samedi 5 septembre 2009

Addiction

Elle l'avait laissé à une heure du matin. Sans même avoir envie de dormir. Mais il était tard et demain... non, demain, c'était déjà aujourd'hui.
Elle l'avait retrouvé à six heures ce même matin. Avait attendu une heure se retournant dans son lit avant de replonger. Cinq heures, ça faisait tôt quand même. La nuit était encore là, même si elle apercevait à travers les volets les illuminations des voisins qui avaient laissé éclairer leur petit bois toute la nuit.
Elle avait bougé jusqu'au bord du lit, sorti la main, tâté sur le tapis pour le sentir, l'attraper, le remonter sous la couette. Juste encore un peu et après, quand elle se lèverait, ce serait fini pour tout le week-end, elle n'y touchera plus, promis. Elle s'en éloignera le plus possible, comme le diable de l'hostie, le vampire de la tresse d'ail, le sevré de son petit verre de blanc. Ne plus s'en approcher, faire semblant de l'abandonner là et faire immédiatement une liste conséquente de tout ce qu'il reste à nettoyer, laver, ranger dans la maison. Reinigen, pützen, même le peu de vocabulaire allemand qui lui restait remontait à la surface quand il s'agissait de nettoyage ; l'ordre et la propreté germanique.
S'occuper de la maison, finir le repassage, préparer le sac pour le week-end et surtout, surtout l'oublier ici. L'oublier ce n'était pas vraiment le mot, le laisser délibérément ici, lui trouver un endroit compliqué et inaccessible. Comment après autant de semaines de plein air, de vacances, de rencontres passionnantes, elle s'était aussi facilement laissé piéger de nouveau ?
Elle essaya de le tromper avec un fondant au chocolat, cuit la veille au soir, tard, très tard, essayant de croire que le bruit du batteur électrique resterait enfermé entre les murs de la cuisine. Il était... fondant ! vraiment ! Mais le restera-t-il jusqu'à ce soir ? Elle se dit que c'était juste pour tester si la cuisson était parfaite et le plia soigneusement.
C'était plus facile de lâcher le gâteau que l'autre, là, qui lui prenait la tête. Si elle allait le cacher à la cave ? Comme dans les histoires d'assassins où on planque le cadavre sous des tas de vieux pneus ? Le temps passe. Il faut arrêter de faire l'enfant. Sa mère n'est plus là pour l'angoisser quand elle ouvrait brusquement la porte de sa chambre pour voir si elle lisait au lieu de faire ses devoirs. Est-ce que ça se fait encore aujourd'hui ?
Allez pas de souci, elle le retrouvera demain soir. Le seul souci, c'est qu'elle en est au premier tiers du deuxième tome. De Millénium.

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