Quand j'arrive de France, j'aime rester quelques jours à Delhi. C'est un peu plonger dans une ville en folie. La circulation, les gens, le quartier à touristes, les gares... tout est "trop" : trop de monde, trop de voitures, trop de pollution, trop de bousculades, trop de sollicitations et aussi parfois, trop d'arnaques, trop de pièges, trop de tentations...
Mais aussi trop gentil : hier matin je vais à la banque essayer ma nouvelle carte de retrait (indienne), le premier distributeur ne répond rien, en panne c'est sûr, le second me marque qu'il ne peut pas me donner la somme demandée, je ré-essaye avec une petite somme, même réponse, et le troisième m'affiche "désolé votre carte n'est plus valide". Désolée pour le moins, c'est moi qui le suis ! Je rentre à la banque, explique mon problème, un monsieur s'occupe de ma carte, tapote sur son ordinateur et me dit : ca y est, elle est débloquée, je vais essayer avec vous ! (oui, vous avez déja vu ça en France, vous ?). Il vient au distributeur avec moi, essaie, "désolé, votre carte n'est plus valide". Nous revenons à son bureau, reclapotis sur l'ordi, coup de fil pour réactiver la carte... ca y est, je vais essayer avec vous... on recommence, même réaction de la machine. Là, il a calé et il m'a dit 'je m'en occupe, attendez 24 heures, ça sera débloqué" Ganesh l'entende ! (c'est le dieu hindou à trompe d'éléphant qui lève les obstacles).
Ce matin un message sur l'ordinateur, indiquant que je pourrai me servir de ma carte dans ... trois jours ! Les obstacles devaient être conséquents...
Trop inattendu aussi : après la banque je file chez un ami en banlieue, une heure de métro (trop bondé) et une demi-heure de bus (trop secouée). Je déjeune avec les plus fameuses galettes aux pommes de terre que fait sa femme et il repart avec moi jusqu'à la station de métro. On monte dans un minibus privé, même parcours et même prix que le bus municipal mais il en passe très souvent. Minibus à 7 places et nous sommes 13. Ça roule. Au bout d'un moment le minibus s'arrête en plein milieu de la route, enfin, de l'infâme voie de terre cahotique, et le chauffeur descend, disparaît sous le minibus. On attend... On n'entend pas grand chose car le bruit alentour se charge d'occulter toute sensation auditive précise mais soudain se profile un bout de tuyau qui arrive du fond du minibus, ouvert, où étaient déjà accrochées trois personnes, puis le tuyau avance toujours, ça continue de pousser derrière et arrive... tout le pot d'échappement de A à Z, qui était tombé dans les pommes sous l'assaut des cahots et des sursauts nombreux de ce morceau de route. Et nous voici donc roulant dans un boucan d'enfer, pétaradant dans un embouteillage sans fin, avancant millimètre par millimètre pour ne pas se laisser grignoter le plus petit espace par tous ceux qui nous entourent et qui sont tous aussi pressés d'avancer. Comment arrive-t-on à se sortir d'un embouteillage monstre à Delhi (ou en Inde) ? C'est mieux que le mystère de la virginité de la Vierge, un miracle à chaque fois...
Et le tuyau, coincé contre la vitre, tenu par les épaules des voyageurs, qui s'époussettent délicatement avant de descendre au terminus.
Incredible India !
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