Ce matin, petite visite chez Shyam, notre ami et accompagnateur indien... Je marche dans l'air frais et propre de ce matin pour aller à la station de métro tout près de l'hôtel. Je prends mon jeton, 21 roupies pour faire un trajet d'une heure environ, avec deux changements. Les lignes de métro sont en couleurs et c'est facile pour se repérer : la ligne bleue puis la ligne jaune et enfin la ligne rouge. La ligne rouge va au fin fond de la banlieue nord-est et est aérienne. Le métro suit donc sa route au-dessus des toits-terrasses, au niveau des bidons noirs de réserve d'eau, des tiges métalliques hérissées sur les étages non terminés. Un flamboyant ouvre ses fleurs vermeille au milieu du béton. Nous passons comme un aigle sur les hauteurs de la ville parfois au niveau de tous les déchets accumulés sur les terrasses, cela évite de voir celles entassées au niveau de la rue et le museau des vaches y cherchant quelques épluchures.
Quand j'arrive au terminus de la ligne je prends le bus qui va à Pehladpur. Il suffit de dire le lieu où l'on va et on sait si on monte dans le bon véhicule ou pas. Ici, tellement de gens ne savent ni lire ni écrire que rien n'est indiqué pour les directions. Tout se fait "à la criée" ! Ce sont des bus de banlieue qui vont vers les villages où règnent encore les traditions, les mariages arrangés, les voisins qui viennent voir par la porte entr'ouverte l'invitée qui vient d'entrer. Tout se sait, tout se raconte, ne pas faire de faux-pas... Les filles attendent le mari que les parents leur trouveront entre 18 et 22 ans. Pas question d'avoir un amoureux ! Les courageuses veulent aller à l'université ou dans une école technique privée si les parents ont de l'argent, les flemmardes se vautrent devant la télé en mangeant des bonbons.
Le bus est petit, des sièges courent le long de la carroserie et j'avise en montant un petit jeune en face de moi, les oreillettes de téléphone dans les oreilles. Il est assis, il me regarde, tant pis pour lui, un léger froncement de sourcils, un petit mouvement de menton, il a compris, il me laisse sa place. Je commence à être bonne pour commencer les cours de kathakali (mais juste au niveau des yeux, pour le reste, c'est trop tard !)
Une demi-heure de bumping, tressautements, secousses, sursauts sur une route en réparation depuis plus d'un an. Mais pas étonnant quand on voit la vitesse à laquelle certains se mettent au travail ou plutôt essaient d'imaginer comment faire pour ne pas travailler, et ça prend du temps. Encore un paradoxe : d'un côté les rubans d'asphalte autoroutiers qui se déploient à toute allure autour de l'Inde permettant à encore plus de poids lourds surchargés de se vriller sur les bas-côtés, de l'autre les rues des villages laissées dans un état lamentable après des travaux d'adduction d'eau ou d'électricité. Mauvaise gestion des fonds municipaux, laisser-aller collectif, corruption, fatalisme des citoyens.
Les gens continuent de grimper dans le petit bus. La vitre du fond est ornée d'une gigantesque peinture de Shiva Nataraja (le Shiva dansant dont on voit partout les statuettes en bronze ou en laiton) et devant, un petit bonhomme assis sur le capot du moteur, le bonnet de laine enfoncé jusqu'aux yeux fume sa bidi (il est bien sûr interdit de fumer en Inde dans tous les lieux publics) et tourne à fond le bouton de la sono installée au-dessus de la tête du chauffeur. Hardi petit, c'est parti, klaxon dégressif interminable, très fort d'abord puis qui va déclinant PUNPUnpunpunpun et ça repart. Une sinusoïde sonore qui accompagne un chanteur qui semble arabe, le tout à fond la caisse. Les voyageurs sont rivés à leur téléphone, moi accrochée à mon siège qui est en train de se faire la malle par l'avant, les cahots qui me virent sur les voisins et réciproquement, les klaxons par derrière car le bus, qui s'arrête à la demande, stoppe bien entendu au beau milieu de la chaussée défonçée. Au bout de 25 minutes d'essoreuse à 800 tours/minute je reconnais "ma" rue ! Vite, je me lève, fais signe que je veux descendre, le bus stoppe et j'atterris, complètement abasourdie, en plein milieu d'une flaque.
