour les autres villages.

Un repas nous est offert, chapatis (galette de blé), lentilles et légumes en sauce, repas traditionnel indien que tout le monde a dégusté avec les doigts après un lavement des mains traditionnel. Nous avons apprécié leur générosité, leur hospitalité, leur gentillesse, leur volonté à se construire une vie meilleure. Et notre rôle c’est de le faire savoir afin que d’autres participent à l’aide pour que les décideurs restent à épauler tous les travailleurs sociaux piliers de cette réussite. Ensuite nous visitons le village, admirons leur petit jardin biologique qui est en train de pousser...
Visite du village et du jardin bio

13 novembre
Visite du village de Pithertoli et de nouveau une belle réception par les femmes du village qui nous attendent ce matin. Des jeunes femmes en sari de mariage, pot sur la tête viennent nous asperger pour bénir notre arrivée !
Les femmes viennent à notre rencontre
Nous partons en procession à travers le village, Julie se fait vêtir d’un voile de mariée et fait dire à tous qu’elle ne rentrera pas en France pour l’instant… :)
Julie n'en revient pas de se retrouver habillée en mariée indienne !
et elle fait l'unanimité pour sa beauté et sa gentillesse !
Repas offert dans une grande pièce où chacun essaie de nous faire prendre conscience des problèmes du village. Chacun à notre tour nous nous présentons et leur disons comme nous apprécions leur accueil et leur courage de se lancer dans des projets qui vont participer à l’amélioration de leurs conditions de vie.
C’est pour eux un grand honneur de nous recevoir et nous essayons d’être à la hauteur ! Mais c’est surtout nous qui apprenons d’eux, sur leurs conditions de vie, de travail, leur désir de sortir de la pauvreté, sur leur culture, et ils ont tous un don pour créer en chanson ce qu’ils ont à nous dire.
L'assemblée dans la salle du village
 A notre départ, un dromadaire et un éléphant viennent nous dire au-revoir, l’éléphant semble enchanter de vouloir se faire serrer la trompe !
tout le monde vient nous dire au-revoir !
Impressionnant mais gentil !
Le village suivant où nous devions nous arrêter est en deuil, un villageois vient de mourir et nous ne troublerons pas leur deuil. Nous passons dans un autre village sans grand monde, les femmes se lavent à la rivière et là aussi nous ne perturberons pas leur toilette. Sur le chemin du retour à l’heure du soleil couchant qui dore les cultures nous nous arrêtons pour grimper sur un rocher où se trouve une grotte avec une source qui ne tarit jamais, un petit temple s’y trouve également pour honorer Hanuman le dieu singe adorateur de Rama et Sita.

la vie simple de la campagne
se faufiler dans la grotte pour apercevoir Hanuman le dieu singe
Hanuman qui a dans son coeur les images de Rama et Sita
 Nous revenons au siège de l’association et Birendra « le big boss » nous rejoint et nous explique que si la construction des retenues d’eau se généralise les gens resteraient sur place. Une autre ressource locale est l’arbre à laque. Cet arbre fabrique une sorte de résine utilisée dans la bijouterie pour faire des bracelets ainsi qu’en cosmétique. Cela pourrait faire un débouché non négligeable mais il n’y a aucune unité de production et les cours étant très fluctuants, il reste une solution économique viable à trouver.
l'arbre à laque
 Une autre activité est la fabrication de coupes et d’assiettes en feuilles adroitement « cousus » par les femmes et elles aimeraient avoir une sorte de « machine à emboutir » pour améliorer la production. Les débouchés sont tous les restaurants qui servent dans des assiettes à "usage unique" !
présentation de la fabrication d'assiettes et coupes en feuilles
Défi difficile pour les travailleurs sociaux, super efficaces, enthousiastes, car le gouvernement ne fait rien dans cet état à cause du mouvement maoïstes, les naxalites, qui sont très présents et qui utilisent la violence contre les représentants de l’état et de l’ordre.
Deux journées intenses, vibrantes d’émotions, de gentillesse et de générosité, où nous sommes un peu confus de nous sentir considérés comme de « riches » occidentaux, que nous sommes bien sûr, face à une telle pauvreté ici. Tous s’imaginent un peu que nous avons la possibilité d’accéder aux hautes sphères politiciennes pour leur venir en aide, mais sûr, nous ferons tout ce que nous pourrons pour faire connaître leurs conditions.
Merci à Hélène pour son importante contribution et sans qui ce compte-rendu n'aurait pas vu le jour !

