jeudi 8 novembre 2007

La vie dans un village tribal


Birendra avec les enfants du village.



Les habitants du village Birhor Tanda, que nous avons été visiter ont trois types de ressources :

la terre, à cultiver, pour le riz et les légumes. Pour l'instant seules quelques petites parcelles de riz ont commencé à être cultivées. Une seule assiette de riz par jour les nourrit pauvrement et ils manquent sérieusement de vitamines ;

la forêt, pour les quelques fruits, les racines qu'ils font cuire, des feuilles qui leur servent d'épinards et le bois qu'ils vont couper pour la cuisson des aliments. Ce sont eux qui fournissent en bois les villages alentour pour la cuisson, une branche pour le petit déjeuner, deux pour le lunch et deux pour le diner, qu'ils vendent 12 à 20 roupies selon la grosseur (1 euro = 53 à 55 roupies) ; ils chassent également et vendent les animaux comme les lapins et de petits carnivores. Ils mangent eux-mêmes des petits animaux comme souris, rats ou serpents ;

l'eau pour l'agriculture et les possibilités d'irrigation qu'ils n'ont pas pour l'instant, et l'accès à la rivière pour en tirer du sable et des pierres qu'ils vendent pour la construction.

Leur ressource principale pour obtenir de l'argent est de récupérer des sacs de ciment (Lafarge !), de les défaire brin par brin et de tresser avec ceux-ci des cordes extrêmement solides qu'ils vont vendre sur le marché. Il faut 6 heures de travail pour faire une corde vendue 32 roupies.

Les enfants ne vont pas à l'école. Ce peuple tribal a son propre dialecte et l'école se fait en hindi. Les enfants ne comprennent pas cette langue et se désintéresse rapidement de l'école. Les instituteurs (très peu éduqués eux-mêmes car il y a encore dix ans le gouvernement embauchaient les instituteurs au niveau de notre brevet des collèges) ne sont pas intéressés par l'innovation pédagogique, c'est le moins que l'on puisse dire, et n'ont cure de faire progresser les enfants. Le gouvernement, qui dit s'intéresser aux peuples tribaux, le fait uniquement verbalement. Les travailleurs sociaux souhaiteraient un enseignement en langue tribale avec l'apprentissage du hindi puis de l'anglais, accompagné d'un travail social, pour qu'une nouvelle génération ait accès au savoir et à la possibilité d'avoir un minimum d'éducation et un métier. Dans ce village un seul adulte est lettré et parle anglais car il a travaillé comme serveur dans un restaurant de Delhi.

C'est aussi un peuple qui n'a pas l'idée du futur : quand ils ont gagné de l'argent, ils ne travaillent plus jusqu'à ce que tout soit dépensé.

Ce village comporte 28 familles (180 personnes) et la mortalité infantile est en augmentation à cause de la malnutrition et de l'anémie. Trois personnes, élues par l'assemblée du village, dirigent le village et sont représentatives.

Depuis 10 ans nos amis se battent pour faire reconnaitre leurs droits à la terre, à l'eau et à une éducation adaptée. Ils font des réunions pour enseigner ces droits. Ils ont pu obtenir du gouvernement une pension de"survie" pour les plus de 66 ans : 200 roupies par mois (4 euros) !
Nous repartons de ce village avec un sentiment d'impuissance difficile à combattre malgré l'avis de Birendra qui nous dit que beaucoup de choses ont changé en 10 ans mais qu'il faut voir les choses à long terme et que bien des petits pas ont déjà été réalisés. La pauvreté dans son état brut, les petits, nus dans la terre, les plus grands vêtus par la bonne volonté de villageois alentour, les pères qui partent chasser en forêt parfois pendant trois jours sans rien à manger ni à boire que ce qu'ils trouvent en cours de route, les mères qui vont couper le bois, font que les enfants sont laissés à eux-mêmes une bonne partie de la journée puisqu'ils ne vont plus à l'école.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci Madeleine de nous faire découvrir aussi bien de l'intérieur la vie de ce village. J'avais constaté une situation très similaire dans des villages tribaux du Karnataka, avec l'alcoolisme des hommes en plus.
bonne continuation
Béatrice

bijoliane a dit…

Merci Beatrice pour ta photo bien recue ! pour l'alcoolisme malheureusement je crains que ce ne soit endémique... mais Birendra voudrait faire de ce village un village modèle qui servirait d'exemple aux autres, avec bien sur, pas d'alcoolisme.