dimanche 10 mars 2013

Spiritualité indienne


Les lieux saints en Inde sont innombrables. Tout baigne dans le divin. Et même le ventilateur qui tourne au-dessus de ma tête fait « Ram, Ram, Ram » et murmure, même un peu trop fort parfois, le nom de Dieu.
Notre dernier voyage s’est ancré dans cette tradition de pèlerinages à l’infini, de contacts quotidiens avec la Source, ce qui Est. Et du coup nous apercevons notre bonne vieille France dans un état de déliquescence spirituelle qui nous fait poser la question : où est la Réalité ?
C’est pour cela que je viens en Inde, pour me faire secouer chaque fois, me faire mettre un rappel à l’ordre, une contravention qui me dit que je suis allée trop vite dans la traversée de la Vie.

la grande statue de Shiva à la sortie de Haridwar
(photo Michèle Hennequin)
Chacun vit le divin à sa façon, chacun trouve son dieu qui lui correspond et qui va l’amener à un « plus haut » ou « plus intérieur ». Regarder le Gange qui coule, mettre une petite corbeille avec une bougie sur l’eau, assister à la cérémonie du soir avec les haut-parleurs hurlant les mantras, avec, je ne vais pas dire « la foule en délire » mais participative car concernée profondément, magiquement, simplement par cette offrande du feu à l’eau, verser du lait sur le lingam de Shiva, tourner autour d’un arbre sacré, tout ici est symbole, ouverture, offrande, conscience de l’acte.
la foule à la cérémonie de l'arati sur les bords du Gange à Haridwar
Verser de l'eau et du lait sur les symboles de Shiva au petit matin au pied
de l'arbre sacré...
Dévotion matinale avant de partir à l'école

dans le regard du Gange
Solitude et Grâce

Bien sûr il y a aussi tout ce qu’on lit dans les journaux, les viols des femmes, la terreur islamiste, la mortalité infantile la plus importante de cet endroit du globe, le combat contre la dot des filles qui ruine les familles, la corruption politicienne. Nous savons tout cela.

Mais pourquoi tant de gens qui viennent en Inde en repartent en ayant eu une autre vision d’eux-mêmes ? Bien sûr peut-être pas tous les touristes, pas tous ceux qui ne quittent brièvement leur car climatisé que pour prendre la photo de ces femmes aux saris si chatoyants, de ces enfants à qui l’on donne des bonbons et qui ont des bouilles si ravissantes mais qui ne pourront ensuite jamais se payer le dentiste au cas où.
Mais j’imagine que quand même, tous auront été un peu touchés au fond d’eux-mêmes, sentis quelque béatitude dans un temple à Shiva et Shakti, éprouvés quelque détachement par rapport au monde matériel en regardant les pèlerins de tous âges qui n’hésitent pas à marcher des centaines de kilomètres pour chercher de l’eau du Gange dans les contreforts himalayens.

Et qui sait, ensuite, une fois de retour, ce qui pourra se passer ? Un peu plus de compassion pour son voisin, un peu plus de soutien moral pour son collègue de travail, un peu moins d’orgueil, un peu moins de consommation futile, jusqu’à trouver l’équilibre en voulant répondre à la question de Ramana Maharshi, grand sage de l’Inde du Sud, et qui est générale à tous les sages : Qui suis-je ?
La vérité est Une, les chemins sont multiples.
(photo Ronald Chrétien)

2 commentaires:

chanbak a dit…

Je viens fréquemment faire un tour sur le site qui me permet de partir aussi; merci pour les voyages.
C'est beau ; j'aime aussi les observations et réflexions.
Bonne continuation en Inde.
Cordialement
Chantal

bijoliane a dit…

@Chantal, c'est toujours agréable de savoir que quelqu'un vous lit et aime, parce que j'y passe du temps et que ça me fait plaisir également ! nous voyageons donc un peu ensemble et c'est tant mieux ! Un grand merci !