vendredi 11 novembre 2011

Départ pour l'Inde

Le 9 novembre,  notre bel oiseau gigantesque le A380, 600 passagers, arrive avec un peu de retard sur la piste de Roissy pour oser espérer partir à l'heure. Faire le ménage, embarquer la nourriture, charger les bagages, et nous partons avec une bonne heure et demie de retard pour Dubai. Et là, comme le créneau horaire d'atterrissage n'était plus disponible, encore 45 minutes à tourner au-dessus de l'aéroport des Emirats Arabes Unis. Arrivée sympathique mais un peu anxieuse, allons nous avoir notre correspondance pour Calcutta ? Malgré l'assurance de notre steward, nous héritons d'un bon d'échange pour une nuit d'hôtel très confortable et d'un petit déjeuner-buffet fort copieux..
A quand un aéroport français avec des horloges Rolex ?
La chambre, confortable.
Les immenses couloirs de l'hôtel de l'aéroport de Dubai où on ne peut même pas faire du patin à roulettes.
on se réveille à Calcutta ? Non, toujours à Dubai avec des constructions de partout

La pub pour Dubai, ses marinas pied dans l'eau, son terrain de tennis en haut d'une tour, le gratte-ciel le plus haut du monde...
 Finalement la nuit à l'hôtel plutôt que dans l'avion ce n'est pas mal, mais il faut gérer ensuite les 12 heures de retard pris sur l'emploi du temps !
Le 11 novembre nous voici à pied d'oeuvre pour découvrir de bonne heure le marché aux poulets. Traités comme de vulgaires cailloux, ils sont pris dans les paniers, on leur attache les pattes puis sont balancés dans un autre panier où on va les rassembler en "bouquets" de quelques poulets pour être vendus et suspendus ensuite à quelque guidon de bicyclette pour aller finir leur vie dans un restaurant de quartier. Ecoeurés par le traitement, personne ne mangera de poulet le soir au restaurant !
Le marché aux poulets à Calcutta

Les poissons sur le trottoir c'est pas mal aussi ! Mais avec l'oeil brillant et tout frais.
Oeillets, d'Inde bien sûr, jasmin, tout est prêt pour faire une offrande au temple à côté.
 La petite boutique du vendeur de chaï (thé indien) vient à point pour nous réconforter et c'est la première initiation à la dégustation traditionnelle d'un thé brûlant et délicieusement parfumé dans de petites coupes en terre qu'on jette ensuite dans le caniveau quand on est bien élevé.
A votre santé !
 Deuxième initiation : la noix de coco ! Le sommet taillé à coup de serpe d'un coup sec, une paille en plastique glissée dans l'ouverture et on se régale de cette eau qui désaltère avant d'atteindre l'Esplanade, grande place centrale de Calcutta pour passer à la troisième initiation : les gâteaux !
Plein de sucre mais accompagné de lassi (yaourt battu à boire)
 Superbe pâtisserie, très propre, type salon de thé mais où l'on ne sert pas de thé, que des gâteaux fabriqués à base de lait et de sucre : à la noix de coco, au chocolat, parfumé à la mangue, à la framboise, des gulab jamun, patisserie faite avec lait, farine, sucre et beurre, frite puis mise dans un sirop de sucre parfumé. Difficile de terminer l'assiette composée que j'avais préparée pour le groupe, vite écoeuré par tout ce sucre ! Mais après on sait à quoi on s'attend quand on voit ces beaux gâteaux.
Et nous n'en étions qu'en milieu de matinée...
 La circulation commençait à être bruyante et assez dense, les vieux tramways brinquebalants donnaient envie de monter dedans pour découvrir la ville comme si on faisait un tour de manège, le marchand de journaux offrait les titres aux écritures si différentes pour bien prouver que Calcutta était une vraie capitale, où se côtoient l'anglais, l'hindi, le bengali, l'urdu...
des titres à faire pâlir d'envie un calligraphe...