Grasse matinée bienvenue, ce
n’est pas ce matin que je serai à 10 h devant les caisses du Salon de l’Auto de
Delhi. J’ai failli y aller hier mais j’ai préféré aller déguster mes petits
pois frais chez Shyam et la paratha au paneer (fromage) achetés au marché plutôt
que de faire partie des 80 mille visiteurs du dimanche du salon de l’auto. Les
organisateurs ont été dépassés par la foule et chez les grands concessionnaires
de voitures étrangères, tels que Volkswagen, Mercedes ou BMW comme j’ai pu le
lire dans le journal d’aujourd’hui, les représentants étaient affolés de voir
la foule se tomber dessus pour prendre les photos des derniers modèles
présentés. Et ils regrettaient de voir ces gens-là, l’énorme majorité bien sûr,
venir au salon car ils savaient bien que leurs clients potentiels ne se
trouvent pas dans cette foule. Le peuple a besoin de jeux et de pain, le salon
de l’auto est une fantastique mécanique à rêves, mieux qu’au cinéma où les
jeunes peuvent revenir voir un film cinq ou six fois juste pour admirer les
belles voitures. Là, elles sont devant eux et souvent avec une belle jeune
fille pour les présenter.
Je profite donc de la matinée
pour faire du courrier, file à la poste du quartier qu’il faut déjà savoir
repérer, heureusement il y a une grosse boite aux lettres rouge devant la
montée d’escaliers étroite et sombre et tout en haut, une petite cour et une
sorte de balcon avec quatre guichets qui donnent sur le spectacle de la rue en
dessous. Je demande à faire tamponner mes lettres, la femme derrière le guichet
les prend, appelle quelqu’un d’autre, les lui remet, et il les pose
négligemment sur un bureau désert. Misère ! Que va-t-il advenir de mes
missives, ornées de beaux timbres de collection ? J’attends un peu puis finis
par partir en me disant « fais confiance, fais confiance ! » ce
qui est mon anti-credo indien. Surtout ne jamais faire confiance ! (Note après-coup : mais j'ai eu raison, tout le courrier est arrivé !)
Un petit creux à l’estomac et je
m’achète une naan brûlante bien beurrée qui fait le chemin jusqu’à l’entrée du
métro. Je m’arrête même pour finir de manger tranquillement au soleil enfin
retrouvé, à côté d’un rickshaw vélo qui fait la sieste la tête posée sur son
siège client.
Un jeton pour Pragati Maidan, je
vais au salon de l’auto ! Les billets d’entrée sont en vente à la station
de métro. Normalement. Et maintenant c’est porte 7 ? Mais nous sommes à la
12… ! Cela fait une sacrée trotte ! Bon, je prends ça du bon côté, il
s’agit de faire apprécier aux futurs acheteurs et à tous les autres, les
bienfaits de la marche à pied. Arrivée porte 7 les billets ne sont délivrés
qu’à la porte 1. Non mais qu’est-ce que c’est que ce foutoir ? Bien sûr je
ne savais pas la panique de la veille mais quand même… Je continue encore un
bon kilomètre coincée dans la foule qui fait comme moi, marchant entre deux
rangées de barrières. Voilà la porte 1. Des tas de guichets, des queues partout
mais rien ne bouge. J’avance tout près pour voir et… personne derrière les
guichets. On ne vend plus de billets. Et voilà, sans rien dire, personne ne sait
rien, tout le monde attend. Les moutons de l’Inde sont là et restent en tas.
Personne ne manifeste, fatalisme indien. Je comprends vite qu’il n’y aura plus
de vente de billets pour aujourd’hui et décide d’aller faire un tour dans le
quartier pour me débarrasser d’une certaine agressivité qui commence à
monter ! Je supporte difficilement que les gens soient pris pour des
imbéciles, ne soient pas tenus au courant, qu’on les oblige à faire des km pour
rien. Il aurait été facile d’annoncer à la station de métro qu’il n’y avait
plus de ventes de billets pour aujourd’hui.
