samedi 17 décembre 2011

Pushkar aux champs

petite ferme familiale et tranquille dans les environs de Pushkar
Pushkar, jolie petite ville où la population a doublé en vingt ans. De village tranquille où les Hindous venaient en pèlerinage pour la pleine lune d’octobre novembre et où les bergers, nomades, éleveurs de chameaux et de petits chevaux venaient vendre leurs bêtes, Pushkar est passé à une ville où les agences de tourisme s’arrachent les lits disponibles à prix d’or pour la fameuse foire aux chameaux. Certaines ont maintenant leur propre camp de tentes de luxe pour leur clientèle qui vient se frotter aux gypsies et aux pickpockets patentés. Et, troupeaux parmi les troupeaux, les touristes s’offrent une promenade en charrette à dromadaire caparaçonné de pendeloques diverses pour observer les tractations au marché des tissus, applaudir aux nombreux concours proposés pour distraire les foules et s’endormir heureux au son des mantras tonitruants des bords du lac.
Vision de rêve de Pushkar et de son lac sacré
 Et puis il y a encore comme acteurs cachés de cet élan touristico-économique, les dix mille tailleurs qui s’acharnent sur leur machine à coudre, dans les étages, dans leur maison, les ateliers à la campagne, entre janvier et mars pour la collection d’été et septembre et novembre pour les fêtes de fin d’année. Des centaines de stylistes, couturiers et couturières, boutiquiers, modélistes, commanditaires viennent avec leurs croquis de mode pour faire reproduire leurs modèles pour pas cher –mais mieux qu’en Chine.
Ensuite il y a les paysans qui sont autour de Pushkar et qui proposent quelques chambres dans leur maison de famille, lait frais garanti au petit déjeuner, légumes du jardin, et qui offrent aux jeunes en manque de nature et de tranquillité un havre familial avec « chai » (thé au lait aux épices) au moins trois fois par jour !
Les familles qui nous accueillent ce matin au cours de notre promenade découverte de la campagne cultivée de Pushkar sont d’une gentillesse ineffable et d’un accueil sans détour. Ils nous racontent leur vie, leur famille « élargie », les parents, frères, sœurs, vingt-cinq personnes pour la deuxième ferme visitée qui travaillent aux champs, une des belles-filles qui épluche ce matin les légumes et la grand-mère qui retourne patiemment sur son feu de petit bois la chapati au millet et qui nous sera destinée.
la souplesse de la grand-mère... qui prépare les chapatis au millet
Tous ont leur propre puits, creusé à environ une quarantaine de mètres, mais tous se plaignent du manque d’eau. L’un nous raconte en 1975 l’immense tempête et inondation qui avait submergé tous leurs terrains et leur maison inhabitable pendant trois ans !
le canal, récolteur des eaux pour les verser dans le lac.
le nouveau pont, tout éclairé la nuit...
Un large canal de réception des eaux de pluie court le long de la montagne sur 16 km pour éviter les déperditions dans les terrains sableux des alentours et maintenant presque 90 %  des eaux de pluie sont récupérées afin d’alimenter le lac. Celui-ci a été creusé de 3 à 5 mètres pour un bon nettoyage lors de ces dernières années où il était à sec. Un pont tout neuf apparaît également dans le paysage. De bonnes améliorations «  écologiques ».
En règle générale ils font deux ou trois récoltes par an. Ils ont récolté le millet, les lentilles, maintenant poussent le blé, les aubergines, les épinards, l'herbe pour les animaux, l'ail (ingrédient indispensable dans la cuisine indienne !), les pommes de terre et les gros radis blancs.
La campagne et les cultures autour de Pushkar qu'on devine en arrière-plan
Nous traversons des champs de roses, les fameuses « roses de Pushkar » tellement odorantes, qui sont transformées ici en sirop de rose, confiture de rose, eau de rose, huile essentielle de rose, encens à la rose… De jeunes garçons courent nous en cueillir une poignée dans leur propriété et nous les offre, mais visiblement nous disent bien qu’ils les vendent 10 roupies pièce sur le marché et que c’est même 50 en ville plus loin.  Y a-t-il jamais un acte désintéressé en Inde ?

le temple rouge à Gayatri. En haut, sur la colline le temple de Savitri
où nous étions hier
Notre déambulation pastorale se poursuit jusqu’à un grand temple rouge que nous avons aperçu la veille du haut de la colline de Savitri et qui nous avait intrigué par sa couleur rutilante. Le brahmane gardien du temple dédié à Gayatri, nous accueille avec un air doux et bienveillant et nous partageons un petit moment méditatif.
les délicieux gâteaux à la cannelle, au chocolat ou à la noix de coco...
Retour par les chemins parfois défoncés, visiblement les canalisations d’eau sont en train d’être mises en place et nous débarquons, invités gentiment par la boulangère (indienne) et son mari dans leur petite cour de la « german backery » qui font de délicieux gâteaux au chocolat, à la noix de coco et à la cannelle. Chaque fois que je passe à Pushkar je viens me régaler avec le groupe et le monsieur nous prépare une bonne boisson chaude ayurvédique pour digérer nos excès délicieux.
Puis du temps pour faire les courses, des photos, profiter de la douce luminosité du soleil couchant au bord du lac ou se ranger des motos qui filent à toute allure dans la rue principale et sans ménagement pour nos oreilles.
petit temple à Shiva au bord du lac


et un autre à Brahma...

Au début du village, un homme hors du commun qui se fait appeler Kikasso par dérision, mais qui est devenu célèbre quand même, au moins dans sa rue et propose ses dessins, peintures sur vieux papiers couverts de caractères hindis ou sur acrylique. Il aime surtout discuter avec les gens !Ce  Sikh de 65 ans peint depuis 1970 après avoir quitté son travail à la banque pour exercer son art comme il en avait envie. Il raconte qu'il peint ce qu'il voit en méditation.
C'est toujours un bon moment que de discuter avec lui, sur ce qu'il fait, ce qu'il a envie de faire, et il se maintient en forme au fil des années. Chaque fois je trouve de quoi lui acheter quelques images, un Ganesh stylisé, un Bouddha qui lève les yeux au ciel d'un air étonné, un Shiva qui semble énervé...

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