Ambiance « Shiva ».
Tous les matins et tous les soirs sur le bord des fleuves en
Inde, au lever et au coucher du soleil, on fait l’offrande du feu ou des cinq
sens au fleuve. Cela peut être une cérémonie très intime, familiale ou
théâtrale comme l’est celle de Bénérès sur cet endroit des ghats.
Ce soir c’est la fête, c’est la foule, c’est la folie sur
les ghats de Varanasi (les escaliers qui sont le long du Gange à Bénarès).
Sur le fleuve une centaine de barques sont alignées,
encastrées, imbriquées les unes dans les autres et remplies de centaines de
pèlerins. On croirait qu’il y a aussi des gradins sur le Gange, bourrés à ras
bord.
Des flashes crépitent, les petites coupelles avec bougie et
fleurs traînassent le long de la rive ou filent à grand train en fonction des
courants. La lune, à la couleur assortie aux néons du quai, s’affiche ronde
dans le ciel noir dont les étoiles ont été tuées par l’orgie lumineuse.
Des sâdhus (renonçants) qui n’ont pas fait vœu de pauvreté
photographient avec leur portable dernier cri la foule et les lieux de la
cérémonie délimités par des rangées de lumignons.
Un Oooooommmm qui ne s’essouffle pas traîne sur l’harmonium
pour marquer le début de la cérémonie. Les cloches tirées par des ficelles
s’agitent en haut des portiques en bambou, les officiants secouent
énergiquement leur propre clochette et la cacophonie est assurée par
l’harmonium, le chanteur et les haut-parleurs grésillant au maximum de leur
volume. L’ambiance mystique est assurée par un premier ballet de mouvements
avec un bâton d’encens (l’odorat) dont la fumée légère virevolte au-dessus des
têtes. Puis c’est au tour d’une rose, la vue, (tiens, c’est un nouvel ajout
dans le cérémonial, ça devient romantique), puis le gros chaudron de charbon
brûlant avec de l’encens qui dégage de vigoureuses fumées, assurent l’ambiance
pour les photos tout en purifiant l’atmosphère.
Puis les grands chandeliers pyramidaux qui pèsent un poids considérable et qui permettent aux sept jeunes brahmanes officiants de se muscler un peu les biceps, se montent et se baissent au rythme des mantras. Les sâdhus vidéastes utilisent leur téléphone mobile pour filmer la cérémonie et peut-être ensuite la montrer à leurs frères de chilom au pied des Himalayas.
Puis les grands chandeliers pyramidaux qui pèsent un poids considérable et qui permettent aux sept jeunes brahmanes officiants de se muscler un peu les biceps, se montent et se baissent au rythme des mantras. Les sâdhus vidéastes utilisent leur téléphone mobile pour filmer la cérémonie et peut-être ensuite la montrer à leurs frères de chilom au pied des Himalayas.
Pour continuer la séance de musculation, de petits chaudrons
en bronze surmontés de la quintuple tête du cobra sacré sont élevés à deux
mains aux quatre coins cardinaux.
Puis vient le tour des éventails en plumes de paon. Quelques
jets de pétales d’œillets d’Inde finissent en pluie sur les barques en-dessous
de l’estrade. Les conques retentissent et c’est au tour de grands
balais-queue-de-cheval à dessiner en cadence le cercle de l’arati. Les
moustiques et les éphémères virevoltent en rythme autour des lampadaires.
Prise par l’ambiance que provoque le gigantisme de la foule
ce soir je suis surprise de l’arrêt de la cérémonie qui me semble raccourcie.
Ai-je rêvé ou manqué des séquences ? Celle de l’eau avec les conques,
celle du petit mouchoir qu’on agite… Mais c’est ça aussi l’impermanence.
Pourquoi s’attendre au pareil, au semblable, puisque tout change. Sur un même
endroit du Gange, l’eau qui passe n’est jamais la même.
Mais tous les swamis (enseignant religieux, qu'on pourrait traduire par "moine") que nous avons rencontré nous
enseignent qu’il y a un lieu en nous qui est éternel, immortel, et tous les
sages vous le diront ici. Un lieu où on est dans le bonheur…
1 commentaire:
Mon plus beau souvenir !
Bon voyage.
Bisous.
Isa
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