Mais les alu parathas (crèpes à la pomme de terre) de la belle-fille sont bonnes, le yaourt est frais et doux, la télé à fond sur le match de cricket Pakistan-Australie.
That's India ! et j'aime ça !
Quand j'arrive au terminus de la ligne je prends le bus qui va à Pehladpur. Il suffit de dire le lieu où l'on va et on sait si on monte dans le bon véhicule ou pas. Ici, tellement de gens ne savent ni lire ni écrire que rien n'est indiqué pour les directions. Tout se fait "à la criée" ! Ce sont des bus de banlieue qui vont vers les villages où règnent encore les traditions, les mariages arrangés, les voisins qui viennent voir par la porte entr'ouverte l'invitée qui vient d'entrer. Tout se sait, tout se raconte, ne pas faire de faux-pas... Les filles attendent le mari que les parents leur trouveront entre 18 et 22 ans. Pas question d'avoir un amoureux ! Les courageuses veulent aller à l'université ou dans une école technique privée si les parents ont de l'argent, les flemmardes se vautrent devant la télé en mangeant des bonbons.
Le bus est petit, des sièges courent le long de la carroserie et j'avise en montant un petit jeune en face de moi, les oreillettes de téléphone dans les oreilles. Il est assis, il me regarde, tant pis pour lui, un léger froncement de sourcils, un petit mouvement de menton, il a compris, il me laisse sa place. Je commence à être bonne pour commencer les cours de kathakali (mais juste au niveau des yeux, pour le reste, c'est trop tard !)
Une demi-heure de bumping, tressautements, secousses, sursauts sur une route en réparation depuis plus d'un an. Mais pas étonnant quand on voit la vitesse à laquelle certains se mettent au travail ou plutôt essaient d'imaginer comment faire pour ne pas travailler, et ça prend du temps. Encore un paradoxe : d'un côté les rubans d'asphalte autoroutiers qui se déploient à toute allure autour de l'Inde permettant à encore plus de poids lourds surchargés de se vriller sur les bas-côtés, de l'autre les rues des villages laissées dans un état lamentable après des travaux d'adduction d'eau ou d'électricité. Mauvaise gestion des fonds municipaux, laisser-aller collectif, corruption, fatalisme des citoyens.
Les gens continuent de grimper dans le petit bus. La vitre du fond est ornée d'une gigantesque peinture de Shiva Nataraja (le Shiva dansant dont on voit partout les statuettes en bronze ou en laiton) et devant, un petit bonhomme assis sur le capot du moteur, le bonnet de laine enfoncé jusqu'aux yeux fume sa bidi (il est bien sûr interdit de fumer en Inde dans tous les lieux publics) et tourne à fond le bouton de la sono installée au-dessus de la tête du chauffeur. Hardi petit, c'est parti, klaxon dégressif interminable, très fort d'abord puis qui va déclinant PUNPUnpunpunpun et ça repart. Une sinusoïde sonore qui accompagne un chanteur qui semble arabe, le tout à fond la caisse. Les voyageurs sont rivés à leur téléphone, moi accrochée à mon siège qui est en train de se faire la malle par l'avant, les cahots qui me virent sur les voisins et réciproquement, les klaxons par derrière car le bus, qui s'arrête à la demande, stoppe bien entendu au beau milieu de la chaussée défonçée. Au bout de 25 minutes d'essoreuse à 800 tours/minute je reconnais "ma" rue ! Vite, je me lève, fais signe que je veux descendre, le bus stoppe et j'atterris, complètement abasourdie, en plein milieu d'une flaque.
Mais les alu parathas (crèpes à la pomme de terre) de la belle-fille sont bonnes, le yaourt est frais et doux, la télé à fond sur le match de cricket Pakistan-Australie.
That's India ! et j'aime ça !
1 commentaire:
et pour moi c'est reparti pour un tour c'est le cas de le dire ! Benares c'est de la folie et hyper pollue en plus. Malgre le nombre de rickshaws velos plus ecologiques, on passe a travers des nuees de pollution dans les grands axes de la ville a ne plus pouvoir parler a l'arrivee... ce qui fait qu'on prefere marcher et rentrer par le gange le long des escaliers.
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