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tous les domaines sont classés, répertoriés afin de faciliter le planning annuel de la
cueillette |
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A l'arrivée dans le domaine, des dizaines de cueilleuses qui s'activent,
telles des fourmis |
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Je suis dans une région appelée
« South Banks of Brahmapoutra », les rives sud du Brahmapoutre. C’est
une région au climat plutôt tempéré sauf en mai juin où la température monte
jusqu’à 40°C mais la singularité est que la pluie est présente quasiment toute
l’année. Il pleut en ce moment énormément la nuit, avec des orages, du tonnerre
et une pluie forte et dense, alors que la journée voit plutôt passer de petites
averses avec parfois juste le temps d’aller chercher son parapluie. Le soleil,
le ciel couvert, l’averse, alternent sans qu’on sache vraiment dans quel ordre
cela va arriver ! La mousson se manifeste en juillet août et il faut voir
la profondeur des drains le long des domaines de thé pour comprendre qu’il doit
pleuvoir intensément.
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Accrochés aux arbres, les parapluies ne sont pas loin en cas
d'averse inopinée ! |
Les « jardins » de thé
ont une durée de vie moyenne de quarante ans et si le jardin donne bien avec
une bonne qualité, cela peut aller jusqu’à soixante ans. Ensuite les pieds sont
arrachés et la terre est mise en jachère avec des plantations d’herbes appelées
« Guatelama grass » et qui sont des plantes qui réhabilitent le sol
pendant deux ans. Ensuite on peut replanter des plants de théiers. Il y en a
cinq catégories qui ont des propriétés différentes, résistance aux maladies,
présence en tanins, etc et qui sont mixés au niveau des plantations. Pendant
trois ans ces plants sont taillés à des hauteurs déterminées au cm près et on
veille à ce que les rejets du centre ne soient pas prioritaires afin d’élargir
le plus possible le bosquet. Le travail de la taille s’effectue pendant les
mois d’hiver de janvier à mars en dehors de la saison de ramassage des
feuilles. Les hommes viennent tailler très tôt le matin à partir de 4 h 30 car
avec l’humidité de la nuit le bois est plus souple et le travail va plus vite.
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comme pour la taille de la vigne, la taille du théier requiert compétence
et professionnalisme |
Pendant ces trois mois on
s’occupe également du nettoyage des tranchées et des drains, on fait le
nettoyage des buissons, on installe le compost dans les allées avec les
branches coupées en petits morceaux pour éviter de laisser pousser l’herbe.
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l'attaque des chenilles ! |
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l'araignée rouge, quasiment invisible à l'oeil nu mais qui fait des ravages |
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l'helopeltis est passé par là |
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un autre type d'insecte, le thrivs, qui abime la feuille |
On s’occupe quasi quotidiennement
de la santé des bosquets, on surveille très attentivement si les feuilles
prennent de la maladie avec trois insectes principaux : helopeltis (sorte
de moustique qui suce le jus de la feuille), red spidder (araignée rouge),
looper (sorte de chenille qui dévore la feuille). On plante alors un petit
piquet à l’endroit du bosquet atteint, avec un petit papier, blanc, bleu ou jaune en
fonction de la maladie et on viendra mettre de l’insecticide.
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les petits drapeaux indiquant les zones à traiter en fonction des maladies |
Les feuilles à
cet endroit devront attendre une semaine avant d’être ramassées afin d’obtenir
l’homologation pour l’exportation. Si les feuilles sont ramassées avant, elles
seront mises à part et réservées pour le marché national ! Donc, n’achetez
jamais votre thé indien en Inde sauf s’il est certifié biologique ! Ou
alors il faut demander la qualité « export » qu’on ne trouve que
rarement.
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le long des routes, ces grosses touffes d'herbes odorantes qui repoussent les
insectes. On voit également bien le drainage le long du chemin. |
Le long des domaines on peut
observer des touffes d’herbe qui sentent la citronnelle et qui sont là pour
éviter aux insectes de pénétrer dans les bosquets de thé.
Ce domaine doit répondre à
certaines normes de qualité très strictes pour obtenir les meilleurs labels et
en ce moment afin d’améliorer encore le niveau de qualification, le fils de mon
amie met en place des normes de sécurité pour les travailleurs au niveau de
l’épandage des insecticides avec obligation de passer dans un «sas» où on
laisse ses propres vêtements, on passe une combinaison spéciale, puis gants et
masque, avant de récupérer son arrosoir d’insecticides, lavé après chaque
utilisation.
La même chose au retour avec douche avant de reprendre ses
vêtements. Les travailleurs ne sont pas contents car cela leur prend du temps
en plus et l’argument est que « mon grand-père, mon père faisait déjà
comme ça » ! Toute une éducation qui doit se faire au niveau de la
prévention pour une meilleure santé de la personne et de son environnement. La
même chose pour le travail avec les engrais, avoir des grosses chaussures et
des gants alors qu’ils travaillent en tongues avec les mains nues. Les engrais
sont composés de potasse, de dolomite (calcium) et d’autres ingrédients en
fonction des analyses du terrain, afin de l’équilibrer.
La cueillette de mars à mai est
ce qu’on appelle le premier flush. A partir de mai, c’est le deuxième flush,
qui donne le meilleur thé. Après de patientes recherches, on a trouvé que pour
du bon thé il faut ramasser ce « flush » : le bouton et les deux
premières feuilles, car ce sont les plus riches en tanin (30 % pour le bouton
c’est à dire la feuille non déployée). Toutes les semaines et à un jour donné,
chaque partie du domaine est ramassée avec uniquement ce bouton et les deux
premières feuilles. Il faut 3 à 4 semaines pour former cet ensemble. Il faut
donc bien faire attention à la cueillette de ne prendre que ce qui est valable.
Durant la saison humide la teneur
en tanin est moindre. De même s’il y a trop d’ombre. Les arbres plantés dans
les jardins donnent de l’ombre légère, suffisamment pour que les buissons ne
soient pas brûlés par le soleil et pour que les cueilleuses puissent profiter
un peu de l’ombre au cours de leur cueillette.
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en pleine cueillette |
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L’ensemble du domaine est découpé en parties inégales en
fonction des dates de replantation. Le manager, aidé de trois aides ici savent
exactement quelle partie doit être ramassée, si les feuilles sont denses ou pas
et le nombre moyen de kilos à ramasser est fixé en fonction. Ce matin nous
étions dans une nouvelle partie avec de jeunes pousses pas très denses et le
minimum requis était de 17 kg pour la journée, alors que pour les buissons plus
vieux et plus denses, c’est 24 kg. Ce sont des cueilleuses très majoritairement
car elles sont plus patientes et plus soigneuses que les hommes pour ramasser
les feuilles. En moyenne sur une année, une femme ramasse dix kilos de feuilles
de plus qu’un homme par jour. Dans chaque partie du domaine des sortes de
« lieutenants » sont là pour surveiller le travail, indiquer les
zones, veiller au bon déroulement de la cueillette. Ce matin, trois jeunes
filles ont été renvoyées car visiblement elles ne travaillaient pas trop… et on
ne leur comptera qu’une demi-journée de travail.
Si on est malade, il faut aller
au dispensaire du domaine et se faire faire un certificat qui permettra de
percevoir son salaire minimum, dans une limite de quatorze jours par an.
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deux femmes qui se rendent au dispensaire ce matin |
Voici donc mes nouvelles
observations, acquisitions de connaissance sur le thé jusqu’à aujourd’hui, au
moins pour le plus important !