Mais il paraît que nous aussi en
France on agit mal avec les touristes et on ne les considère pas comme des
« dieux », ce qui est le cas en Inde dans les familles, dans les
villages (plus dans les villes, encore moins dans les administrations). Mais
j’ai souvent vécu le « guest is god » « l’invité est dieu »
jusqu’à maintenant, ce ne sont pas que des mots.
Je décide de reprendre le métro
une station plus loin pour éviter les queues, et pour acheter le jeton. Si on
n’a pas d’abonnement, il faut acheter son jeton chaque fois pour le trajet
désiré, le jeton est magnétisé pour la somme correspondant à la station et pour
sortir il convient de jeter le jeton dans une fente qui fait ouvrir les panneaux.
Station de métro à Delhi |
les escalators d'une station de métro |
De novembre à janvier les records
d’affluence ont été battus dans le métro de Delhi à cause du froid. Ces
derniers jours les queues étaient même jusque sur les trottoirs pour prendre le
métro dans les stations « cruciales » comme Rajiv Chowk (le Châtelet
indien) ou Kashmiri Gate (Montparnasse ?). Les gens ne veulent plus se
geler à prendre les auto-rickshaws ouverts à tous les vents et préfère la
chaleur du métro. Les conducteurs d’ « autos » sont désespérés
de voir leur chiffre d’affaires fondre comme du beurre sur une chapati chaude à
cause de la bise qui gèlent leurs clients. Surtout que la majorité d’entre eux
sont loin d’être les propriétaires des véhicules et doivent les louer 300
roupies par jour. Ce qui veut dire que les six premières courses à 50 roupies
sont pour la location et qu’il faut penser à mettre du gaz pour que ça marche.
Mais il faut bien avouer que le métro, une fois qu’on est dedans, c’est bien,
ça va vite, pas d’embouteillages, pas de pots d’échappement dans le nez, pas de
klaxons hurlants dans les oreilles. Et le premier wagon de chaque rame est
maintenant toujours réservé pour les femmes, et ça, ici c’est génial ! On
est tranquille, à l’aise, sans crainte des « eve-teasers » qui sont
une catastrophe des transports collectifs. On envisage même de mettre des
circuits vidéo dans les bus pour piéger les pince-fesses et autres
indélicatesses faites aux femmes. La semaine dernière il y en a un qui a reçu
mon poing sur la gorge malheureusement il avait un gros anorak et ça a juste
fait « poooof » ! Il devient urgent de reprendre mon
entraînement de kung-fu ! Surtout qu’hier j’ai revu à la télé indienne un
vieux film chinois de kung-fu, « la 36e chambre » et je me
suis régalée en plus de me remonter le moral (quoi qu'il arrive être tenace et confiant).
A la sortie de ma station d’arrivée,
j’arrive à l’heure pour l’arati (cérémonie de l’offrande du feu) à la
Ramakrishna Mission, ça va me faire du bien de me poser un peu, écouter les
mantras, quelques bajans à la gloire de Ramakrishna et pousser un petit
roupillon de récupération. Je deviens spécialiste.
Après le réconfort spirituel
nécessaire au salut de mon âme un peu embarrassée par toute cette agressivité
accumulée cet après-midi, le réconfort de l’estomac avec une bonne purée aux
champignons et une boisson chaude au gingembre et au citron. Les épices, je
n’en peux plus ! mon estomac se contracte de douleur maintenant rien qu’à
l’idée du mot ! et dire que je vais aller un mois dans le Sud où tout est
largement plus épicé qu’ici. Ce sera riz blanc et légumes vapeur si possible !
Je n’ai pas récupéré mon retard
des voyages précédents…. Je vous signalerai au fur et à mesure si j’arrive à
compléter des journées, surtout celle où nous avons visité La Martinière à
Calcutta. Ecrire, ça prend du temps ! de même trier les photos, les réduire,
les télécharger sur le blog…
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