mardi 15 novembre 2011

Les mines, menaces pour les peuples tribaux


Mardi 15 novembre 2011
 Hazaribagh – visite de la mine de Tapin
Les mines de charbon sont très nombreuses dans cet état, une soixantaine, toutes à ciel ouvert car les couches sont proches de la surface et à l’horizontale.
Le charbon est emmené à travers toute l’Inde vers les centrales thermiques qui sont les principales fournisseurs d’électricité. L’Inde possède deux centrales nucléaires et une troisième est en construction vers Bombay.
On trouve différentes sortes de minerai : charbon, bauxite, mica, uranium ; celle que l’on va visiter à Pérap Tapin est une mine de charbon à ciel ouvert appartenant au gouvernement indien. Nous pouvons pénétrer sans problème alors que normalement, nous devrions avoir un permis mais la loi n’est guère respectée ! Cela nous permet d'appréhender plus facilement ces questions des mines qui font la richesse de l'état mais la misère des peuples tribaux qui habitent là. Car ils ont dû être expropriés de leurs terres...
la mine s'étend ici sur 250 hectares qui étaient auparavant des forêts et des champs
Dès l’arrivée, nous constatons l’étendue du désastre : un immense bassin devenu plan d’eau après l’exploitation et autour, des engins qui s’affairent à creuser, à vider dans des camions qui font des allers et retours (avant notre arrivée, nous en avions vu un nombre important, alignés, en attente de chargement à destination des centrales thermiques et des aciéries. Tout est noir.
les excavations précédentes qui forment un lac, n'ont pas été remblayées
Sur un tas, quelques femmes en saris colorés peinent en remplissant des corbeilles ; quelques jeunes filles arrivent aussi, les pieds seulement chaussés de tongs ; pas de chaussures de sécurité pour ces femmes. De toute façon, qui peut bien s'occuper de sécurité quand il faut d'abord pouvoir manger à sa faim ? Près de ce passage noir de boue ou de poussière, un petit carré d’or, du riz prêt à être récolté, essaie de survivre mais pour combien de temps ?
Très proches en arrière-plan, les petites baraques des paysans repoussées de leurs terres à mesure que les camions se remplissent ; là encore, illégalité : les explosifs (l’après midi, 3 à 4 fois par semaine) ne devraient pas se faire à moins de 2 km des habitations (visiblement beaucoup plus proches). Cette mine est exploitée depuis 1992 ; et elle en a encore pour 20 ans, peut-être plus en fonction des filons trouvés au fur et à mesure de l'exploitation. 
les gravats de l'extraction sont là au bord du champ... et bientôt ? plus de champ ?
 Cela signifie que la femme qui aujourd’hui ramasse le riz à quelques dizaines de mètres de nous dans sa jolie rizière, sera probablement déportée ailleurs et sans moyen de subsistance.
Le gouvernement a sorti une loi comme quoi, les tribus spoliées de leurs terres ont le droit de demander un loyer à ces sociétés pour subsister ; le problème, c’est qu’elles ne sont pas assez puissantes pour se défendre ; on leur a promis aussi que les mines seraient remblayées en terre mais ce ne sont que des paroles pour l'instant. Le chef de chantier nous a certifié qu'en tant que mine gouvernementale, elle serait remblayée avec la terre qui a été sortie, mais cela demande du temps ; on veut bien le croire.

Quelques chiffres pour cette mine :
  • 253 hectares de superficie
  • 3000 tonnes de charbon sont extraites chaque jour en ce moment, deux millions et demi de tonnes par an,
  • 565 ouvriers qui font les 3 x 8 heures et travaillent la nuit à la lueur des phares, ils habitent sur place dans des logements construits par la mine,
  • 30 cadres et 145 superviseurs, les autres étant les mineurs et chauffeurs des véhicules. 
Un autre aspect qui découle de ces mines nous a beaucoup touchés : vers les parties de mines en fin d’exploitation, les gens ont le droit de ramasser les résidus. Plusieurs kilomètres avant d’arriver, au bord de la route poussiéreuse et pleine de dangers dus à la circulation, des hommes avançaient à pieds en poussant leurs vélos chargés de part et d’autre de sacs énormes de charbon. (on a eu le chiffre de plus de 500 kg par vélo) qu’ils allaient vendre à la ville distante d’environ 70 km, des hommes en tongs, maigres, le visage noir, luisant de sueur, harassés, ployés en avant sur leur engin dans les côtes pour pouvoir avancer ; des allers et venues jour après jour de la mine à la ville , une vie de forçats. 
Quel avenir pour ces tribus dont les moyens de subsistance sont de plus en plus réduits et qui sont oubliées par le gouvernement, incapable de faire appliquer les lois, car miné par la corruption – les associations doivent avoir une foi chevillée au corps pour ne pas être découragées
 

Grand remerciement à Alain et Marie pour leur compte-rendu !
(avec quelques ajouts personnels)

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