samedi 5 juillet 2008

Il faut sauver le tailleur Inam

J'ai un copain à Delhi, que j'ai connu sur les bancs de la fac à Lyon en classe de hindi et qui a une histoire vraie à vous raconter, je lui laisse donc la parole :

Alors pourquoi ce message aujourd'hui ? pas pour moi en fait... donc juste quelques lignes pour mes nouvelles. Je suis donc à Delhi... encore, penseront certains... c'est en effet là que j'ai passé les six premiers mois de l'année scolaire et où je suis revenu hier, difficile et même impossible de résumer ces dix mois, c'est pourquoi j'essaierai à peine, il y eut Delhi, Varanasi, le Népal, Katmandou, Pokhara, les montagnes du nord, le retour en Inde dans l'Etat d'Uttarakhand ou j'étais encore il y a deux jours à bosser encore le hindi dans une école.

Après des mois d'écriture et de hindi, je suis revenu à Delhi pour peut-être faire mon ancien métier de reporter avec des journalistes français qui bossent en Inde, rien de sûr encore, le présent suffit bien, d'ailleurs si j'avais vraiment pensé à l'avenir, je ne serais jamais parti en Inde car il faut bien reconnaitre que depuis un an, je ne cotise pas beaucoup pour ma retraite, ainsi ne toucherai-je rien pendant que vous toucherez à peine plus.
Et ce tailleur Inam du titre qui est-ce donc ?
Un pote de Mussoorie, la petite ville où je viens de passer deux mois et demi, à force de passer tous les jours devant sa boutique, les liens se sont tissés et les discussions sont devenues de plus en plus intimes et puis un jour Inam a foutu sa fierté au placard pour m'expliquer sa situation sans rien me demander, c'était juste une confidence qu'il cache même à sa famille (une femme et 5 enfants) pour ne pas l'affoler.

En décembre 2006, sa fille aînée de 20 ans a subi une opération à coeur ouvert et la vie jusqu'alors plus sereine d'Inam bascule car Inam n'est pas pauvre, il faut dire qu'il bosse une quinzaine d'heures par jour et 7 jours sur 7, mais ce n'était pas assez pour financer le coût de l'opération, soit 400 000 roupies (environ 6 000 euros) une somme énorme en France et pharamineuse en Inde.

Il a pu verser la moitié de la somme, l'autre moitié, pas d'accès au prêt bancaire, seule solution, malheureusement classique en Inde, le recours à un usurier et à ses taux exorbitants.

Mais au moins l'opération a eu lieu et a réussi, mais aujourd'hui Inam doit rembourser capital et intérêts, le problème étant que chaque mois il n'arrive qu'à rembourser les intérêts, 5 000 roupies (1 euro = 63 roupies) sans jamais pouvoir commencer à rembourser le capital et pourtant si dans 15 mois Inam n'a pas tout remboursé, il paume sa maison hypothéquée et l'usurier la recupère...

Je n'ai fait aucune promesse à Inam, je lui ai juste dit que "je verrai ce que je peux faire", un peu l'a déjà été (pas seulement par moi...) puisqu'Inam a récupéré 50 000 roupies, il lui reste donc environ 2400 euros de capital à rembourser.

voila le but de ce message, ceux qui le peuvent ou le veulent filent un bout de pognon à cet Inam qu'ils ne verront jamais, pas plus qu'ils ne reverront leur argent car il s'agit d'un don.

Inam m'a bien précisé qu'avec le temps il pourrait tout rembourser sans intérêt, mais si on peut déjà ramasser une somme, même minime, c'est déjà ça, car la moindre roupie est un poids en moins.

Voila à peu près résumée l'histoire de mon pote Inam, il y a des milliers et même des millions d'histoires de ce genre en Inde, dans ce pays qui se voudrait développé mais qui par bien des aspects est encore médiéval, mais heureusement je ne suis pas le pote des millions de misérables du pays, quoique dans ce cas vous auriez reçu des millions de messages collectifs de ma part...

Inam, le tailleur de Mussorie
Et voilà l'histoire... Comme je pars en Inde bientôt, des messages internet sont partis tous azimuts pour récolter quelques euros que j'apporterai bientôt à Delhi et qui feront un soulagement immense pour toute une famille... C'est beau la solidarité internationale ! Promis, je vous tiens au courant de la suite de l'histoire, les premiers chèques commencent à arriver dans ma boîte aux lettres !

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